Prison de Périgueux, la peinture par-dessus les murs mercredi 7 novembre 2012

Au fil de l'Isle Chaque semaine retrouvez sur Périblog les chroniques ou d'autres textes rédigés par Alain Bernard

Bruno, Yves, Édouard et Yannick, membres de l'atelier de peinture-poterie-couleurs d'Anne Bouvet à la maison d'arrêt — il compte huit détenus —, ne perdent pas une miette des propos dis d'une voix mélodieuse de Kika Bukowski, l'artiste venue à leur rencontre mardi dernier place Beleyme.

Avec d'autres prisonniers sur la base du volontariat, ils sont venus dialoguer avec cette slave blonde, spécialiste de monochromes et de toiles très minérales, de techniques picturales et d'inspiration. L'un d'eux pose une question : il a vu une peinture de même inspiration à Fontainebleau…

Tout à côté, une demi-douzaine de grands panneaux — dont un quelque peu malmené — peints par Kika ornent la rotonde de la prison. C'est le centre de gravitation de l'établissement, avec ses murs décorés de fresques historiques aux couleurs vives — la salle de réunions l'est, elle, des portraits de chefs de cuisine célèbres, de Robuchon à Marx, de Troisgros à Bocuse, en passant par Escoffier.

Dans la salle de réunion de la prison avec Kika Bukowski, Alain Gass et Juliette Duretête 06 novembre 2012 © Alain Bernard

Kika explique sa recherche permanente, du pastel à l'acrylique. Les prisonniers motivés sont très attentifs, certains opinent du chef. Le directeur de la prison, Alain Gass, intervient pour souhaiter que l'art

« puisse leur servir de déclic, pour un redémarrage. »

Petits gâteaux

Après musique, mime et BD, c'est la première fois qu'une artiste vient ainsi bénévolement parler d'elle-même. Originaire de Pologne, installée à Vaunac après un vaste tour du monde, elle aime partager sa passion. Il faut, pour s'en convaincre, la voir, entourée de détenus, leur commentant avec fougue son album de photos d'expos.

C'est à l'heure de la collation avec petits gâteaux, sodas et bonbons. Cette récréation culturelle de derrière les barreaux permet de voir revivre un semblant de vie sociale qu'on saisit bizarrement par bribes :

« Tiens, t'es de nouveau là, toi ? »

, ou bien

« Ouais, c'est tel procédurier qui m'a fait revenir… »

Cheveux ras pour la plupart, en survêtement ou simple tricot, les détenus renouent avec la vie en groupe. Au nombre de plus d'une centaine place Beleyme et y restant en moyenne quatre mois et demi, ils peuvent participer à des ateliers afin de rompre l'isolement.

Quatre à cinq ateliers

Responsable de l'animation auprès de la Direction de l'administration pénitentiaire, de l'insertion et de la probation de la Dordogne que dirige Thierry Broquelaire, une jeune femme, Juliette Duretête, joue là un rôle de chef d'orchestre.

Elle explique :

« Dans cette maison d'arrêt, nous proposons, outre celui d'arts plastiques, des ateliers de musique et de lecture en liaison avec la Bibliothèque départementale de prêt. Un autre atelier spectacles fonctionne également pour les fêtes de fin d'année. »

Ajoutons que des ateliers peuvent aussi naître à la demande, comme celui de réparation de jouets de Noël pour enfants défavorisés qui, avec le journal Sud Ouest, vit le jour il y a 15-20 ans et se développa sur plusieurs bouts de l'an.

Pour Alain Gass, la vocation du milieu pénitentiaire est aussi la réinsertion,

« mais dans ce monde très cadré, que le moindre grain de sable peut déstabiliser, l'organisation d'activités socioculturelles n'est pas forcément très simple… »

Auteur : Alain Bernard

Voir le lien vers l'article d'Adrien Vergnolle sur le site du journal Sud-Ouest →

Kika Bukowski en compagnie de quelques détenus 06 novembre 2012 © Alain Bernard

Œuvres de Kika Bukowski le long des murs de la maison d'arrêt de Périgueux 06 novembre 2012 © Alain Bernard

Kika commente son album de photos d'expos avecdétenus 06 novembre 2012 © Alain Bernard

La Rotonde avec ses murs décorés de fresques historiques

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