Quand la politique se fait démocratie vendredi 15 juin 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu aussi impartial que possible, rédigé par le journaliste Pascal Serre

Le débat public attendu entre Pascal Deguilhem et Philippe Cornet a tourné en tsunami entre militants. Un défouloir auquel les candidats ont difficilement résisté. Faute d’avoir été éclairé par les propos des protagonistes les citoyens ont envahi l’agora.

Le débat public organisé par les médias locaux et mettant face à face Pascal Deguilhem et Philippe Cornet a remis le peuple au centre de la vie politique. Pas moins de 300 personnes, le plus souvent des militants avait très tôt envahi la salle du Lux.

Dès l’entrée, quelques propos aigre-doux avaient déjà été échangés. On était venu pour soutenir son candidat et les échauffourées du temps passé ressurgissaient. Si spectacle il devait y avoir, il serait aussi dans cette assistance avide de démocratie participative.



14/06/2010 © Pascal Serre

Moins d’une heure était accordée à cette joute où les chevaliers du fiel allaient se voir progressivement disputer puis retirer les premières places. Le politiquement correct serait oublié et les orateurs contrariés au delà du raisonnable pour celui qui était venu entendre des programmes électoraux formatés ou inaudibles.


14/06/2010 © Pascal Serre

Malgré tous les efforts des animateurs, les candidats distillaient le plus savamment possible les notes préparées. Rapidement, les piques de l’un, les répliques de l’autre attisaient les flammèches d’un public décidé à participer à cette agora politique enfin retrouvée.

Sur le fond, on est resté sur des généralités et il ne pouvait en être différemment. Les sujets furent traités superficiellement et aucun des challengers n’a pu véritablement développer des projets clairs, précis, chiffrés.


14/06/2010 © Pascal Serre

C’était aussi oublier le rôle du député. Le député représente la Nation et doit donc parler au nom de l'intérêt général. Son travail s'exerce à l'Assemblée nationale et dans sa circonscription. Localement, il est tenu d'être à l'écoute de ses concitoyens pour, ensuite, critiquer et faire progresser la législation à l'Assemblée. Il ne faut pas le confondre avec un élu local lequel, exerce un mandat sur des compétences de territoire plus proches du quotidien des citoyens.


14/06/2010 © Pascal Serre

Pascal Deguilhem n’a pas démérité dans son rôle de militant hollandiste sur lequel il place sa campagne. Philippe Cornet, mordant, conservant un humour distant, se voyait souvent contraint de demander à la salle de se taire.

L’exercice, au fil des minutes, s’éloignait des notes et les personnalités dévoilaient une pugnacité que la salle entretenait avec une certaine euphorie.

En fait, ce débat, par ses incorrections, a rapproché le peuple de ses élites. Un peuple forcément désordonné et bruyant, donc incorrect. Les partis, et les candidats n’avaient plus le monopole des idées, du débat. De témoin, le citoyen est passé souverain.

Une posture bien difficile pour des élus habitués au confort des duels aseptisés avec les journalistes et un auditoire trié sur le volet.

Michel Moyrand, maire de Périgueux, au premier rang, s’est abstenu durant tout le débat de tous signes d’approbation ou de réprobation. À la sortie, il faisait part de son amertume de n’avoir pu profiter sereinement du débat. Sentiment partagé par les autres élus présents.

Devons-nous y déceler quelques réticences face à ce peuple rétif ? Trop longtemps contenu en claque les Périgourdins ont enfin participé à une campagne électorale à l’issue annoncée.

Pour un temps, la démocratie a résonné et pourrait réveiller les abstentionnistes et les consciences étouffées.

Auteur : Pascal SERRE


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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 15 juin 2012 à 19:48  

On ne peut pas dire que les citoyens se sont pris au jeu, ont eu leur parole dans la salle..si elle etait composee de fait de militants ou de pro-Cornet voir de pro-Deguilhem convaincus depuis longtemps.

D'autre part un debat politique qui se deroule sous huees, claques n'a que peu d'interet politique.

La democratie c'est le respect des candidats adverses et l'etude des propositions de facon serieuse, qu-a t-il ete propose pour les citoyens de Perigueux/Vallee de l'Isle ?

PS comme UMP devront depasser leur aimable clientelisme, bien confortable..pendant ce temps, la Dordogne est au 82eme departement au niveau du revenu par habitant !

Une election jouee avant meme le 2eme tour aurait du permettre de lancer des pistes, des concepts pour nous tous et de valoriser les duos de candidats..au lieu de cela campagne atone, peu de presence en quartier, la petite emotion mediatique finale histoire de faire plaisir au landernau ?

A titre personnel je renvoie dos a dos un PS (tout le monde y est soudainement hollandais !)S egarant dans son obsession de domination ultra-majoritaire et un UMP inaudible, fantaisiste, sans conviction republicaine et meme avec des tentations extremes de racollage tardif,ridicule vers le FN..pas pour gagner mais pour 2014.

L'importance de l'abstention, le maintien d'un Front de Gauche avec des personnalites et des militants ouverts..au dela de leurs origines..montrent que la Dordogne reclame autre chose que ces petits jeux d'appareils et ces faux debats joues d'avance.

Que pensent Mrs Deguilhem et Cornet du MES et de la probable austerite hollandaise apres la repression sociale sarkozyste ?

J'aurais aime pouvoir le lire dans nos medias et dans un debat apaise.

Jean Lacassagne
Parti de Gauche 24 Perigueux

Commentaire de Anonymous Pascal Serre , le 16 juin 2012 à 15:09  

Cher monsieur Lacassagne,
Oui, il y avait les "pros" de chaque camp; oui le vrai débat n'a pas eu lieu. Il ne pouvait avoir lieu dans la sérénité ni dans la cacophonie car, vous le savez bien, le formatage politico-médiatique est sans partage et basé sur un marketing qui obscurcit les règles de l'agora... Toutefois, le peuple s'exprime comme il peut quand on le lui permet. Par définition dans le désordre un peu comme l'eau que la rupture brutale d'une digue rend libre et tout fou, les "pros" ont manifesté. Le débat reste ouvert.

 

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