De Clisthène à Moyrand ou l’agora déplacé… lundi 29 mars 2010

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire par Pascal Serre


Samedi 27 mars. Le temps est franchement incertain. Un peu de soleil et un amas de nuages de pluie. Juste ce que l’on aime pas. Mais c’est plus fort que nous il faut que nous parlions des élections. Le quartier général sera au Coderc à dix heures au plus tard. L'équipe sera au complet.

On laissera pour une fois la tradition des huîtres car il y a beaucoup à dire. La semaine passée le débat avait été vif et bien fourni. On s’installe au fond de la salle comme des comploteurs.

C’est René, venu du Toulon, qui attend le premier accompagné de Jean-Paul qu’il a récupéré à Saint-Martin. Bernard de son canal est passé prendre Alain devant les cinémas. Seul Christian, arrivant de Saint-Georges toujours avec ses deux journaux locaux préférés ferme le ban.Le bar du Coderc en mars 2010
Le bar du Coderc ou l’estaminet des nouvelles, rumeurs, vraies ou fausses, des amitiés jamais défaites où sévit le curé Noë Chabot dit le « Curé Rince-Goulot » en 1908. C’est un quartier général du peuple qui va de la noblesse au Tiers État sans distinction autre que celle du partage de l’air du temps. Un de ces “bistrots” patrimoine de notre identité et pilier de notre art de vivre. Un lieu privilégié pour les complots sans lendemain. © Photo Pascal SERRE

POURRA-T-ON ALLER VISITER VERSAILLES GRATIS ?

Tout le monde a envie de parler du « licenciement » de Xavier Darcos. Alors que Sylvia porte d’emblée nos cafés avec leur chocolat nous nous sommes déjà accordés : « Bon, c’est injuste mais on va pas le plaindre. Il a quitté Périgueux pour Paris et il n’a pas gagné. On a Jospin à l’Île de Ré et on aura Darcos à Versailles » Christian, toujours prudent rappelle : « Ce serait lui qui se serait auto-proclamé Président de l’établissement public de Versailles. Jean-Claude Aillagon actuel président n’a pas l’intention de partir ». Jean-Paul éclate de rire en disant : « on pourra peut-être visiter le château gratis ! »

« En attendant, reprend Alain, Sarkozy ne sait pas ce qu’il va faire de son ancien ministre. Il aurait mieux fait de le garder ». Et Christian de poursuivre : « Laure, sa femme le pousse un maximum. D’ici qu’il rejoigne Villepin. Il suffit seulement que Juppé bouge dans le même sens. » Et notre patriarche de dire : « Bon Darcos suffit, assez parlé. Parlons un peu de notre maire. »

Tout le monde a avalé son café sans faillir et d’un coup. Une seconde tournée s’impose. Comme souvent c’est Christian qui offre et rajoute « bien serré. »

UNE VICTOIRE DIGNE POUR MOYRAND

« Alors que pensez-vous de notre maire ? » interroge René. Silence autour de la table. « Digne et réservé, aucun triomphalisme ce qui n’est pas le cas de certains de ses ouailles que j’ai croisés dimanche soir » tranche Alain notre ancien commerçant plutôt à droite. « C’est vrai, continue Jean-Paul, ancien artisan, pas de triomphalisme, je l’ai croisé au bureau de vote dimanche avec un autre monsieur (1) ; il saluait tout le monde l’air songeur alors que la victoire était acquise. »
« Moi, exprime Bernard, je ne crois pas que ce soit totalement sa victoire. Il le sait. C’est avant tout celle d’Alain Rousset. Ceci dit ça le conforte et affaiblit une opposition qui semblait désemparée quand je les ai vus au soir du dépouillement à l’école du centre où j’ai l’habitude d’aller. »
Le serveur nous interrompt pour débarrasser la table et déposer la seconde tournée de ce breuvage qui s’avère être le plus consommé en France.

MOYRAND A-T-IL UNE VRAIE MAJORITÉ MUNICIPALE ?

Christian reprend : « Moyrand ? Il fera comme Sarkozy il ne changera rien à sa politique. Pourtant, grosso modo c’est un Périgourdin sur deux qui est allé voté. Je ne sais pas où vous voyez sa majorité et je comprends son humilité clairvoyante. Les municipales de 2014 seront un tout autre enjeu. Il le sait. Évidemment, la Droite actuelle n’est pas la mieux préparée pour le mettre en difficulté. En revanche je me suis laissé entendre dire qu’il avait des problèmes avec son propre camp, que tout n'allait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. »

Bernard qui a toujours ses entrées à la mairie confirme : « Ça coince dans le personnel. Notamment dans les évolutions de carrière, les remplacements, la gestion au quotidien et les rivalités entre élus. »

René coupe avec énergie Christian : « Là, Christian je ne peux pas te laisser dire tout ça. Peut-être que tu as raison mais on ne peut pas enlever à Moyrand qu’avec les régionales il est renforcé et que les problèmes de démarrage ont été réglés. Regarde, notamment, avec les commerçants, et ce ne sont pas les plus faciles, il les reçoit, les écoute et tente d’apporter des solutions. Là où je te rejoins c’est que l’homme n’est pas un dictateur et qu’il pèche par l’exécution de certaines mesures qu’il délègue mal, trop ou pas assez. C’est un démocrate avec ses défauts et ses qualités. »

Coincé entre Christian et René, avec mon calepin et mon stylo j’ai du mal à tout noter et les esprits s’échauffent comme la semaine passée. C’est un signe. Ça bouge. En dehors des urnes les abstentions s’expriment. Sur le Coderc on préfère donc l’agora aux urnes. Les gosiers sont déjà froids et la cloche de notre basilique sonne onze heures et demi. Devant tant de fougue je propose un kir qui est accepté à l’unanimité au milieu du brouhaha et des salutations entre les uns et les autres.

CORNET OFFICIELLEMENT INVESTI POUR LES MUNICIPALES DE 2014

Philippe Cornet à Périgueux en mars 2010
Dimanche 21 mars. École du Centre. Il est 19h 30. Philippe Cornet regarde défiler les résultats des bureaux de Périgueux le visage fermé pour masquer le dépit et le découragement. Le rendez-vous de 2014 n’est pas gagné. © Photo Pascal SERRE
Timidement, notre ancien commerçant relève que si Darcos n’est plus là il existe une opposition. « Tu vas pas comparer Guéna ou Darcos à Cornet » plante Jean-Paul auquel se joint René et Christian. Il fait marche arrière en soulevant son verre en portant un toast à la Place du Coderc.

Bernard, notre ancien municipal de l’étape en profite pour dire que « Philippe Cornet a été très attaqué il y a quelques années. On a voulu l’écarter et il a fait preuve de sang-froid. Il s’est battu avec ses tripes. Durant cette dernière campagne il a bossé et n’a pas fait qu’un second rôle. Il a été publiquement rappelé qu’il était le chef de file pour reprendre la mairie à Moyrand. Je ne dis pas qu’il en est capable aujourd’hui. Mais il a le temps et l’ambition pour lui. »

René veut revenir sur Moyrand : « Je voudrais vous dire que j’ai connu Moyrand quand il a débuté en Dordogne il y a plus de trente ans. Jamais j’aurais pensé qu’il devienne maire de Périgueux. On ne pensait même pas que la ville reviendrait à la gauche. Je ne reviendrais pas sur les rumeurs de caniveaux qui l’ont accompagné à son arrivée mais en deux ans il s’est bien installé. Beaucoup le critiquent mais je vous le répète il ne fait que ce qu’il avait mis sur son programme. C’est un militant, un vrai. Je ne lui reprocherais pas cette attitude. Laissons-le travailler bon sang ! »
Michel Moyrand lors de l'inauguration de l'esplanade Badinter en 2009
Michel Moyrand a l’âme d’un Clisthène

DE CLISTHÈNE À MOYRAND

« D’accord, reprennent en chœur tous les autres amis, mais on peut quand même discuter et donner notre avis ? » Certes, et le Coderc reste une agora au sens athénien c’est à dire un marché central et un lieu de rassemblement où l’on vient débattre des affaires de la cité.

Michel Moyrand a l’âme d’un Clisthène (2). Ce dernier, réformateur et homme politique athénien instaura les fondements de la démocratie athénienne.

Ce qui rapproche encore plus Michel Moyrand de Clisthène c’est que ce dernier déplaça de l’agora l’Ecclésia qui signifie assemblée. Cette dernière était composées des représentants des citoyens d’Athènes. Elle votait les lois, le budget, la paix ou la guerre. Il y a une similitude entre l’Ecclésia et notre hôtel de ville… Donc entre Moyrand et Clisthène. Mais chut… Autrement la discussion va reprendre de plus belle.

Notre kir avalé, le paiement effectué nous sortons devant la halle de Catoire pour nous séparer, nous serrant la main en bons démocrates et vrais amis que sont les Périgourdins. À samedi prochain.
Auteur : Pascal SERRE

(1) Jean-marc Pennetier, son directeur de cabinet
(2) Clisthène : représentant de la famille des Alcméonides, chef politique athénien Vème siècle avant Jésus-Christ


Pascal SERRE
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  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

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Commentaire de Anonymous Hélène ROBERT , le 30 mars 2010 à 08:24  

Pas d'accord avec René qui dit que Moyrand tient les engagements de son programme.
Il renie la parole donnée, et c'est d'autant plus grave quand celle-ci est donnée par écrit et signée: l'engagement de réaliser le projet du bas St Front.
La lettre est dans les archives de l'association de la Renaissance du Greffe.
Tout ce qu'il peut dire ou faire ne changera rien au fait que sa parole ne vaut rien et qu'il est difficile de faire confiance dans ces conditions.

Commentaire de Anonymous Jeanne , le 31 mars 2010 à 00:19  

Je suis bien d'accord avec Christian Moyrand fera Sarkozy il ne changera rien. A quoi ça sert de voter ? Quand à Cornet je ne le vois pas à la hauteur ou alors il faudra qu'il soit bien entouré. Si Darcos faisait pas les bistrots lui sait les faire

Commentaire de Anonymous Elisabeth , le 31 mars 2010 à 00:25  

La dette de la ville est passée de 36 millions d'euros à fin 2008 à 41 millions d'euros fin 2009. Mais où est passée cette argent ? On a acheté des gommes et des crayons pour les écoles et des jeux de cartes pour les clubs de séniors ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 31 mars 2010 à 14:50  

Periblog deviendrait-il un poil à gratter intelligent ? Je connaissais la Chouette mais je m'y perdais. Ici, l'esprit est gaie et sérieux. Je comprends enfin quelque chose. Quand à Clisthène que je ne connaissais pas ca m'a fait l'occasion de le connaitre. Moyrand il a de bonnes intentions mais ca ne fait pas tout et même ça risque faire un flop

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 3 avril 2010 à 17:08  

Je ne sais pas où vous prenez vos chiffres, l'encours de dette a augmenté de 300 000€ entre 2008 et 2009. En revanche, elle a beaucoup augmenté entre 2007 et 2008 : il fallait payer la Filature de l'Isle (8,5 millions €!)...

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 4 avril 2010 à 19:09  

je suis commerçant a Périgueux depuis de nombreuses années, et moi je dit comme beaucoup de mes collégues commerçants que la communication au sein de notre ville s'avére trés favorable, lorsque Mr MONMARSON est présent sur les marchés avec son habit de "garde champêtre"c'est quelqu'un qui a compris depuis des années qu'il fallait donner vie a la communication,et en plus il a un sens de l'humour qui nous plait ainsi qu'a de nombreux touristes vu le nombre incaculable de photos et de lettres en sa possession, alors n'attendons plus,continuons a lui faire confiance,j'ai lu dans SUD OUEST qu'on intervenez a son sujet y compris FRANCE 3 ou on le voit assez souvent sur les actualités régionales.Ce qui signifie que cet homme a un talent digne d'un grand acteur,il a montrer déja dans des films de Michel LABROUE et dans celui de Eric BOUTONNAT JACQUOU LE CROQUANT.

Commentaire de Anonymous GERARD , le 4 avril 2010 à 19:30  

Je viens de voir sur votre blog qu'enfin des commerçants de PERIGUEUX soutiennent celui qui anime et distrait notre ville avec un sens d'humour qui fait chaud au coeur, je veut parler de Mr MONMARSON ce personnage en attribut de "GARDE CHAMPETRE" comme au bon temps. Oui il mérite les honneurs de la ville, et j'espére pour lui qui les aura si chacun de nous l'encourage, comme vous le faites,ainsi que vos autres collégues. BRAVO à PERIBLOG, et que Mr MONMARSON continue a nous distraire comme il sait si bien le faire.

Commentaire de Anonymous Véronique Semblat , le 7 avril 2010 à 15:23  

J'apprends que Le cancan du coderc tomberait sous les coups de quelques mots, vrais ou faux peu importe, d'une plume qui fait plus penser au corbeau qu'à la chouette ? Il faut de la diversité mais pas de méchanceté. Pour tous les volatiles.

 

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