Cornet-Deguilhem : l’impossible débat vendredi 8 juin 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu aussi impartial que possible, rédigé par le journaliste Pascal Serre

À Périgueux et dans la vallée de l’Isle la campagne des élections législatives a été dominée par le duel entre Pascal Deguilhem et Philippe Cornet. Une cacophonie sans débat mais avec des piques et répliques.

Décidément cette première circonscription de la Dordogne présente toujours des duels sans pareil. En 1981, déjà, Roland Dumas et Yves Guéna avait offert une passe d’armes non exemptes de coups bas. On se rappelle les espagnols venus de Toulouse faire le coup de poing face aux résidus du SAC réunis en vieille garde autour d'Yves Guéna. Battu, le maire de Périgueux reprenait sa circonscription en 1986.

En 1988, il trouvait le fringuant socialiste Bernard Bioulac qui affrontait le futur président du Conseil constitutionnel dans un déballage non exempt aussi de quelques bravades musclées. Depuis, le retrait d'Yves Guéna, la circonscription s’est inscrite à gauche.

Philippe Cornet qui a entamé dés 1981 sa première escarmouche électorale, s’est naturellement imposé dans cette échéance jugée difficile. Face à lui, Pascal Deguilhem qui joue sa première réélection après avoir écarté non sans mal son compagnon Michel Dasseux en 2007.

Entre temps, au fil des élections, Périgueux et la vallée de l’Isle n’ont cessé de rosir.

Que reste-t-il, à la veille du premier tour de cette campagne ?

Tout d’abord la machine socialiste a fonctionné à plein régime. Celle de l’UMP a vu Yves Guéna remonter en première ligne pour soutenir un Philippe Cornet mordant, particulièrement présent et offrant une image moderne tranchant avec celle de son rival, plus classique.

Dans les deux camps, force est de constater que la mobilisation fut avant tout celle des militants. Plus nombreux chez Pascal Deguilhem que chez Philippe Cornet. Les rares sympathisants venant comme supplétifs. Les électeurs restant plutôt observateurs désabusés face à ce duel qui s’est orienté sur des attaques contre les personnes et les méthodes, sans que le vrai débat ne puisse entrer dans la campagne.

Comment oublier que l’un des principaux sujets de ce débat tronqué fut celui du prétendu faste de la permanence de Philippe Cornet ? Ou encore les fautes relevées dans le journal de campagne du candidat UMP ? C’est du moins ce que le pêcheur à la ligne a retenu.

Les réunions publiques ou de quartiers ne trouvèrent pas un autre public que les militants et sympathisants déjà acquis à la cause de l’orateur. Durant ces trois semaines de fausse campagne, on s’est battu par petites phrases distillées dans des médias corsetés par des règles formatées.

Certes, il y eu les blogs… et là, les propos se sont faits plus critique, plus vrai aussi. On fut loin des débats contradictoires qui attiraient les deux camps dans un même lieu et donnaient à la démocratie une réalité. Le citoyen périgordin n’y a pas trouvé son compte et s’est replié sur les vieux populismes que les protagonistes de cette joute ont oubliés.

Dimanche, dans l’isoloir qu’est-ce qui va différencier les deux protagonistes ?

Pascal Deguilhem ne sollicite les suffrages de ses concitoyens que pour soutenir la politique du nouveau président, François Hollande. Pour Philippe Cornet, la carte de la proximité et les questions locales ne sont pas escamotées. Habilement, ce dernier a oublié le bilan de son mentor, Nicolas Sarkozy

Plus que le résultat final qui semble assez convenu par la reconduction du député sortant, le candidat Cornet veut mesurer la donne politique et son implantation. Il s’agit bel et bien de prendre rang pour les prochaines municipales de Périgueux.

Pascal Deguilhem que l’on ne peut accuser de cumulard surfe tranquillement sur cette seule élection respectant la délicate et délicieuse répartition des mandats locaux que la gauche tient fermement et assurément. Ce qui justifie le soutien de tous ses amis qui y trouvent un confrère complaisant et raisonné. Cette élection est à la fois le troisième tour de la présidentielle et le premier des municipales.

Il ne faut pas oublier les autres candidats qui grappilleront des voix aux deux challengers. Ils peuvent devenir un exutoire pour un électorat auquel on aura volé sa campagne. C’est là qu’au second tour, le candidat Cornet pourra conforter son résultat du premier tour.

Et puis, peut être, la brève campagne, entre les deux tours se fera-t-elle plus sérieuse même si sur les marchés et autour des comptoirs en zinc on se régale des coups vaches.

Auteur : Pascal SERRE

Libellés : , , , , , , , , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







Commentaire de Anonymous Anonyme , le 9 juin 2012 à 09:23  

Une seule solution : voter blanc en attendant les soldes

Commentaire de Anonymous DLR 24 , le 9 juin 2012 à 11:02  

En fait, malgré le contenu de l'article de Pascal SERRE qui semble réduire ce scrutin législatif aux deux seuls candidats issus des partis qui se partagent le pouvoir depuis des années, il ne faut peut-être pas oublier les "petits" candidats qui représentent des offres politiques véritablement alternatives. Marie José Abenoza, pour Debout La République, fait partie de ces candidats qui veulent contribuer à remodeler progressivement le paysage politique local. Son implantation personnelle sur Périgueux (et la Dordogne en général) alliée à la défense d'un projet patriotique et républicain (celui-là même que Nicolas Dupont-Aignan a porté lors de la campagne pour l'élection présidentielle) différent ce celui de l'UMP et du PS permettront à de nombreux électeurs de la 1ère circonscription d'éviter le vote blanc.

Commentaire de Anonymous Pascal SERRE , le 9 juin 2012 à 13:17  

Si je trouve dans la diversité des candidatures une belle et légitime traduction de la démocratie qu'il importe de soutenir force est de constater que le mode électoral les marginalise. De plus, l'angle de traitement choisi dans ce billet est le duel entre les deux principaux candidats qui ressortent de cette première épreuve. Un autre angle pourrait être justement quel rôle, quelle action traduisent les autres candidats (tes) entre les rouleaux compresseurs des "grands appareils" qui monopolisent le champ démocratique. En qualité de journaliste je reconnais ma complicité...

Commentaire de Anonymous Lionel , le 9 juin 2012 à 19:50  

Le débat existe dans les formations politiques qui ne sont pas atteintes par la quête des mandats électifs. Les militants aussi. Des vrais, pas seulement des personnes qui sont dépendantes du RSA et du coup de pouce d'un élu pour une aide d'urgence. Je les comprends et ne leur jette pas la pierre. La honte devrait être sur les élus qui vivent sur la misère des autres. C'est vrai M. serre que ces militants sont exclus par le système mais ils sont en résistance et non en dépendance. On en parle pas et c'est dommage.

Commentaire de Anonymous DLR 24 , le 10 juin 2012 à 10:07  

@ Pascal Serre.
Dont acte. De toute façon, il ne s'agissait pas de vous jeter la pierre mais de dénoncer, comme vous le dites très justement dans votre commentaire, un système qui écarte, de fait, toute expression indépendante des deux mastodontes que sont l'UMP et le PS. Pour faire bonne figure, les médias mettent, en général, en exergue deux challengers (en ce moment, le FN à l'extrême droite et le front de Gauche à l'autre bout de l'échiquier politique) mais le prisme de l'analyse politique reste très réducteur.
Néanmoins, je profite de ce commentaire pour saluer l'initiative de William Lesourd (le fait qu'il soutienne, à titre personnel, Philippe Cornet n'étant pas discriminatoire) qui, au travers de Périblog et grâce au talent de ses éditorialistes, permet de créer un lieu de débat "périgourdin" sur la toile. Allez, sans rancune. Bon dimanche à tous.

 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog