Marie-Françoise Mespoulède - Évanescences vendredi 3 février 2012

Pour Marie-Françoise Mespoulède, la poésie est une musique. Avec son dernier recueil, Évanescences, la mélodie de l'âme jadis étranglée par le deuil emprunte à Hector Berlioz et Théophile Gautier « Les nuits d'été » autant qu'à Francis Poulenc et Paul Éluard « Tel jour, telle nuit ».

C'est dans sa petite maison près de la fontaine de l'Abîme, dans le quartier du Toulon à Périgueux que celle qui demeure à jamais l'épouse de Claude Sarlat(1) ordonne les mots et les silences passant de l'absence à l'évanescence. L'éprouvante réalité a choisi de se traduire dans la création, cette poésie confidentielle jusqu'au rayon du libraire. Ni prophète ni engagée, Marie-Françoise Mespoulède(2) est soucieuse d'un lyrisme qui s'exprime dans des figures de style aussi sobres que diverses. Chaque poésie est une histoire déclinée en quatre parties distinctes : la rêverie, les sentiments, la nature et la condition humaine.

De la nuit fauve à l'aube inhabitée

L'auteure combat désormais les nostalgies parfois douloureuses de la séparation définitive s'abandonnant à de nouveaux regards jamais éloignés de l'être aimé. Son écriture est spontanée, directe et sans ratures. Même si elle voit le monde en noir ou blanc il appartient au lecteur d'y entrevoir, d'y consigner les gris plus ou moins lumineux indispensables quand la nuit fauve s'achève et que l'aube s'ébroue devant les yeux.

La discrète petite secrétaire, un temps script, se joue des mots afin de contrarier ses émotions et leur donner un sens. Le titre – Évanescences – souligne-t-il que le fruit s'amoindrit à mesure qu'il se développe pour, finalement disparaître ? Pas vraiment. C'est là, encore, un jeu de mots, un moyen de s'affranchir de la réalité et de préparer des desseins futurs. D'ailleurs, même si il y a quelques balles assassines voici qu'apparaît un banc public avec ses amoureux, ce sculpteur qui prépare son œuvre et révèle que l'absence s'accompagne d'autre chose.

La poésie n'a pas de « Triple-A »

On peut trouver dans l'élan de cet essai des rappels au climat entretenu par Francis Poulenc et Paul Éluard dans « tel jour, telle nuit » que l'on pourrait ainsi résumer : une sorte de silence calme qui revêt une intensité particulière pour avoir été précédé du tumulte violent. Après avoir fait la nuit, voici venu le temps de faire le jour. Dans ses « Nuits d'été », de même, Hector Berlioz et Théophile Gautier trouvent dans l'amour un fil conducteur. Amour souvent perdu, amour toujours fragile. De la séparation à l'incertitude, selon le schéma qui renvoie à Ulysse et Calypso, Didon et Énée, Tristan et Yseult la tonalité des textes est plutôt sombre car la mélodie de la vie est ainsi. Le voyage poétique peut, dès lors, faire son travail de transfiguration.

Il fallait aussi une rencontre pour que ce labeur intime trouve son aboutissement. C'est le temps de l'extériorisation et de la rencontre avec l'inconnu qu'est l'édition. La poésie ne bénéficie pas du Triple-A chez les commerçants. Jean-Louis Petriac avec sa minuscule maison d'édition périgordine s'est engagé. Un pari fou qui, comme au bon temps du romantisme, prend rendez-vous pour plus tard. Faisons en sorte que cette échéance soit la plus rapide possible.

Auteur : Pascal SERRE

(2) Claude Sarlat fut journaliste à France 3 et cinéaste, réalisateur et producteur de plusieurs films sur le Périgord

(1) Pour rencontrer Marie-Françoise Mespoulède : Librairie Vaubourgoin, rue Taillefer à Périgueux le samedi 4 février ; Bijouterie Debord, 14 rue Chancelier de l’hôpital à Périgueux, samedi 11 février.


« Évanescences »

Marie-Françoise Mespoulède, Decal’Âge productions, 120 pages, 17,50 €.

Pensée de la semaine

« Sentir, aimer, souffrir, se dévouer, sera toujours le texte de la vie des femmes »
Honoré de Balzac (1799-1850).

Citation tirée du roman « Eugénie Grandet ».
Source photo et texte Wikipédia : http://goo.gl/qzKhF

La rubrique que voici est nommée « Lecture pour tous » en hommage à Pierre Desgraupes (originaire de Mensignac en Dordogne) qui créa, en 1953, sous ce nom la première émission de télévision dédiée à la lecture.


Libellés : , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog