Tu feras des études mon fils ! mercredi 14 avril 2010

Au fil de l'Isle Chaque mercredi retrouvez sur Périblog l’humeur de la semaine par Pascal Serre


Dans notre « Belle Province » du Périgord après avoir décliné sous toutes ses formes « tu seras fonctionnaire mon fils ! » (à l’époque on destinait les filles à de pieux, valeureux et bienheureux mariages autour des fourneaux), voici qu’avec le XXIème siècle on applique une autre méthode : « Nous allons mener des études ! »

Le “ Nous ” ce sont les élus de tous poils qui, par souci de précaution ou d’exaltation de la démocratie participative, n’ont de cesse de faire réfléchir leurs fonctionnaires et cabinets privés sur un avenir qui, pour eux, ne l’occultons pas reste avant tout un rendez-vous électoral.

On ne va pas dresser ici la liste des sujets qui fâchent et dont ces fameuses études permettent de reculer la décision. Ces audits comme disent les initiés, sont autant d’explication d’un immobilisme confortable qui alimente les conférences de presse et les querelles de clochers dont, reconnaissons-le, citoyen sans pouvoir, nous nous régalons.

Ce phénomène permet de dresser des objectifs toujours ambitieux et merveilleux sur papier glacé généreusement distribué dans nos boites aux lettres.

Certes, quelques grincheux (ils ne peuvent que l’être) se transforment en Mandrin ou Jacquou pour défendre leur pré carré. C’est un des dégâts collatéraux qui peuvent aussi faciliter l’inaction par peur d’une sanction imméritée le jour du jugement des urnes.

Combien de fois, alors que grondent telle ou telle contestation on évoque la création d’une commission consultative qui va travailler sur une étude commanditée par l’initiateur du projet mis en cause.

Consultatif ? Voici un autre mot qui fait croire à de braves gens qu’ils vont pouvoir influer sur le cours de l’histoire. Dans le jargon politique, consultatif est un calmant, un antalgique, parfois même dans les cas les plus graves un sédatif à destination des plus humbles.

La commission consultative munie d’une étude pourra participer et s’imaginer un temps que le pouvoir démocratique n’est pas un vain mot. Les membres croient d’ailleurs bien souvent qu’ils sont devenus les vrais acteurs de la décision finale. C’est un peu comme si, aujourd’hui, on conseillait à son fils : « Tu seras fonctionnaire mon fils ! ».

Quelques idées de détails seront reprises pour que le traitement politico-médical soit complet et nous assisterons à ce que l’on appelle une navette entre élus, fonctionnaires, cabinets d’audits et commission consultative.

Cette navette n’aura de cesse d’améliorer l’étude, le projet, de ne froisser personne et de veiller à ne pas être trop proche d’une échéance électorale si par bonheur une décision devait être… votée.

Bien entendu, ces quelques réflexions ne visent personne. De même, les études sont indispensables. Mais n’en dévions pas l’objet et qu’elles ne deviennent pas des boucliers qui protègent de l’attentisme frigide.

Il y a là, tout comme jadis quand on voyait l’avenir de nos enfants dans la fonction publique un conservatisme latent qui s’abandonne trop souvent dans la facilité et la manipulation.
Auteur : Pascal SERRE
Membre :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

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Commentaire de Anonymous Louis Carlier , le 14 avril 2010 à 23:56  

Après Périgueux 2010, les études de la CAP, celles de chaque mairie ou collectivité on va finir par devenir intelligent. Mais est-ce bien raisonnable ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 15 avril 2010 à 00:04  

Pour travailler dans une collectivité je puis vous confirmer que les études (il suffit de regarder les comptes) représentent des budgets de plus en plus importants et bien souvent ne sont que des alibis. Un jour il faudra bien parler clairement. Mais je plains le journaliste qui s'y attaquera.

Commentaire de Anonymous Hélène ROBERT , le 15 avril 2010 à 05:31  

Il serait effectivement très intéressant de connaître le coût global de toutes les études réalisées depuis les dernières élections...

Commentaire de Anonymous Christiane , le 15 avril 2010 à 07:42  

Mes parents ont voulu que je sois fonctionnaire et je ne peux pas dire que je me sois éclatée et pour arriver à soixante ans avec un peu plus de 1 500 euros.
Quand aux études faites par nos élus c'est vrai que tout est prétexte à étudier. C'est une manie. On attend les ponts de la CAP, les projets de la mairie sur le quartier de la gare et j'en passe. A chaque fois on répond qu'une étude est en cours.

Commentaire de Anonymous Paul CHIRON , le 15 avril 2010 à 09:13  

Décidément Périblog ne cesse de surprendre. Voici une méditation presque philosophique sur la vie politique sans référence mais dont les gens avertis doivent en comprendre le sens.
Je lis dans la presse que nos élus nous gavent d'études diverses et de commissions qui sont autant d'enterrement de première classe et j'en suis désespéré car en deux ans on a perdu dix ans mais en même temps tout le monde à l'air heureux. Alors, pourquoi ne pas continuer ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 15 avril 2010 à 11:32  

Pour le bas Saint-Front Moyrand a créé une commission et les membres n'ont pas le droit de s'exprimer en public sur ce qui s'y dit. Qu'en pensez-vous ?

Commentaire de Anonymous Saturne , le 15 avril 2010 à 11:48  

Allons-y : généralisation à propos des "élus de tous poils" et leurs fonctionnaires. Voilà qui permet de caresser dans le bon sens le système pileux du lecteur.
(Ah ! Une France sans élus et sans fonctionnaires, ce serait enfin le bonheur !)
Donc, si j'en crois Pascal Serre, la bonne conduite des affaires publiques voudrait que, pour éviter quelques pertes de temps des très coûteux fonctionnaires, les projets soient conduits sans étude ni concertation. Il ne s'agirait plus de projets collectifs mais de caprices du prince. Dieu merci, tout n'est pas perdu : l'exemple venant du très haut St Nicolas, caprices et dictats sont déjà en application comme méthode de gestion publique. Alors, heureux ?

Commentaire de Anonymous Sophie Blanchard , le 15 avril 2010 à 14:15  

Cher Monsieur Saturne,
J'ai lu le billet et les réactions dont la vôtre. Je n'ai pas compris le propos de façon aussi radicale. Il ne s'agit pas - mais peut-être suis je naïve ou je ne sais pas lire- de supprimer études, fonctionnaires et commissions mais d'essayer d'avoir une véritable démocratie et d'arrêter de se voiler la face. Pourquoi avons-nous eu une telle abstention aux dernières élections ? La démagogie peut se trouver autant dans vos propos que dans ceux de Monsieur Serre. Pour ce qui me concerne, et c'est ce que j'ai compris nous sommes manipulés. Ce qui, d'ailleurs m'est arrivée.
A l'invective ou les raccourcis douteux je préfère le dialogue.

Commentaire de Anonymous Pierre-Yves Marchand , le 15 avril 2010 à 18:29  

Dans les années 90 Pascal Serre éditait un magazine "pouvoirs en dordogne" à destination des élus. Trés bien fait et documentés. Moi-même élu je m'en servais. Je le regrette. Je retrouve sa plume ici. Que je sache, pour le connaître il est de ces hommes qui dérangent sans bousculer. Il dit des vérités pas infondées et que nous devons entendre et corriger. Je n'ai pas entendu qu'il voulait plus de fonctionnaire ni d'étude et encore moins que le citoyen ne participe pas aux commissions. Mais que tout ceci se dégage de ses aspects politiciens qui fait le lit du Front national. C'est un avertissement.

 

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