Diapason d'argent et ses choristes non-voyants dimanche 24 mars 2013

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Les chanteurs de la nuit prêts pour le Diapason d'argent à Périgueux

Depuis 28 ans déjà, une bande de bons copains de Périgueux anime chaque printemps un festival de  choristes aux tempes argentées qui, autour de répertoires très éclectiques, remplissent allègrement — et à titre absolument gracieux — les 850 places du Théâtre de Périgueux. Cette année, le festival aura lieu le 15 juin.

Parmi les groupes vocaux invités au Diapason d'argent, les plus nombreux sont pour des raisons pratiques périgordins, mais on a parfois entendu des ensembles venus depuis jusque le Jura.

La Charente-Maritime a, dès le départ, constitué un des départements les plus fidèles à ce festival affichant un souci marqué de favoriser les échanges et de permettre à des doyens de voyager, au moins dans la région.

À côté de chanteurs venus de La Rochelle ou de Matha, il y a six ans se sont greffés au festival des choristes non-voyants de Saintes qui ont bouleversé le public périgourdin, tant par leur talent que par leur sensibilité à fleur de peau et leur façon de se balancer aux rythmes des musiques.

Une répétition d'après-midi avec, au 2e plan, de g. à d., MM. Thomasson, Tesnière et Bertinet 2013 © Alain Bernard

Un «  village  » pas comme les autres

La semaine passée, Bertrand Tesnière, président du Diapason d'argent, est allé les retrouver à leur résidence de La Guyarderie. C'est en fait un vrai village de 54 résidents mal et non voyants, où le chant et la musique comptent pour beaucoup.

Ce village s'aligne au long de structures linéaires d'hébergement et de vie qui permettent aux résidents de ne jamais être seuls tout en préservant la personnalité de chacun.

De très longs couloirs garnis de longues rampes de bois émaillées d'indications directionnelles en braille, sont éclairés de baies vitrées laissant voir des jardins potagers où l'on peut soi-même se servir en plantes comestibles.

Le directeur Stéphane Bertinet, un géant de deux mètres, explique que La Guyarderie dépend d'une association privée à but non lucratif, avec des financements publics qu'on redoute toujours de voir diminuer. Caractéristique de l'établissement : certains aveugles y vivent en couple.

L'enjeu de Périgueux

Bertrand Tesnière, qui n'en était pas à sa première visite à La Guyarderie, a pu toucher du doigt l'enjeu de Périgueux pour ces choristes de la nuit qui enchaînent répétitions et concerts.

Le reconnaissant en palpant affectueusement ses mains, des dizaines d'entre eux lui ont demandé, comme pour se rassurer, si le festival avait bien lieu cette année. Et ils n'ont pas caché attendre avec impatience le prochain Diapason d'argent.

D'autres ont expliqué, une nouvelle fois, combien ils avaient aimé, les années précédentes, être applaudis sur la scène du Théâtre périgourdin. Et comment, chaque année, se produire à Périgueux constitue pour eux, dans l'émotion, un bel encouragement.

Cette ouverture a beaucoup touché aussi son accompagnateur André Thomasson, ex-mécano qui au club Vélocio à Périgueux s'occupe d'accompagnement d'aveugles en tandem — activité qui, note-t-il au passage,

« manque de pilotes »

.

Comme le confirme Bertrand Tesnière, le Diapason d'argent, parallèlement à une tendance intergénérationnelle marquée, souhaite bien s'orienter vers le handicap pour montrer notamment comment le chant peut le transcender. Outre la présence de Cassiopea (protection des personnes âgées), les maîtres-chiens d'aveugles de Limoges effectueront le 15 juin, dans cet esprit, des démonstrations attendues.

Auteur Alain Bernard

Les choristes non-voyants avec, à l'accordéon, Michèle et son magique piano à bretelles 2013 © Alain Bernard

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