L’ombre des radicaux jeudi 5 juillet 2012

Une analyse sur la politique locale, rédigée par le journaliste Pascal Serre

En Dordogne, longtemps incarné par des personnalités brillantes telles qu'Yvon Delbos ou la dynastie Bonnet le Parti radical de gauche a bien du mal à exister.

C’est en 1972 que le Parti radical de gauche voit le jour. Le vieux Parti radical qui fit les heures fastes du parlementarisme français vit sa scission. Désormais le radicalisme sera bicéphale. La raison ? L’adhésion au programme commun et à François Mitterrand.

En Dordogne, ce courant de pensée a, depuis ses origines, reposé autant sur un solide socle républicain que sur des hommes brillants et des recettes d’enracinement où dominait le clientélisme rural.

Les dynasties radicales

Qui se rappelle d'Yvon Delbos ou de Georges Bonnet ? Sans oublier la stature de Maurice Faure, né près de Périgueux et se taillant un fief sans partage dans le département voisin du Lot ?

Tous surent concilier les goûts culinaires des comices agricoles et les ors de la République. Ce furent aussi de talentueux chef d’orchestre de réseaux faits de petits arrangements et grands apparentements.


Yves Moreau © Pascal Serre
Peu à peu, grignoté par un Parti socialiste judicieusement placé dans le sens du vent d’une société en mutation mais aussi par des barons de circonstances qui cultivaient leurs terres et non leur temps, les radicaux vont devenir de fragiles dinosaures et disparaître de Dordogne durant les deux dernières décennies du XXème siècle.

Alain Bonnet, fils de Georges, entretiendra la flamme radicale jusqu’en 1995 où il se retirera sur son Aventin. À cette époque, par ironie, il se murmurait que la dernière réunion des Radicaux de gauche se faisait dans une cabine téléphonique…

Le sursaut venue d’ailleurs

Le sursaut viendra d’une élection tempétueuse. En 2004, Yves Moreau enlève le siège de conseiller général détenu par la dynastie Queyroi classée jadis radicale et passée socialiste… Combat fratricide qui amène Yves Moreau dans les bras du Parti radical de gauche en quête de représentativité.

En 2008, l’ancien socialiste Christian Boucherie après avoir été conseiller municipal de Périgueux se fraye un passage sur Bergerac. Il a besoin d’un soutien. Ce sera le Parti radical de gauche dont il devient président départemental laissant la présidence d’honneur à Alain-Paul Bonnet.


Christian Boucherie et Françoise Reny © DR
Il entre au conseil municipal de Bergerac. Il sera accompagné de Françoise Rény, ancien cadre bancaire. Élue maire adjointe de Bergerac elle préside la fédération aquitaine du Parti radical de Gauche.

Citons aussi Jean-Paul Jammes, maire de Pomport dans le Bergeracois. Il flotte sur cet îlot radical soit un côté « radeau de la Méduse », soit un côté maquisard. Au choix.


Jean-Paul Jammes © Le Démocrate

Des radicaux en panne

La petite flammèche radicale rassemble quelques déçus du socialisme, des républicains convaincus, tout au plus une cinquantaine d’adhérents. La longue et pénétrante histoire du radicalisme possède toujours une aura si faible soit-elle.

Lors des dernières législatives, la socialiste Béatrice Patrie s’opposant aux accords nationaux qui réservaient à Brigitte AllainEurope Ecologie Les Verts – la circonscription de Bergerac s’est tournée vers le Parti Radical de gauche avant que de rentrer dans le rang.

En Dordogne, de faiseur de rois à supplétif du Parti socialiste, le Parti radical de gauche est aujourd’hui en panne.

Les résultats des dernières législatives qui permettent aux radicaux de gauche de constituer un groupe autonome à l’Assemblée nationale et l’entrée au gouvernement de deux représentants signent avant tout l’allégeance tactique de leur président national, Jean-Michel Baylet. Ce dernier était, faut-il le rappeler, en cas de candidature à la présidentielle crédité de moins de 1% des intentions de vote.

Le Périgord n’est pas le Tarn-et-Garonne où le patron de La Dépêche du Midi règne sans partage sur un empire de presse et un royaume républicain trouble mais solide. La Dordogne n’est qu’une province éloignée du radicalisme abandonnée en jachère au profit d’un Parti socialiste hégémonique qui se satisfait de la fenêtre de tir désormais obstruée des radicaux de gauche.

Pourtant, l’héritage local passée aux mains des historiens n’a en rien, dans ses valeurs, ses hommes et ses destinées, perdu de son actualité. Si sa lumière s’est transformée en ombre, cette dernière reste toujours sa première condition pour renaître.

Auteur : Pascal SERRE

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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 7 juillet 2012 à 10:01  

Tout ça sent la naphtaline. même si c'est intéressant on a compris que ça ne sert pas à grand chose. Tout ces braves gens sont des recalés du parti socialiste. Circulez ya rien à voir et que l'auteur ne m'en veuille pas car j'ai quand même appris des choses aussi futiles que la disparition des cabines téléphoniques où les radicaux ne peuvent plus se réunir. Ont-ils des portables ?

Commentaire de Anonymous Jean-François Cros , le 9 juillet 2012 à 13:42  

Portraits "radicaux" certes mais sommes toutes partiaux car il manque à cette galerie les représentants des Radicaux Valoisiens que, comme le disait Edgard Faure, seule l'épaisseur d'une carte de membre séparent de leurs voisins de gauche. A ce titre, il faut noter qu'au Sénat, il font groupe commun avec le RDLC...

 

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