Les Cinq Chênes - une ferme-auberge du Périgord Noir jeudi 16 mai 2013

Fermes-Auberges du Périgord Tout au long de l'année nous rendons visite aux fermes-auberges à travers le Périgord
Chez Rémi, repas des bois simples mais copieux
C'est une maison des bois accrochée à la Nature. La comparaison avec celle de Maxime Le Forestier s'arrête là. À Saint-Félix-de-Reilhac, sur un coin de cette forêt Barade encore hantée par la silhouette de Jacquou le Croquant, Rémi Saulière planta un bout de Woodstock à une époque où l'on parlait encore de vinyles et pas encore de MP3.

Au milieu des chênes (dont les cinq légendaires du site) et des champignons sauvages, il a bâti cette maison à portée de voix de la ferme familiale bicentenaire qu'ont conservée, à La Franval, certains de ses neuf frères et sœurs.
« Faire surgir cette construction au milieu des arbres fut pour moi un moyen d'expression, comme pour d'autres la peinture », glisse-t-il avec émotion derrière son collier de soixante-huitard des champs. Comme un clin d'œil à son ami feu le peintre Soliveres, ex-voisin dont une superbe toile orne un mur, parmi des coupures cocasses de journaux…

La Panhard rouge
Entrer aux Cinq-Chênes pour y savourer potage paysan, assiette périgordine, omelette forestière, magret de canard, bourguignon et autres plats du terroir copieux plus que raffinés, c'est pénétrer dans le royaume de Rémi, tapissé de fougères.
Adepte du « fais-le toi-même », Rémi Saulière est fier de produire une bonne partie de son vin délicatement aigre, quitte à compléter la cuvée d'un achat extérieur si son vin vient à faire défaut. En tout cas, il considère sa cave comme un élément essentiel de sa maison sylvestre !
Une Panhard rouge racée et sa moto préférée trônent au milieu des tables de la véranda. Dans la salle voisine plus intime, on passe de son portrait en rocker à des silex et fossiles récoltés alentour.
Rémi Saulière s'assied volontiers à la table de ses habitués, heureux de se rassasier pour une vingtaine d'euros, comme l'autre dimanche Isabelle, venue de Badefols-d'Ans avec son mari Georges, fêter ses 60 ans.

Les philosophes, ses amis
Jeune sexagénaire sans Internet ni portable (il en a un qu'il n'a jamais branché !), il ne se fait guère prier pour conter sa vie rurale et anarchisante.
Il a gardé de ses études de psycho à Clermont-Ferrand le goût des livres — de Charles Péguy à Romain Rolland en passant par Martin Heidegger — et ses chiens ont hérité de noms grecs très philosophiques : Socrate, Platon, Thésée.
Mais il a été aussi bien éducateur de rues (fonction quittée avec fracas…) ou fraisiculteur avant d'ouvrir, aux Cinq-Chênes, début 1982, la première étape moto – jusqu'à 180 motards, un soir. Non sans avoir failli acquérir l'ancien presbytère de Saint-Félix-de-Reilhac, actuellement en restauration.

Les Pink Floyd dans la clairière
Depuis, dans son Auberge de village (selon le nom d'une fédération à laquelle il a adhéré), il a accueilli… les Pink Floyd. Souvenirs : « Ils avaient des attaches en Dordogne, chez Cadenet, au château de Montferrier à Saint-Geyrac, et ils ont fait escale ici, il y a 18 ans, alors qu'ils allaient jouer en concert à Bordeaux. »
Il a lui-même aussi monté des concerts de rock sous les arbres ; eu comme clients le fameux humoriste Piem ; accueilli, sous chapiteau, une promotion des Beaux-Arts de Paris ; reçu bien des randonneurs et des cavaliers ainsi que des internautes de toute l'Europe, notamment des Britanniques.
Après avoir été guidés par le Web jusqu'à sa clairière, les plus fidèles lui envoient toujours des cartes postales...
Pour tous ceux qui viennent chez lui en voiture, il prévient : « Attention à la route à 6 grammes ! » Rien de comparable en tous cas avec ce que jadis on servait à Layotte, aux Eyzies, dans les bois aussi : de l'alcool où avaient trempé des couleuvres ! D'ailleurs les forêts profondes ne se comptent plus que sur les doigts d'une main : Double, Bessède, forêt Barade… Les auberges des bois n'y sont pas forcément légion non plus.

Auteur Alain Bernard | Photo-vidéoreportage William Lesourd
La suite du photoreportage de William





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