Isabelle toute en Harmony lundi 15 décembre 2008

Le Journal du Périgord N°165 - octobre 2008[ Un article que j'ai fait paraître dans Le Journal du Périgord N°165 - octobre 2008 ]

Ses cheveux descendent en volutes anthracites jusqu'à ses fines épaules ; son regard est doux, tout comme l'est sa voix mesurée. Isabelle Barbosa m'attend, assise à une table sous un jeune tilleul, place de la Vertu. Je la prie de m'excuser de mon retard, mais ma goujaterie ne semble pas l'avoir gênée. À peine était-elle arrivée, qu'un individu assis à l'autre bout de la terrasse avait fait porter un verre à sa table. C'est là un des avantages d'être une femme naturellement séduisante, une séduction dont Isabelle sait toutefois ne pas abuser, car ses manières restent toujours bien dans les limites de la décence.
Isabelle Barbosa en septembre 2008Cette réserve fait que l'existence d'Isabelle Barbosa demeure pour moi une énigme. Seuls les faits qui l'ont éprouvée durant les quelques mois qui nous séparent de l'hiver dernier m'ont été révélés.

C'était le 10 décembre 2007. Situé derrière les halles de la place du Coderc, le Cooki's, la petite boutique qui vendait exclusivement des vêtements pour enfants, était déjà bien achalandé, en vue des fêtes de fin d'année. Isabelle avait, comme beaucoup de commerçants, éprouvé la morsure causée par la crise du pouvoir d'achat, et comme eux, elle misait sur les quelques jours de liesse à venir pour améliorer ses résultats annuels. Elle était propriétaire du fond de commerce depuis 14 ans, et le magasin, au fil des années, était devenu son enfant, mais pas tout à fait au même titre que Laeticia et Cyndie, ses deux jolies princesses encore dans la fleur de l'âge.

Cooki's en feuDeux semaines donc avant Noël, le Cooki's fut ravagé par un incendie. Les habits, les bibelots, les murs, enfin tout ce qui jusqu'alors attestait la réussite de sa vie professionnelle était ici, consumé par les flammes, là, noirci par la fumée, ailleurs, abîmé par l'eau... Devant ce triste spectacle, Isabelle ressentit un intense sentiment de désespoir et de panique, effrayée a l'idée de s'être rendue coupable d'une négligence quelconque. Un sentiment de culpabilité qui fût vite mis de côté quand, les experts en assurance de la Swiss Life jugèrent que la responsabilité de l'incendie incombait à un compteur électrique défaillant. Elle serait remboursée. Oui, mais quand ? et que faire entre temps ? Il était impensable que la boutique fut remise à neuf avant Noël.

Isabelle Barbosa avait initié une mise en liquidation trois mois auparavant afin de lui permettre de vendre dès le début de l'année, une gamme d'habits plus étendue qui inclurait les femmes mais exclurait les petits garçons. Une boutique toute féminine, avec pour clientèle les femmes « tendance » qui aiment être à la fois élégantes et bohèmes, et qui veulent inculquer à leurs filles ou petites-filles si elles en ont, leur goût de l'élégance pour lequel les françaises ont acquis une si juste renommée à l'étranger.

Harmony, la nouvelle boutique d'Isabelle BarbosaComme cela arrive souvent dans ces cas-là, l'histoire de liquidation, qui avait sans doute était confondue avec une cessation d'activité, faisait se délier une ou deux mauvaises langues locales. Celles-ci pensaient injustement qu'Isabelle s'était rendue coupable d'un plan machiavélique ; ce qui évidement était un non-sens. Mais pour en être fausses et absurdes, les calomnies n'en furent pas moins difficiles à entendre. Après plusieurs mois durant lesquels sa courbe émotionnelle avait épousé les sinuosités de montagnes russes, Isabelle s'est découverte une force de caractère qu'elle ne soupçonnait pas être si grande, et elle sait désormais qu'elle pourra compter sur cette arme défensive contre toutes les adversités futures.

Aujourd'hui, alors que nous approchons des fêtes de Noël, Isabelle est heureuse. Je l'ai rencontrée de nouveau, voici peu de temps dans sa jolie boutique ouverte depuis mai dernier et rebaptisée Harmony ; elle se tenait à coté d'un comptoir gris pâle, portant en ravissante ambassadrice les vêtements qu'elle se propose de vendre. Nous avons parloté de choses insignifiantes ; sa voix délicieusement calme et posée. Mais par moment celle-ci se faisait moins guillerette. C'était quand Isabelle se remémorait ces jours noirs de décembre, avant que, à force d'opiniâtreté, elle ne renaisse de ses cendres.

Auteur : William Lesourd

Voir mes autres portraits publiés dans le Journal du Périgord


HARMONY
Isabelle Barbosa
3 place du Coderc (derrière les halles)
24000 Périgueux
Tél : 05 53 08 14 88

Voici le sommaire de l'édition de décembre 2008 du Journal du Périgord.

Le dossier du mois : PÉRIGUEUX LA SAGA DES RUES-NEUVES:

Entre 1956 et 1972, un quartier entier de Périgueux disparaissait : les Rues-Neuves. C'était le coeur de la ville issue du Moyen Âge. Après un demi-siècle laissé en friches, la construction discutable d'un ensemble résidentiel et d'un hôtel dans les années soixante-dix, un projet d'aménagement a vu le jour fin 2007. De même une association vient de naître : « l'Association de la Commune libre des Rues-Neuves. Première étape l'histoire de lieu où se mêlent mythe et légende. La Seconde étape concernera les personnages qui y vécurent et l'avenir du site. » [ Guy Penaud - Le JdP ]
On doit la rédaction de ce dossier très complet à Michel Serre (introduction de Guy Penaud).
Le sommaire N°167 - décembre 2008
Presse Express : On ne nous dit pas tout.Couverture du Journal du Périgord - décembre 2008
Dossier : Périgueux, la saga des Rues-Neuves.
Divan : Patrick Salinié, fraternitat occitana.
Place de village : Saint-Martial-de-Valette, le faubourg de Nontron.
Champ contre-champ : Voyage au centre des forces de l'ordre.
La rencontre : Les trois lanternes aux morts du Périgord
Mémoire et histoire : Maurice Chevalier, la journée la plus terrible de sa vie.
Retour sur images : Premières foires au gras primées et arbres de Noël.

Dico de lieu : Saint-Pierre-de-Chignac.

Dico de table : à la royale.

Des mots et des couleurs : Beynac, une allégorie du poète qui subjugua Paul Éluard.L'œil de Cyrano : De la Banque de France à la Banque céleste...
L'atelier de... : La civilisation de la fraise : naissance d'une icône en Dordogne, 2e partie.Étape gastronomique : Côté Rivage, le culte du bien vivre.
Page Oc : Que nos faudrà far ?Humour : Les farces de Franconi : la guérite.
Philatélie : La Patrouille de France.Recette : Croustillant de pied de porc truffé.
Musique : Isabelle Jacopin, un blues au fond des tons. 
La plume de La Boétie : Pour le lycée Éllias-Cairel à Sarlat.

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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 16 décembre 2008 à 21:44  

Bonjour William,

We have a big problem. Alexandra was due to have her stage at the French News next March and, as you probably know, they have closed down. I was wondering if you know of anyone who would be prepared to take her for a week at the beginning of March. She is in 4° and will be nearly 14.

Is it ok if she makes contact with Le Journal du Périgord?

____________Merci pour le com_____________

Hi Clare, I don't think you meant to send me this message via the comments form... anyway, yes I heard about French News, and I am very sad that they may disappear forever especially since Miranda and Adam are such pleasant people (I use the conditional because they keep coming back...). The newspaper was pretty good too. Everyone who knows the company could see that they were using far too many staff and the sales and the advertising just couldn't pay for it all. It should have been re-structured as soon as the first sign of trouble appeared (a good while ago).

I am not as close to Media Press's (publisher of Le Journal du Périgord) as you imply. I only know Pascal Serre, the editor, but just a bit. I do not know whether they could make use of a 14 years old student for a week. You don't say whether she is French, or speak fluent French, but I assume she does. You don't say neither what she could bring in a publishing structure. The best is for her to call the telephone number that appears in the yellow box above and ask herself... does she expect a salary or is it some sort of school placement that cost nothing to the recruiter ? Worth telling them straight away if this the case. If she expect a salary, I don't think this will be possible because a week wouldn't be enough to make her do anything worthwhile.

W

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 22 décembre 2008 à 08:30  

très beau. ça se lit comme un roman.

 

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