Hautefort, capitale médicale vendredi 8 mars 2013

Au fil de l'Isle Chaque semaine retrouvez sur Périblog les échos, les chroniques ou d'autres textes rédigés par Alain Bernard

C'est un médecin-radiologue de Digne en Provence qui prête, pour l'année, sa collection de 200 étains médicaux anciens au Musée de la médecine d'Hautefort, rouvrant le 18 mars.

Le docteur Barnier dans la salle Pasteur, dont le mannequin est à gaucheLe docteur Barnier dans la salle Pasteur, dont le mannequin est à gauche 2013 © Alain Bernard

Cette structure associative, partenaire des instances publiques, offre aux visiteurs un ensemble unique, en France et au-delà, de pièces sur l'histoire de la santé.

On y croisait ces jours derniers un passionné, chaudement vêtu pour aménager, avec son épouse, d'ultimes vitrines dans les immenses salles glaciales de l'ancien Hôtel-Dieu du XVIIe siècle. À savoir Louis-Charles Barnier, ex-médecin à Granges-d'Ans, président du musée.

Il expliquait qu'avant l'expo prévue l'an prochain sur la médecine de guerre en 14-18 — centenaire oblige —, ce musée avait déjà accueilli, depuis 1996, des expositions annuelles éclectiques. Ainsi sur Pasteur, honoré dans l'une des salles permanentes ; les soins aux diabétiques ; la cardiologie depuis l'Antiquité ; l'histoire de Clairvivre ; les relations médecine-marine ; l'homéopathie ; la médecine vétérinaire ; la peste, ce fléau, etc.

Casser sa pipe

Des pots en étain en haut d'une vitrine. Nadine Meyer, trésorière de l'association gestionnaire est à droiteDes pots en étain en haut d'une vitrine. Nadine Meyer, trésorière de l'association gestionnaire est à droite 2013 © Alain Bernard

Explication du docteur Barnier au sujet des étains :

« Malgré sa dangerosité par ses risques de saturnisme, l'étain allié au plomb est resté, pendant des siècles, un élément essentiel pour le matériel médical, notamment les récipients. »

De quoi, pour le visiteur, compléter sa découverte, au fil des collections, des lancettes, trépans, clystères, bistouris, ventouses et autres bocaux à sangsues et pots d'apothicaire…

Il faut dire que la leçon de choses, tout au long du parcours, est édifiante. On passe de la radiologie à la chirurgie, des trousses d'intervention aux mallettes d'accouchement, et l'on admire pilons, mortiers et canards verseurs en porcelaine, à côté de codex médicamenteux d'autres temps.

On trouve aussi des matériels médicaux lourds comme les billards chirurgicaux, des équipements devenus rares de radiographie, ou encore tel éclairage de bloc opératoire de campagne. Tout cela provenant de dons au plan national et plus.

On y apprend, au hasard des salles, que l'expression « casser sa pipe » vient de la pipe de terre cuite que le mourant, pressé de ne pas crier, brisait entre ses dents, il y a deux siècles, en défuntant.

Le cabinet dentaire Belle Epoque reconstitué dans une des nombreuses sallesLe cabinet dentaire Belle Epoque reconstitué dans une des nombreuses salles 2013 © Alain Bernard

Dorer la pilule

Autre expression expliquée au cours de cette visite parsemée de mannequins de praticiens et de patients hantant des salles d'opérations et des tas de cabinets médicaux ou dentaires : « dorer la pilule ». Au XIXe siècle, les ancêtres des actuels pharmaciens enrobaient d'une pellicule d'or leurs pilules, pour plaire aux clients… ou peut-être pour renforcer l'effet placebo de traitements inéfficaces.

La congrégation des Soeurs de Nevers a eu, pendant des siècles, la charge de cet hospice qui exhibe toujours le tourniquet où les mères en détresse abandonnaient jadis leurs enfants. Cet ancien Hôtel-Dieu devint également un hôpital militaire en 1914.

Cette origine religieuse explique que, parallèlement aux étains, on va exposer aussi en permanence, des trésors d'habits sacerdotaux qui avaient été laissés dans des greniers par les sœurs quittant les lieux…

Notons encore que, dans une des grandes salles, une vitrine est rajoutée, ce printemps, à la mémoire de Nicolas Jean Faure. Cet opposant à Napoléon, qui découvrit en exil les secrets de l'opération de la cataracte, fut l'un des pionniers de l'ophtalmologie française. Natif d'Hautefort, il y avait été jusqu'alors oublié. Une biographie vient de réveiller son souvenir [ voir à ce sujet le billet du 10/12/012 ].

Contact : 05 53 50 40 27

Auteur Alain Bernard

La préparation d'une opérationLa préparation d'une opération 2013 © Alain Bernard
Dans le cabinet d'un dentiste des années 50Dans le cabinet d'un dentiste des années 50 2013 © Alain Bernard
Des «   canards verseurs   » à profusion, pour donner des médicaments aux maladesDes « canards verseurs » à profusion, pour donner des médicaments aux malades 2013 © Alain Bernard
Étymologie vu par Stick 09/03/2013 © Stick

 


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