Alain Bernard - Nicolas-Jean Faure un héros maudit lundi 10 décembre 2012
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Le médecin périgourdin qui brava Napoléon
La salle des mariages de la mairie d'Hautefort a vécu jeudi dernier à l'heure non pas d'épousailles mais de retrouvailles : plus de deux siècles après sa naissance à un tir d'escopette du château, au Fornial en 1782, le maire Yves Moreau saluait la mémoire de Nicolas-Jean Faure, tombé dans l'oubli... mais ressuscité par « Le médecin périgourdin qui brava Napoléon ».

Cet ouvrage vient d'être publié à Périgueux par les jeunes éditions Couleurs Périgords, avec l'aide de l'Institut Eugène Le Roy, dont le président Gérard Fayolle a assuré la préface.
Faure a connu deux vies. La première, c'est celle d'un étudiant en médecine anti-bonapartiste et royaliste — en fait, avant tout, une âme rebelle — qui conspua, juste après le sacre, en pleine revue militaire au Champ-de-Mars à Paris, le nouvel Empereur. La seconde, celle d'un pionnier de l'ophtalmologie française, notamment de l'opération de la cataracte révélée lors d'un exil allemand lié à cette folle révolte.
Sauvé par le typhus
Ayant découvert son existence par trois lignes sibyllines dans le dictionnaire biographique périgourdin de Jean-Marie Galy, notre confrère Alain Bernard a cherché aux Archives départementales et nationales ainsi qu'en divers lieux de mémoire hospitalière, militaire ou scientifique, des traces de cet esprit fort qui, en détention à Charenton, connut le marquis de Sade ; sauva Limoges du typhus, ce qui lui valut une amnistie ; soigna les yeux de la duchesse de Berry comme ceux des plus miséreux ; côtoya le grand médecin Dupuytren, mais polémiqua avec Dominique Larrey ; mit entre autres au point l'opération du bec-de-lièvre ; termina conseiller municipal à Hautefort.
On connaît surtout ce que Faure a écrit de lui-même de façon avantageuse. Mais on sait cependant que ce fort en gueule, épistolier impénitent, était vraiment un homme généreux qui n'hésitait pas à interpeller un aveugle dans la rue pour l'amener chez lui et l'opérer.
Curieux de tout dans un domaine médical moins spécialisé qu'aujourd'hui, cet ambitieux petit-fils de paysans se faisait, en réalité, une très haute idée de la médecine. Comment expliquer un oubli tel que les membres de la société savante locale, Hautefort Notre Patrimoine (HNP), présents aux côtés d'autres de la Société historique du Périgord (SHAP) dans la salle ornée des aquarelles de Maguy Constanty, confessaient ne point le connaître ?

Une expo contre l'oubli ?
Le docteur Barnier, initiateur du très intéressant Musée de la médecine d'Hautefort, se promettait de favoriser une prochaine exposition sur Nicolas-Jean Faure. Pour expliquer la disparition de Faure des mémoires (sa tombe elle-même n'a pas été retrouvée), l'un des grands mystères de cette rencontre, il suggérait qu'il avait peut-être payé là de s'être attaqué à des géants comme Napoléon et de grands médecins.

D'autres penchaient pour le caractère impossible de ce héros solitaire, lié à quelques affaires tortueuses d'après-Empire, avide d'honneurs et de décorations, souvent violent et procédurier, et dont on conserve des traces judiciaires. Certains auraient-ils voulu localement l'oublier ?
Mais on retiendra spécialement la participation d'habitants du Fornial, le hameau natal de Faure, venus avec émotion aux nouvelles. C'était bien sûr Philippe Chariéras, membre actif de HNP ayant largement aidé aux recherches sur Faure, mais aussi des Européens du Nord, Néo-Périgordins fiers d'habiter dans sa belle maison natale ou d'avoir restauré d'historiques demeures de pierre alentour. La boucle était bouclée, Faure connaissait là une nouvelle jeunesse !
« Le médecin périgourdin qui brava Napoléon »
Alain Bernard — Éditions Couleurs Périgords, 137 pages, 18 euros

Auteur Alain Bernard
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