Colette Langlade ou la politique au féminin mercredi 18 juillet 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu politique impartial, rédigé par le journaliste Pascal Serre

Élue au premier tour des dernières élections législatives, Colette Langlade est la première femme parlementaire de la Dordogne. Itinéraire d’une femme laborieuse, pétillante et truculente.


Suzanne Lacore (1875-1975), sous-secrétaire d'État à la protection de l’Enfance de 1936 à 1937 © Harlingue-Viollet
Le Périgord n’est pas misogyne, même si son caractère encore rural le prédestine à des relents sexistes. Faut-il rappeler l’étonnant destin de Suzanne Lacore, enfant du pays, devenu la première femme ministre  ? C’était en 1936. L’institutrice d’Ajat, militante de la SFIO se voyait confier le sous-secrétariat d’État à l’enfance dans le premier gouvernement du Front populaire.

Une enfant du pays

Colette Langlade peut revendiquer cet héritage et s’inscrit totalement dans un itinéraire militant et une grande proximité avec son territoire qui l’ont rapidement fait remarquer par ses camarades socialistes.

Native de Sorges dans une famille de commerçants, Colette Langlade a aussi embrassé la carrière de l’Éducation nationale et adhérera au Parti socialiste. Femme de conviction et de passion elle entre au conseil municipal de Thiviers en 2001. Dans l’opposition. Elle saura entretenir avec la majorité de Michel Jaccou des rapports sans concession mais constructifs.

En 2008 elle se présente aux élections cantonales avec succès. Elle est une des trois femmes sur 50 conseillers généraux à l’assemblée départementale. Ici, sur ses terres, on ne l’appelle que par son prénom  : Colette.

D’un député à l’autre

En 2007, Bernard Cazeau et Michel Moyrand alors premier secrétaire de la Fédération du Parti socialiste lui proposent d’être la suppléante de Michel Debet pour les élections législatives sur la troisième circonscription, celle de Nontron également appelée du Haut-Périgord. Regroupant quinze cantons elle est la plus vaste. Colette Langlade hésite  : elle ne se sent pas prête ou, peut être, sent-elle que cette décision revêt une importance majeure dans ses engagements professionnels et familiaux. Elle franchit son Rubicon sans contrevenir à quoique ce soit. Colette Langlade est entière. Dans sa raison comme dans ses sentiments.


Colette Langlade 31/03/2011 © Pascal Serre  
Cette vieille terre radicale longtemps tenue par la famille Bonnet avait connue une parenthèse gaulliste en 1968 avec Pierre Beylot (UDR) avant d’être reprise par Alain Bonnet en 1973 et ce, jusqu’en 1993. Cette année-là, le contexte politique national et local permettait à Frédéric de Saint-Sernin (RPR) de ravir le siège de député.

En 1997 c’était le communiste René Dutin qui reprenait le flambeau avant que de céder devant un nouvel assaut de Frédéric de Saint-Sernin. Ce dernier, nommé secrétaire d’État dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin laissait la place à son suppléant Bernard Mazouaud. Celui-ci devait s’incliner lors du renouvellement de mars 2008 devant Michel Debet.

Élu, Michel Debet devait succomber à une longue maladie plaçant désormais Colette Langlade à l’Assemblée nationale.

Une main de fer dans un gant de velours

Durant quatre ans Colette Langlade labourera véritablement cette circonscription reprenant la bonne vieille méthode de la famille Bonnet mais aussi de René Dutin longtemps considéré comme l’assistant social. Une méthode éprouvée avec succès. Elle est de toutes les manifestations et se fait remarquer par son don d’ubiquité. Souriante, pétillante, colorée elle témoigne d’une jovialité qui l’impose progressivement dans un paysage politique plus sensible aux attentions du cœur que de la raison. Quoiqu'inflexible elle se refuse aux combats dogmatiques. On pourrait dire de Colette Langlade que c’est une main de fer dans un gant de velours.

Si certains de ses amis la considèrent comme trop présente, à droite on ne se soucie guère de son comportement et on se chicane dans un désert militant duquel sort Marie-Claude Abbes (UMP). Une autre femme, inexpérimentée, trop jeune mais baroudeuse dans l’âme.

Le front de gauche est menée par Jean-Paul Salon figure du communisme périgordin. Ce dernier sait qu’il fait un baroud d’honneur. Les autres candidats se lancent dans la bataille sans mesurer le poids pris par Colette Langlade sur cette circonscription.

Le visage humain fut toujours mon grand paysage

Au soir du premier tour c’est toutefois une surprise  : Colette Langlade est élue avec 51,74% des voix. Une éclatante victoire pondérée seulement par l’abstention qui est de 32,40% autant que pour le score précédent de Michel Debet qui était de 54,78% avec un taux d’abstention de 25,27%.

Mais tout ceci mis à part voici Colette Langlade légitimée pour le moins dans sa stratégie toute personnelle. Durablement installée sur cette circonscription elle peut réfléchir sur les prochaines municipales de Thiviers où elle est encore dans l’opposition. Plus que jamais, Colette est l’enfant du pays. Didier Bazinet, son suppléant, maire de Coutures et conseiller général de Verteillac saura accompagner cette mandature. L’homme est proche du président du Conseil général, Bernard Cazeau… Et ceci compte.

Nous reprendrons cette citation d’une autre  Colette, celle de la femme de lettres Sidonie-Gabrielle Colette  :

«  Le visage humain fut toujours mon grand paysage.  » C’est peut être là que Colette Langlade a puisé son inspiration.


Auteur : Pascal SERRE

Colette Langlade, députée PS de Dordogne par LCP

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Commentaire de Anonymous Patrick , le 19 juillet 2012 à 13:55  

bonjour, un message, pour mr pascal serre, qu'elle dommage pour le magazine; le journal du Périgord n'est plus. Il était le lien entre les périgordins. fidèle lecteur depuis le n°1 été 1989 à décembre 2010. mais bon, ce site en est la continuité, alors, plus de reportage sur nos villages, et villes. nos châteaux, églises, faire connaitre notre riches patrimoines.
bien à vous. mr V P

Commentaire de Anonymous Pascal SERRE , le 20 juillet 2012 à 09:06  

Bien cher Patrick,
Me voici ému par cet échange. Oui, le Journal du Périgord n'est plus ou du moins ce qu'il était. Bientôt paraîtra un ouvrage sur cette saga mais aussi, avec la complicité de Périblog d'un site dédié comme jadis mais sur ce fameux internet au Périgord. Merci et toutes mes amitiés.

 

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