Marvin le magicien marche à la baguette jeudi 15 novembre 2012

Au fil de l'Isle Chaque semaine retrouvez sur Périblog les chroniques ou d'autres textes rédigés par Alain Bernard

Les arbres de Noël — y compris à la CRS 22 — vont le ramener sur le devant de la scène avec ses chapeaux ronds, ses gilets bariolés et ses blanches colombes. Mais la magie elle aussi évolue, et c'est dans le « close-up » — la magie rapprochée — qu'il dévoile de plus en plus ses talents.

Tour de passe-passe avec le magicien Marvin dans une des salles du Café de la Place 03 novembre 2012 © William Lesourd

À Périgueux, après la Taverne de maître Kanter et La Boucherie le mois passé pour Halloween, il est attendu ce 1er décembre au Café de la Place pour, de table en table, pratiquer ce qu'il appelle

«  de grandes illusions de près avec du petit matériel  »

. Ces numéros semblent de plus en plus séduire les adultes.

Périblog (Alain Bernard) - Ancien fonctionnaire de l'Équipement sous son vrai nom de Michel Sanchez, devenu magicien sous le pseudo de Marvin, vous avez assez de recul pour juger de cette évolution… ?

Marvin -

Elle constitue, à mes yeux, une preuve de vitalité de la magie. Au congrès quadriennal de la Fédération internationale des sociétés magiques, cette année à Blackpool en Angleterre — avant Rimini en 2016 — , sur 2  500 participants, un Français, Yann Frish a remporté le 1er prix mondial de close-up, à côté des grands prix de manipulation raflés par des Coréens. Le close-up est donc devenu une pratique reconnue à part entière.

Périblog (A. B.) - En tout cas, on a l'impression que la magie en général reste un univers multiforme…

Marvin -

La meilleure preuve effectivement  : le mois dernier, à Aix-en-Provence en congrès, sur un millier de magiciens, le deuxième prix de la Fédération française des artistes prestidigitateurs est revenu à Gwanaelle qui a conclu sa prestation poétique en

«  papillon et ailes déployées argentées  »

  !

Périblog (A. B.) - En plus des goûts du public, la magie n'évolue-t-elle pas elle-même de l'intérieur  ?

Marvin -

Disons qu'elle offre un panache particulier, sous des aspects très variés, qu'il s'agisse de la magie de scène pour spectacles de fêtes ou bien de celle, intime, pour réunions de famille et mariages. Elle garde une discipline traditionnelle, à telle enseigne qu'on rit d'un clown laissant choir une balle, mais qu'on pleure d'un magicien ratant un coup.

C'est également un monde qui se rajeunit et se féminise  : on compte de plus en plus de magiciennes, mais la grande majorité d'entre elles n'éprouvent pas le besoin d'avoir, à leurs côtés, d'assistant. Elles enrichissent de leur féminité l'éventail des personnages qui illustrent la magie, elle-même liée au mime, au théâtre, à l'acrobatie et au jonglage, avec tous les jeux qui découlent de mille et une postures, histoires ou habits de lumière.

Périblog (A. B.) - Comment êtes-vous vous-même devenu adepte de la magie  ?

Marvin -

Ingénieur de l’Équipement, j'ai été dans les années 70 chargé d'enseigner à l'École nationale de techniciens de cette administration à Aix-en-Provence. C'est grâce à cette expérience que j'ai pu confronter le public sur scène. J'ai aussi été subjugué par les capacités de brassage des générations et des milieux que favorise la magie. Même si certains aimeraient, en dévoilant des tours, la démystifier, elle reste une formidable école du rêve et de l'émerveillement.

Périblog (A. B.) - Vous avez connu Xavier Millescamps, alias Mortimer, à ses débuts périgourdins ?

Marvin -

C'est un de mes meilleurs souvenirs. J'ai fait sa connaissance alors qu'il était élève au lycée agricole de Coulounieix-Chamiers. Il montrait la plus grande curiosité à l'égard de la magie. ll était avide d'échanges, de conseils, d'acquisition de connaissances lors de conférences et débats.

Il est souvent venu chez moi, comme un jeune ami sympathique, pour pratiquer les cartes. Il était passionné par leur maniement, mais on sentait bien qu'il avait envie d'aller bien au-delà. Il en avait les capacités.

Sa rencontre avec son personnage de l'Ombre-Orcheste qu'il avait créé avec un véritable génie, a décidé de sa carrière. C'est au théâtre de la Poivrière à Saint-Astier qu'il a donné ses premières représentations.

Aujourd'hui, il a 27 ans et va bientôt rejoindre le fameux Cirque du Soleil à Las Vegas et devenir  l'un des principaux acteurs d'un spectacle diffusé à travers le monde, que rêver de mieux  ? Saint-Astier → Las Vegas, quel chemin parcouru !

Périblog (A. B.) - Comment êtes-vous organisés en région  ?

Marvin -

Notre Cercle magique d'Aquitaine se réunit à Bordeaux chaque premier vendredi du mois. Parmi notre cinquantaine d'adhérents, nous sommes fiers de plusieurs champions internationaux. Le cercle a aussi aidé l'organisation, avec le Rotary, de galas annuels à Périgueux, hélas menacés. Il appartient, au plan national, à la Fédération française des artistes prestidigitateurs, qui aligne près de mille adhérents à chaque congrès.

Périblog (A. B.) - C'est bien beau les tours de cartes et les pigeons dans un haut-de-forme, si je vous demande de me faire apparaître à la seconde une truffe d'un kilo, que faites-vous  ?

Marvin -

(qui s'exclaffe). Ben là alors, je ne suis ni Harry Potter, ni David Copperfield. Il faut aviser  !

Propos recueillis par Alain Bernard

Marvin et ses pigeons sur scène © Droits réservés

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