Philippe Cornet : le déjeuner de trop ? mercredi 13 juin 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu aussi impartial que possible, rédigé par le journaliste Pascal Serre

En s’exposant dans un restaurant de Périgueux avec le candidat Front national Philippe Cornet est-il allé trop loin ? A l’hypocrite « ni-ni », le candidat UMP avance en terrain découvert. À ses risques et périls. Mais droit dans ses bottes.

Alors que sa défaite est sur presque toutes les lèvres et que le Front national s’impose dans le paysage traditionnel français au grand désarroi de l’UMP et du Parti socialiste Philippe Cornet a franchi un pas qui dérange les bonnes consciences : il a déjeuné devant un large public avec le candidat local du Front national.

Inconscience, tactique ou simple prise en compte d’une réalité bien embarrassante ? Beaucoup de questions et autant de réponses vont désormais marquer ce « déjeuner sur l’herbe », rencontre qui a le mérite d’être claire et sans ambages. Quelques ombres toutefois ne manqueront pas d’accompagner durablement ces agapes et seront largement utilisées par les rivaux de Philippe Cornet.

«  Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! » disait Voltaire. Est-ce ainsi que Philippe Cornet a conçu sa surprenante démarche ? On voudrait le croire. Celui-ci a milité  dans sa jeunesse au Collectif des étudiants libéraux de France à la faculté de droit d’Assas et a contribué à la défaite du Groupe union défense (GUD), organisation étudiante d’extrême droite. Il a aussi été un des leaders de feue Démocratie libérale dont il faut rappeler les positions plus clémentes envers Jean-Marie Le Pen dans les années 80. Il n’est pas le seul et les temps ont changé.

On sait le candidat UMP impétueux et débatteur impénitent. On peut aussi le rapprocher de ceux qui disent clairement que, soit on déclare le Front national hors-la-loi et on le supprime, soit on le considère comme un partenaire à part égale. Faute de courage pour le supprimer il faut donc aller jusqu’au bout de la logique démocratique.

Philippe Cornet est-il allé à Canossa ? C’est une évidence qu’il faut tempérer par ses propos, il est vrai, de circonstance :

« Je ne fais pas d’appel du pied au Front national dont je ne partage pas les idées sur l’Europe, sur le programme économique et encore moins son ostracisme. Quant aux électeurs, en se portant sur le Front national il ne font que répondre à des attentes que nous devons prendre en compte faute de quoi ses idées continueront de prospérer… » Dont acte.

Deux électeurs sur trois de l’UMP se déclarent favorables à un rapprochement avec le Front national et ceci n’a pas échappé à Philippe Cornet. Devait-il pour autant s’afficher aussi dangereusement ? Question de caractère plus que d’idéologie.

N’oublions pas que le vote Front national signe un rejet des appareils et mœurs politiques et celui-ci ne se laissera pas draguer par un simple déjeuner qui ne fait que confirmer leur sentiment. Ceci, Philippe Cornet ne l’a pas apprécié.

Philippe Cornet se trouve désormais dans une posture risquée et troublante dans laquelle il devra affronter les prochaines échéances électorales. Selon Jacques Bainville de l’Académie française :

« On ne domine les évènements et le monde que si l’on se domine d’abord soi-même ». On voudrait croire qu’il en soit ainsi du candidat UMP. Ce déjeuner était prématuré, quelque peu présomptueux et peut-être même de trop.

Auteur : Pascal SERRE

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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 13 juin 2012 à 20:44  

P.Cornet est au moins honnête. les électeurs front national sont avant tout des français comme les autres et qui refusent d'être pris pour des nigauds par des politiques qui cherchent à se faire une carrière. J'espère seulement que le repas était bon.

Commentaire de Anonymous Michel , le 13 juin 2012 à 22:34  

Philippe Cornet est courageux contrairement aux socialistes qui veulent bien prendre les voix du FN en faisant semblant de ne pas voir. Parfois il faut mieux en faire trop que pas assez. Oui, il faut discuter avec le FN. Ya qu'à voir le résultat de Mélenchon. Bravo pour les analyses de periblog qui sont presque irréprochables. Je me doute que ça ne doit pas être facile d'être indépendant.

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 14 juin 2012 à 07:26  

Peut être courageux mais dangereux est innoportun. Le FN reste le parti aux multiples ramifications et histoires qui ramènent à l'extrème droite française et européenne. Philippe Cornet connait-il son histoire ? J'ai voté FN et ça me donne pas envie de voter pour lui. Comme dit l'auteur de l'article je ne me laisserais pas draguer par un déjeuner qui est totalement opportuniste. Votant FN je n'ai pas voté pour les idées mais contre le système UMPS

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 14 juin 2012 à 11:02  

A l'analyse de la situation sur la circo 2401, Philippe Cornet à 25 pts de retard sur Deguilhem...l'élection est perdue, et tout le monde le sait (à droite, au centre comme à gauche).

Donc dans quel cadre se place ce petit déjeuner, bien (trop ?) visible ?

Une recomposition de la droite en vue des prochaines municipales, un déplacement de l'image de Cornet vers une droite plus dure, plus agressive alors que l'UMP enregistre défaite après défaite sur la Dordogne ?

Le PS se mobilise logiquement et de façon forte (fédé, élus - petits et grands, meeting) avec un nouveau concept "la victoire contre l'indignité"..très bien, mais là aussi comme j'aurais aimé voir le PS se mobiliser à Henin (le candidat PS n'a pas bougé le petit doigt, baignant dans la corruption locale, et ciblant le Front de Gauche), se maintenant avant tout contre Jean Luc Melenchon..Lamentable !

Combien d'autres exemples montrent la géométrie variable de l'attitude du PS vis à vis du FN, soit dénoncé..soit instrumentalisé et utilisé pour maintenir un pouvoir PS-PS, consolider des majorités !

Il est temps que la gauche, sur les pas du Front de Gauche, définisse une stratégie cohérente contre l'extréme droite, unitaire et nationale..et donc puissante, dépassant les accords électoraux ou les personnalités candidates.

A droite, on peut être inquiet de ces dérives..liées aux défaites ..alors que beaucoup de citoyens de droite, sont modérés et désapprouvent de telles orientations avec des coupables désignés (voir le tweeter malheureux de Cornet avec le drapeau français et marocain - reproduction d'une photo de SO - le jour de la victoire de F.Hollande à Périgueux) et dans une bêtise qui pourrait générer de la violence entre citoyens.

Si les électeurs du FN sont des citoyens dignes de respect, et qu'ils doivent participer aux débats démocratiques puisque leur choix pour un mouvement politique légal est acceptable..il n'en demeure pas moins que les autres partis doivent amener rapidement des réponses claires sur la crise, le sentiment d'abandon, les problèmes identitaires de beaucoup de nos citoyens comme le doute vis à vis du politique (abstention) ou des institutions à changer...et que l'on ne peut se résoudre à voir la droite se radicaliser pour exister.

Jean LACASSAGNE, Parti de Gauche 24, Périgueux

Commentaire de Anonymous Nino , le 15 juin 2012 à 11:33  

Pascal Serre concluait ainsi son article précédent : "N’oublions pas qu’il aura fallu 30 ans à Yves Guéna pour imposer son courant de pensée."
N'oublions pas que ça fait plus de 20 ans déjà que Monsieur Cornet essaie d'installer le sien : en 1992 à Vergt il essuyait son premier échec cantonal !
Mais c'est vraiment sans importance pour le paysage politique périgourdin ; ce qui serait marrant ce serait de voir les photos que Monsieur Lesourd n'aura pas manquer de prendre au cours de ce déjeuner, lui qui collecte toutes les miettes de la campagne cornetienne.
Comment, cher William ? Vous n'étiez pas convié ? Quelle ingratitude !

 

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