Sur un air de vacances - MIMOS 2011 mardi 2 août 2011

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est la place du Coderc à Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :

Sur un air de vacances

Dernier samedi de juillet. Périgueux s'est habillée aux couleurs de son traditionnel festival du Mime. Place, ville et pays de cocagne, l'esprit du Coderc plane entre lumière et silence.

Dans cette rue des chaines où je m'engage les bannières blanches et or annonçant Mimos dansent déjà dans un silence chargé de promesses ; je m'attarde chez l'ami Patrick Marguier. Une jamais trop lointaine amitié nous associe dans nos bavardages sur cette ville qu'il goûte avec autant de fumet et piquant qu'il se doit. J'y fais étape car, comme chaque année depuis six ans il a l'originalité de sélectionner une cuvée dédiée à notre festival du mime. Cette année le caviste s'est arrêté sur un « Château La Robertie 2007 ». Un rouge. C'est sa touche de finesse et d'élégance, me lance-t-il avec un bonheur lumineux. Et puis, son prix est très convenable : 6 euros.Patrick Marquier - Cavavin
Patrick Marguier présente sa gamme de vin « Mimos 2011 » 30/07/2011 © Pascal Serre

Quand le Coderc fait son mime

Seuls Christian et René ont répondu à mon appel. Les trois autres associés ont pris leur quartier d'été.

Nous voici confortablement installé dès 9 h 30 à l'ombre de la halle et d'un parasol rouge, face à la Brasserie du Coderc. Pour l'heure la bonne humeur est de mise. Le soleil étire ses premiers rayons et nous jouons avec eux notre partie de cache-cache qui reste à notre avantage.
Les tasses de café déposées, je lance la conversation sur l'événement du moment : Mimos.

- Crois-tu que les touristes vont au Toulon ou au Gour-de-l'Arche ? Tu rêves ! Me lâche Christian.
- Peu importe, tu as peut-être raison, mais ne confondons pas touristes et festivaliers. Le festivalier vient spécialement pour Mimos et il n'hésitera pas à se rendre dans ces lieux. La mairie, ne l'oublie pas est de gauche. Durant des années elle a critiqué l'absence de lien entre le centre ville et les quartiers, de Guéna à Darcos. On ne va pas lui reprocher de faire ce qu'elle a toujours demandé ? Répond René.
Christian un tantinet provocateur :
- Quand aux 50 000 visiteurs attendus on assiste toujours à une surenchère de chiffres à laquelle je ne crois pas. S'ils sont 10 000 c'est déjà un succès.

Pierre Étaix au pays de cocagne

René boit son café d'une traite. S'essuie d'un revers de main les lèvres.
- Sais-tu que Pierre Étaix sera là, samedi prochain ?
- Non,
enchaine Christian, il est toujours vivant ?
- Oui, la preuve. Du haut de ses 83 ans il va donner un spectacle « Miousik papillon ». J'ai prévu d'y aller car je me rappelle surtout ses films des années cinquante et soixante. C'est un sacré personnage.



Pierre Étaix auteur et interprète de « Miousik papillon » © Droits Réservés
Le fabuleux Pierre Étaix qui, en 1969, réalisa un film « Pays de cocagne » va voir combien Périgueux peut être une sorte de paradis terrestre dont la nature déborde de générosité pour ses habitants et ses hôtes.
- Moi, explique Christian, je suis trop âgé pour le soir mais, chaque année, la journée, je me promène au gré de ce qu'ils appellent le « off ». J'aime bien même si parfois ça me passe au dessus de la tête. J'ai récupéré le programme au syndicat d'initiatives. Il faudrait que la mairie pense d'ailleurs à programmer un spectacle sur notre Coderc

- Regardez... René pointe d'un doigt les régatiers de la place.
- vous ne trouvez pas que c'est déjà un vrai spectacle ? Bouchez-vous les oreilles, observez et vous verrez autant de mimes que de gens. » Nous nous exécutons.

Sur le ton de l'humour, l'ami cheminot nous donne une impression inégalée de la pantomime. Nous voici tous les trois à éprouver nos sensations sur les attitudes, le geste et les mimiques de la scène ainsi explorée. Quelques secondes passent et nous éclatons de rire. « Vive Mimos 2011 ! » Clame René sous nos applaudissements qui attirent les regards de quelques passants surpris de nos postures. J'en arrive à me demander si, finalement, nous ne sommes pas devenus des mimes.

On tire le rideau sur ces exercices de potaches. On s'embrasse tout joyeux. Chacun y va de ses contraintes de la vie. Pour ma part, je prolonge mon périple dans l'esprit du Coderc qui s'étend sous d'autres cieux.

« Moi, je joue de l'orgue de Barbarie et je joue du couteau aussi »

J'ai toujours aimé les chanteurs de rues. Surtout quand les sonorités de l'orgue de Barbarie assistent la voix. Les yeux mi-clos je me laisse attirer jusqu'à l'angle de la rue Salinière et de la place du Coderc. Prévert Jacques, le poète, me revient avec son hommage à cet instrument qui m'émeut toujours autant : « Moi, je joue de l'orgue de Barbarie et je joue du couteau aussi »

Philippe vient de Saint-Aulaye, près des Charentes. C'est un routier. Il va de marché en marché et le Coderc lui convient bien. Il se dit avant tout chanteur. Des chansons d'hier, celles qui vous appellent une larme de félicité et vous plongent dans les mondes romanesques à la Charles Dickens ou Victor Hugo. Philippe n'est pas bavard sauf avec son orgue, en quelque sorte son amante. Quelques pièces, un ou deux CD vendus et notre homme regagnera sa terre où, faut-il le rappeler, on trouve quelques rangs de vignes qui bénéficient de l'appellation AOC Cognac.
Philippe, chanteur de rue et son orgue de barbarieBérengère Hembise et Thomas Vaultier devant le « Chai Bordin »
Philippe, chanteur de rue et son orgue de barbarie
Bérengère Hembise et Thomas Vaultier devant le « Chai Bordin » rue de la Sagesse
30/07/2011 © [1] & [2] Pascal Serre

À deux pas du Coderc

Mathieu Bordin a choisi de partager ses passions œnologiques dans la petite rue de la Sagesse — bien nommée pour l'activité —. Depuis un an il entretient dans ce qui fut le dépôt de la Poissonerie moderne aujourd'hui disparue, une ambiance de bois et de pierre qui invite à s'attarder.

C'est le « Chai Bordin » ; bar à vins où se retrouvent les Périgourdins que l'on dit tendances.

Chaque samedi il invite un producteur périgordin à faire découvrir ses productions. Bérengère Hembise et Thomas Vaultier déclinent le « Château Montdoyen ».

Nous voici au cœur de l'appellation de Bergerac, plus particulièrement de Monbazillac. Médaillé jusqu'au bouchon le « Château de Montdoyen » a suscité un coup de cœur du prestigieux guide Hachette. Je ne regrette pas cet arrêt entre le Coderc et la place Saint-Louis. Je promets à Matthieu Bordin de repasser faire une dégustation.
Matthieu Bordin et son « Chai Bordin » : dégustations commentées, tapas sont sa carte de visite 30/07/2011 © Pascal Serre

En ressortant je me rappelle que cette rue s'appelait, jusqu'en 1815, Montozon, nom d'un bourgeois qui n'a finalement rien laissé. Progressant sur les pavés, esquivant les nombreux passants je rêve à ce Coderc, frêle esquif et épicentre d'une ville dont l'esprit ne saurait se réduire à ce champ clos mais en être le tabernacle, plate-forme surélevée d'un bateau où se situerait le capitaine. Je me trouve fort heureux d'en être un simple matelot.

On est Périgordin quand on a un tee-shirt Vinta-Quatre

Fabrice Cellier et Cathy Adam bien que situés hors du Coderc n'en ont pas moins l'esprit. Rue Saint-Front ils ont créé une gamme de tee-shirts exaltant le Périgord en quatre versions : Préhistoire, Ovalie, Terroir et Occitanie.

A l'occasion de Mimos, ils ont créé en partenariat avec les organisateurs un tee-shirt aux couleurs du Mime. Et ça part comme des petits pains.Cathy Adam et Fabrice Cellier du Vinta-Quatre
Cathy Adam et Fabrice Cellier arborent fièrement leur Tee-Shirt « Mimos 2011 » 30/07/2011 © Pascal Serre

Je retrouve dans cette boutique enluminée par la passion de ses propriétaires mes potes : Daniel Lhomond, Joan-Pau Verdier, Daniel Chavaroche. Par CD et livres interposés. Cathy et Fabrice ont ouvert leur boutique en décembre 2009. Un coup de cœur, un coup d'essai, une réussite enfin. Le nom de ce repaire aux expressions toutes périgordines : Vinta-Quatre.

Tout est dit, ou presque. Ici, les vêtements célèbrent le Périgord et ses richesses. Tous les produits sont pensés, imprimés et bordés en Dordogne.

Venus du Berry et de Paris, Cathy et Fabrice, discrets dans leur approche mais déterminés dans leurs choix ont été adoptés. Leur partenariat avec Mimos ? C'est naturel. Pour Fabrice : « nous sommes là pas que pour faire du commerce, Périgueux est un bijou, les gens accueillants. Avec ce tee-shirt Mimos nous affichons un petit supplément d'âme. »

Au fond de moi, je me dis que les meilleurs ambassadeurs de ma ville ne sont pas forcément les Périgordins de souche. Ceci contrarie le conteur Daniel Lhomond qui dispense : « On est Périgordin quand on a ses morts au cimetière ».

Désormais : « On est Périgordin quand on a un tee-shirt Vinta-Quatre ».

Bon mime à tous !

Les douze coups sonnés au clocher protecteur de la cathédrale me rappellent à l'ordre. Dans les vieilles rues, sur mon passage, saluant quelques connaissances, je ressens une plénitude, une quiétude bienveillante.

L'été est bel et bien présent. Il brille mais ne brûle pas. Chaque pas est un horizon grandiose, une splendeur de petits sons étouffés, de gestes mesurés, de visages apaisés. Des parfums mêlés annoncent les subtiles rencontres gastronomiques qui vont s'offrir de place en rue. Elle n'est point venue l'heure de la sieste. La lumière au silence, hymen mystérieux, s'accouple sans apprêt dans l'harmonie des pierres et des invites aux flammes de l'âme que nous annonce ce festival du mime.

Cette pause estivale nous rapproche un peu plus d'une vérité qui exclut les polémiques et bouderies, ombres ennemies de la sagesse. Bon mime à tous !

Auteur : Pascal SERRE




Pascal Serre, journaliste périgourdin, est membre de :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

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Commentaire de Blogger mondomicile , le 2 août 2011 à 19:09  

Le spectacle MIMOS aussi mauvais que celui sur l'eau! Périgueux Ville d'Art et d'histoire mérite mieux! Si vous êtes imcompétant Mr le Maire il faut vous entourer de personne valables car aux prochaines élections vous allez sauter à pied joint et sans regret! Bon débarras!

Commentaire de Blogger Pascal , le 2 août 2011 à 20:23  

Voila des commerçants qui ne passent pas leur temps à se plaindre

Commentaire de Anonymous Christophe Landet , le 8 août 2011 à 07:20  

Je plains ceux qui vivent avec mondomicile. Un vrai râleur et frustré patenté. Heureusement qu'il y a periblog pour qu'il se défoule autrement il se transformerait en Ravaillac attendant Moyrand au coin de la place du coderc. Pour ma part Mimos est une belle fête et il n'y a que certains perigourdins grincheux pour le contester si haut si fort et si mal.

Commentaire de Anonymous Louis , le 8 août 2011 à 08:11  

Belles initiatives de ces commerçants qui affichent autre chose que des plaintes de tiroir-caisse. C'est mieux que de passer son temps à râler sur tout et rien

 

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