Une journée avec Anta – club de tir en Dordogne samedi 12 avril 2014
Saint-Front-sur-Nizonne – La poudre noire des arquebusiers

Ce sont des amoureux des armes anciennes, celles qui, depuis les fusils et pistolets à silex du 18e siècle, ont basculé dans la modernité au milieu du 19e après l'ère napoléonnienne.
Le week-end des 15 et 16 mars, invités par l’Anta (Association nontronnaise de tireurs amateurs) présidée par Gaby Desbordes, ces passionnés étaient, pour un challenge inter-régional, venus du Limousin, de Poitou-Charentes, mais aussi de Saint-Etienne ou de Touraine.
On croisait, parmi eux, tel champion du monde de fusil à silex napoléonien, Alain Ménager, ou bien Jean-Yves Hérault, médaillé d’or de l’arquebuse habitant l’Essonne…

Un sport national
Ils se sont retrouvés sur le stand de Saint-Front-sur-Nizonne, créé il y a un quart de siècle mais toujours amélioré depuis. De même, ils se donnent, à d’autres moments, rendez-vous à Hautefort, à Chinon ou à Pérouges près de Lyon. On compte, en France, quelque 500 tireurs et un millier d’arquebusiers en comptant les collectionneurs.
En Dordogne, ils sont une trentaine et leur siège est justement à Saint-Front-sur-Nizonne où les 17 « poudreux » – comme on les appelle parfois – organisent aussi, le 6 avril, le championnat de Dordogne, toujours sous l’égide de la Fédération française de tir.
Sur deux sites au fond des bois, très bien équipés, l’un à six postes (tir à 100 mètres), l’autre à seize (de 25 à 50 mètres), dans un fracas d’enfer atténué par les oreillettes, debout ou allongés, scrutant à la longue vue leur cible entre deux tirs, ces arquebusiers donnaient leurs tripes pour cette compétition.
Elle n’a d’équivalent périgordin qu’à Hautefort en octobre, donnant un avant-goût des rassemblements nationaux attirant plus d’un demi-millier de tireurs et visiteurs.

Curiosité universelle
S’intéressant à toutes les armes à feu, qu’elles soient de poing, d’épaule ou destinées au duel, qu’elles fonctionnent à allumage à mèche, silex, capsule, amorce ou cartouche, ces arquebusiers sont avant tout de grands curieux.

Des fusils Chassepot et Gras au rouet à mèche du Charentais Didier Mautret en passant par le tir à air comprimé, ils s’intéressent à tout. Et savent tous occuper leur journée autour des panoplies d’armes.
C’est pourtant la poudre noire qui constitue, si l’on ose dire, leur pain blanc. Il fallait, pour s’en convaincre, observer à Saint-Front-sur-Nizonne tel ex-tapissier très motivé de Brantôme ou bien encore ces joyeux Francs-Taupins du Centre-Ouest bourrer méticuleusement de poudre leurs fusils avec une longue tige terminée par de l’étoupe.
C’était d’ailleurs l’occasion de saisir le sens profond de certaines expressions du langage guerrier. Ainsi, à la bataille de Fontenoy, le « Messieurs les Anglais, tirez les premiers… » s’explique par l’hécatombe qu’entraînait au XVIII° siècle, sur les rangs, le fatal espace de temps de la recharge des armes.
De même, l’expression « Passer l’arme à gauche » se réfère au côté qui se révélait le plus meurtrier pour recharger un fusil jadis, sur le champ de bataille…
Régine, la Vénus de la poudre magique
Il fallait aussi aller, pourquoi pas, du côté de chez Régine Pluvieux, pour comprendre comment la coquetterie peut se marier avec la science des armes anciennes.
Elle travaille, « dans le civil », pour le Département mais, sur les stands de tir avec son mari également tireur, elle est la seule représentante en Dordogne d’un sexe qu’on ne peut plus appeler faible. Elle a participé aux championnats de France de Lézignan-Corbières (2012) et La Canourgue (2013).
Avec un cache-oeil planté sur ses lunettes pour mieux viser, avec sa veste multipoches faisant d’elle une nouvelle Diane chasseresse, elle était gaillardement allongée sur une « paillasse » du stand à six postes, entre deux chargements savants de poudre et de balle à glisser dans son canon de fusil.
Elle semblait savourer un bonheur hérité d’outre-temps, au long d’épreuves d’une demi-heure : celui de tirer impunément toute une après-midi à la poudre noire, cette poudre de Perlimpin renouant avec d’autres connaissances chimiques peu ou prou oubliées.
Alchimie et cuisine
Les arquebusiers sont souvent des collectionneurs, qui s’attachent à sauvegarder un patrimoine historique. Ils sont propriétaires de leurs armes, en vente libre, qu’il s’agisse de pièces d’époque ou de répliques venues d’Espagne et d’Italie. Ces répliques sont des objets d’une fine précision.
Un arquebusier peut spontanément, dans son amour du détail, vous décrire par le menu telle arme utilisée outre-Atlantique, dans telle guerre hispano-américaine.
La plupart sont capables d’acquérir une arme d’origine en mauvais état et de la restaurer à l’identique. L’arme n’est jamais acquise avec la recette qui permet de la faire fonctionner. Son nouveau propriétaire doit alors effectuer des essais de dosage et de granulométrie pour la poudre et trouver le bon calibre de la balle afférente. Là, pas de vente en magasin : il faut un moule et couler soi-même ses billes ou ogives !
L’arquebusier doit également décider s’il lui faut une bourre ou pas et laquelle (semoule fine, polenta, bourre en feutre, rondelle de liège), en fonction de l’arme. C’est à la fois de l’alchimie et de la cuisine qui impliquent de bonnes connaissances techniques et mécaniques, et… un petit atelier à la maison !
Des lignées d’arquebusiers
C’est en s’installant en Dordogne que Féodor Bogatyreff, ancien taxi parisien d’origine russe habitant à Coulounieix-Chamiers lança, il y a plus de vingt ans, le mouvement des arquebusiers en Périgord.
Chaque section brasse des tas de gens d’horizons socio-professionnels différents, qu’ils soient gendarmes ou magistrats, mécano ou ancien pompier, comme à l’Anta Alain Lapeyre, de Saint-Martial-de-Valette.
La pratique arquebusière est, en fait, souvent affaire de lignée : à cette rencontre nontronnaise, Michel Poirot, vétéran tourangeaud de la poudre noire, faisait observer que jusqu’à sa petite-fille, sa famille y était totalement impliquée. Autour de la table amicale du premier repas de midi, cette info sympathique se répandait comme une traînée de poudre…
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