Les élus ne se rendent pas et ne meurent pas dimanche 18 mars 2012

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :

Les élus ne se rendent pas et ne meurent pas…non plus

Petit détour sur notre place préférée qui a retrouvé ses couleurs printanières écartant le débat politique des présidentielles pour y préférer la cacophonie médiatique qui souligne le malaise du panier de la ménagère. Pas seulement. Celui de nos mairies est tout aussi malade. Propos glanés autour d’un café.

Quand la presse titre que

« les maires ne veulent pas se serrer la ceinture » on oscille entre rire et colère. Mauvais titrage racoleur en tout cas qui laisse croire que les patrons des entreprises locales que deviennent progressivement les municipalités et autres collectivités locales ne veulent pas voir leur pouvoir d’achat baisser.

Plusieurs élus, dont le maire de Boulazac Jacques Auzou (au centre), ont décidé de « faire changer les choses »© Jean-Christophe Sounalet/Sud-Ouest
Lorsque, par ailleurs, on lit que « les élus fustigent la frilosité des banques » on a l’impression que nos édiles se transforment en patrons de PME lesquels, depuis longtemps, sont confrontés à la rude règle d’airain du monde de la finance mais qui, à la différence des élus, sont engagés personnellement jusqu’au cou dans leurs affaires.

Cette bronca au sens tauromachique du terme ne semble pas émouvoir les citoyens et relève de l’effet de manche quand on sait que nos collectivités territoriales et locales vivent tout comme l'État au-dessus de leurs moyens avec, il est vrai, plus ou moins de succès.

La comptabilité publique est d’une complexité effrayante et offre des niches de manipulations comptables incompatibles avec celle du commun des mortels. Attention, ne croyons pas qu’il y ait là des entorses à la réglementation ; cette dernière-ci est habilement construite depuis des lustres pour faciliter la présentation de comptes déficitaires en parfait équilibre.

Si un jour, comme le demande certains élus, on établit des comptes consolidés, c’est-à-dire des comptes qui totalisent l’ensemble des dettes de la collectivité ; si on procède tout simplement à l’établissement des recettes plutôt que de fixer les dépenses ; si on ne s’imagine plus que la République puisse s’exonérer d’une crise qu’elle a longtemps négligée pour des raisons parfois strictement politiques ou électorales, peut-être éviterons-nous le chaos de ce millefeuille électoral aux financements croisés qui fait la richesse — ou la pauvreté en devenir — de nos territoires.

Des sanctions qui sont extrêmement rares et ne s'appliquent que dans des cas très particuliers


Si les entreprises sont soumises à des risques majeurs que sanctionnent les redressements judiciaires, liquidations judiciaires et faillites, nos collectivités territoriales ne subissent généralement que les avis d’une Cour des comptes que l’on dit indépendante… La Cour n’a de pouvoir de sanction directe qu’à l’égard des comptables publics qui ont un régime de responsabilité particulier. Pour qu’il y ait sanction dans les autres cas, elle peut transmettre les affaires à la Cour de discipline budgétaire et financière ou aux juridictions pénales. Des sanctions qui sont extrêmement rares et ne s'appliquent que dans des cas très particuliers voire extrêmes.


Si les banques rechignent à financer les mairies c’est qu’elles ont des raisons


Si les banques rechignent désormais à financer certains projets c’est peut être qu’elles ont des raisons qui se refusent à intégrer les charmes discrets de la politique. On peut comprendre que cette nouvelle donne contrarie des élus habitués à la prééminence de leur choix sur la réalité du monde économique. Il y a là une vraie question qui dépasse le cadre des élus et que les citoyens devraient partager avec celles et ceux auxquels ils ont donné leur confiance afin que les intérêts généraux de leur communauté de destin soit pour le moins préservés et, au mieux améliorés.

Il faudra tenir un parler vrai et agir avec courage et probité



Jacques Auzou :
« Nous sommes dans un département où la vie économique est générée par les collectivités locales » 28/02/2012 © Pascal Serre

Il faut se refuser à tomber dans le populisme et jeter l’opprobre sur des élus qui, dans une très grande majorité exercent leur magistère avec une réelle inquiétude et qui, il est vrai, découvrent aujourd’hui les limites d’un système obsolète où le monde de la finance poursuit sa lente et irrémédiable prise du pouvoir. Mais la démocratie se refuse à la fatalité quand ses valeurs sont en danger. Et elles sont en danger à double titre. Le premier c’est l’abandon du pouvoir politique sur celui de l’argent ; le second c’est l’absence d’union et de réaction des élus et administrés sur le sujet des finances locales.

La fameuse « bronca » de quelques édiles périgordins devraient servir de socle pour répondre avec réalisme et fermeté à l’enjeu de nos finances locales. Les banques connaissent aussi les rapports de force. À la démocratie de les établir et les faire valoir dans la meilleure clairvoyance de ces temps d’infortunes.


Que ce soit un maire communiste, Jacques Auzou, dont les qualités de bâtisseur et gestionnaire ne sauraient être mises en doute, donne de la voix pour engager cette indispensable réforme des esprits est un gage de réussite.

L’homme n’est ni dénué de bon sens, ni privé d’impétuosité ou de volonté mesurée. Il y a dans cette posture un « appel au peuple ». Mais, d’un côté comme de l’autre il faudra tenir un parler vrai et agir avec courage et probité.

Auteur : Pascal SERRE

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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 19 mars 2012 à 00:12  

Cest bien tout ca mais ou il en est jacques auzou de ses affaire judiciaires. On est plus silencieux !? On m'a dit que le tandem infernal pennetier-moyrand qui serait à l'origine des problèmes de Jacques Auzou. Dites-moi que c'est pas vrai ?

Commentaire de Anonymous Jean-Paul , le 19 mars 2012 à 08:53  

Si maintenant les élus pleurent devant les banquiers où va-t-on ? Envoyons-leur mélenchon et on verra bien. Quand à périblog il nous a habitué à jouer les people mordant parfois mais nous voici avec un article digne de rélfexion et d'intérêt quand au sujet et à son contenu.

Commentaire de Anonymous Mars , le 22 mars 2012 à 00:44  

Les finances publiques sont complexes et il y a beaucoup d'inexactitudes dans votre article. Vous parlez de Cour des Comptes quand il faudrait dire Chambre Régionales des Comptes. Les procédures sont très précises et une collectivité ne peut présenter un budget en déséquilibre (rembourser l'emprunt par de l'emprunt, ce que fait l'Etat...). Enfin si les banques prêtent moins aux collectivités locales, il y a une raison simple : elles se rémunèrent sur les dépôts plus que sur les prêts, hors les collectivités déposent leurs fonds au Trésor. Les banques arbitrent donc cyniquement en période de moindre liquidité - pour raison de changement de la réglementation - pour préserver leurs profits vers le privé, plus rémunérateur.

Commentaire de Anonymous Pascal SERRE , le 22 mars 2012 à 08:23  

En France, il y a 2 juridictions financières étroitement liées : la Cour des comptes et les Chambres régionales et territoriales des comptes créées en 1982. Ces dernières forment avec la Cour des comptes, sinon un ordre juridictionnel stricto sensu, du moins un ensemble de juridictions, dont l'unité a été soulignée par la rédaction du code des juridictions financières. Vous avez toutefois raison dans votre précision pour ce qui concerne le sujet. Il s'agit bien, dans notre cas, de la Chambre régionale et territoriales des comptes et non de la Cour des comptes.
J'ai apprécié dans vos propos des avis personnels sans que pour autant ils révèlent des inexactitudes dans le contenu de l'article. De toute façon, le sujet ne saurait se réduire à quelques échanges sur le net, même si ceux-ci contribuent au débat lancé.
Pour ce qui est de la comptabilité - tout comme d'ailleurs pour le comptabilité dite commerciale - les professionnels reconnaissent tous qu'ils leur faut bien souvent "habiller" les comptes... en respectant les réglementations.

 

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