Alain Bernard au fil de l'Isle - chroniques 31 DECEMBRE 2012 vendredi 4 janvier 2013

Au fil de l'Isle Chaque semaine retrouvez sur Périblog les échos, les chroniques ou d'autres textes rédigés par Alain Bernard

L'écrivaine et le diplomate

Dominique Moratinos vient de présenter le 26 décembre, au café Le Wilson à Périgueux, un tonique roman bilingue de type policier et d'inspiration autobiographique, « El barbero de Kyrenia (Le barbier de Kyrenia) » (éditions Arka, à Périgueux, 20 euros). Avec ses 143 pages joliment illustrées par Papô Mesnard, il doit beaucoup à son existence passe-frontières.

Fille de la Dordogne, Dominique Moratinos, dont la mère habite Le Change, fut lycéenne à Laure Gatet à Périgueux et enseigna l'anglais à Saint-Jo, après des études à Londres. C'est là qu'elle rencontra Miguel Ángel Moratinos, futur diplomate espagnol de haut vol, spécialiste des Balkans, de l'Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient, devenu émissaire spécial de l'Union européenne pour la paix israëlo-arabe et finalement pour six ans, à Madrid, ministre des Affaires étrangères du gouvernement Zapatero.

Après une vaine tentative pour diriger la FAO ― Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture ―, ce socialiste humaniste est aujourd'hui à Doha, au Qatar, conseiller diplomatique de l'Alliance globale pour la sécurité alimentaire. Avec déjà 17 pays unis, elle vise à susciter, à l'initiative de l'émirat, une nouvelle donne pour la répartition des richesses mondiales.

Pour autant, Miguel Ángel Moratinos ne renonce pas à un retour vers la vieille Europe. Fort de solides amitiés politiques variées, il espère, avec son charisme, créer à terme un mouvement d'inspiration progressiste transcendant les États.

En tout cas, si l'on était bien venu au bar Le Wilson (dont la patronne est elle-même espagnole) assister à la naissance du premier livre de son épouse Dominique ― qui en prépare un autre ayant pour cadre le XIVe siècle ―, on vivait là quelque chose comme l'illustration de la « Moratinomania ». On croisait les amis espagnols et français du couple ; leurs enfants étudiant à Bordeaux ou Londres ; la famille Maunac (côté Dominique) au complet, y compris avec Paul, jeune magicien avec ses tours de cartes ; la sœur de Miguel Ángel vivant à Nontron ; le conseiller général Jean-Paul Daudou, bref un peu d'Europe à l'horizon du vaste monde…

Dominique Moratinos dédicaçantDominique Moratinos dédicaçant Décembre 2012 © Alain Bernard
Miguel Angel Moratinos, entre Périgueux et le QatarMiguel Ángel Moratinos, entre Périgueux et le Qatar Décembre 2012 © Alain Bernard

Robin des bois

Personnage familier de Périgueux avec sa queue de cheval sympathique, Lionel Robin persiste et signe avec une bibliographie déjà riche : il avait déjà accroché ses lecteurs, il y a une demi-douzaine d'années, avec son énigmatique « Clodomir Selvius » ; maintenant, après un crochet chez Pierregord avec « L'œil nomade » et « Les saumons se perdent aussi », c'est aux éditions Couleurs Périgords qu'il s'éclate.

Avec sa femme Nathalie Crémon-Robin, fine photographe, il y avait en 2011 publié un heureux ouvrage « La Dordogne vagabonde » ; là, il vient de sortir « Sous l'écorce, la peau » (191 pages, 15 euros), subtil roman de fiction, pétri de clins d'œil aux légendes fondatrices, bâti en forme de camaïeu d'harmonie entre touffes désespérantes d'arbres inextricables et clairières lumineuses où perce l'espoir.

Pilier de l'hebdo « Réussir le Périgord », Lionel Robin montre donc aussi la voie de « réussir l'écriture ». Ses nouveaux éditeurs, Corinne et Michel Dartenset, ne s'en cachent pas : ils se louent qu'il ait rejoint leur écurie, réunie la dernière fois à Monbazillac.

À voir en vitrine

Au passage Sainte-Cécile, on admire de puissantes peintures à l'huile du toubib François Weber, alliant fiction et figuration. Il va exposer 43 toiles à Shanghaï, sous le titre «  Light & Shadows  », allusion à l'orchestre-culte dont s'est inspirée sa formation périgourdine des Chabert's.

Vitrine insolite, de l'autre côté de la place Bugeaud : Quai 56, spécialiste de produits bretons, présente un énorme menhir blanc en résine…

Enfin, on ne manquera pas, à la devanture du magasin de reliure Legrand, rue Saint-Front, les incroyables personnages de science-fiction en matériaux de récupération — dont des opercules de boîtes de conserve — du sculpteur périgourdin Phil Belair.

François Weber et l'affiche de son expo à ShanghaïFrançois Weber et l'affiche de son expo à Shanghaï Décembre 2012 © Alain Bernard
Le menhir de la place BugeaudLe menhir de la place Bugeaud Décembre 2012 © Alain Bernard
Les personnages de récup de Phil BelairLes personnages de récup' de Phil Belair Décembre 2012 © Alain Bernard

Sous la terre, la gloire

Serge Avrilleau, aujourd'hui à Marmande, a pendant un demi-siècle hanté les cluzeaux aériens sur falaises ou souterrains du Périgord, en tentant d'obtenir qu'ils soient mieux protégés ― sur des centaines, seuls quelques-uns le sont. Aux éditions PLB au Bugue, il a publié la nomenclature d'une partie d'entre eux… et il continue. Le 20 décembre, il a reçu le prix de la Fondation du patrimoine de l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. Il y a croisé Guy Penaud, honoré pour son « Yves Guéna ».

Les Alsaciens leur doivent beaucoup

Des couples studieux nourrissent parfois une belle synergie. Ainsi en Préhistoire le couple de Brigitte et Gilles Delluc, ont parlé ce mercredi dernier de Cro-Magnon à la Société historique. Pour leur part, côté étude du monde contemporain, Catherine et François Schunck ne sont pas en reste !

Ces Périgourdins, déjà engagés dans la vie associative pour le billard ou le petit patrimoine (ainsi les croix de Périgueux…), ont en quelques années mené un travail de forçats pour rendre compte d'un fait majeur du Périgord du XXe siècle : le repli en 1939 des habitants de Strasbourg et d'une grande partie du Bas-Rhin, comme ceux d'autres départements prévus de longue date en cas de guerre, ainsi Agen et le Lot-et-Garonne pour Colmar et le Haut-Rhin.

Après maints allers-retours avec le Bas-Rhin, de longs travaux d'archives, le recueil de montagnes de témoignages ou bien encore des animations de « cafés historiques » en Alsace, ils avouent avoir

« presque épuisé le sujet ». En effet, les éditions Alan Sutton viennent de publier « Réfugiés alsaciens et mosellans en Périgord sous l'Occupation » (168 pages, 21 euros).

Après les multiples pages consacrées à l'arrivée, à l'installation et à la vie des Ya-Ya, puis au rapatriement de la plupart d'entre eux en Alsace ― où bien des désillusions les attendaient ―, c'est cette fois l'histoire de ceux qui sont restés, de ceux qui furent expulsés d'Alsace, de ceux qui se sont évadés ou ont rejoint la Résistance.

Des livres ont paru à ce propos en Alsace. Ici, grâce aux Schunck ressurgissent des figures comme les Mangold résistants père et fils, l'évêque Ruch face à sœur Philomène, les Wieder victimes de l'antisémitisme, etc. Mais aussi réapparaissent de vraies institutions comme les grosses usines Bata entraînées par la guerre sur les bords de l'Isle…

Catherine et François SchunckCatherine et François Schunck Décembre 2012 © Alain Bernard

Veillée du cœur

C'est au vendredi 1er mars au Théâtre de Périgueux qu'a été fixée la Veillée du cœur organisée annuellement par les Restos du cœur et l'association citoyenne Créer. Comme d'habitude, on payera son entrée avec une boîte de conserves.

Des vers et des lignes

Réunis jeudi aux Thétards près de la tour Mataguerre à Périgueux, comme chaque dernier jeudi du mois à 20 h 31, le club de poètes Les Hydropathes a été sollicité pour un rendez-vous littéraire d'un après-midi, au printemps, par l'Université du temps libre. Il recevra par ailleurs, le 31 janvier, un poète et traducteur américain vivant près d'Excideuil, Stephen Spsartarelli.

Enfin, à noter la publication de « Les Femmes » de Michel Dansel, auteur ayant des attaches en Périgord et qui classe ses héroïnes en « sournoises, mutualistes et privatisées ». Aux éditions Michel Thaler (68 pages, 12 euros).

Et prochainement après ces échos...


Une lettre de Teddy Roosevelt

À la charnière des années 2012-2013, à l'occasion de classements d'avant le centenaire de l'éclatement de la Guerre 1914-18, Alain Sartre, président du Musée militaire de Périgueux et Jacques Faucoulanche, l'un des membres de l'équipe dévouée qui l'anime, viennent de tomber sur des documents qui éveillent l'intérêt.

Ils sont en rapport avec la mort, le 14 juillet 1918, dans le ciel de l'Aisne, de l'aviateur Quentin Roosevelt, fils benjamin de Theodore Roosevelt (parent du futur Franklin Delano Roosevelt de la 2ème Guerre mondiale), président des États-Unis de 1901 à 1909. Ils comportent des éléments directement en rapport avec lui, ainsi qu'une photo dédicacée par le président au Musée militaire. C'est sans doute une « marraine de guerre » périgourdine qui est à l'origine de ces papiers, qu'au musée l'on savait plus ou moins posséder, sans savoir exactement où…

Périblog retransmettra toute information nouvelle susceptible d'éclairer la présence de ces documents franco-américains — appeler le 06 03 56 37 88

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Jacques Faucoulanche et Alain SartreJacques Faucoulanche et Alain Sartre © Alain Bernard
Auteur Alain Bernard


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