Patrick Ollier ou la fable du joker menteur lundi 26 novembre 2012

Une analyse sur la politique locale, rédigée par le journaliste Pascal Serre

Patrick Ollier ancien président de l'Assemblée nationale et ancien ministre des Relations avec le Parlement, natif de Périgueux, marié à Michèle Alliot-Marie serait-il candidat aux prochaines élections municipales dans la capitale périgourdine ?

Venu en voisin — il possède une maison à Saint-Germain-des-Prés proche d'Excideuil — lors du dernier meeting de François Fillon à Périgueux le 15 novembre dernier, Patrick Ollier, actuel maire de Rueil-Malmaison depuis 2004, pourrait-il être parachuté à Périgueux pour les prochaines élections municipales de 2014 ?

Né à Périgueux en 1944, possédant une maison familiale sur la commune de Saint-Germain-des-Prés où avec son épouse Michèle Alliot-Marie il vient se ressourcer, Patrick Ollier a un destin politique plutôt brillant au sein de la mouvance gaulliste.

L'homme qui a pris la suite de Jacques Baumel, gaulliste historique, à la mairie de Rueil-Malmaison en 2004 et apprécie les balades sur les marchés de Périgueux a été érigé en homme providentiel au travers d'une rumeur basée sur des prétendus échanges entendus lors de sa venue.

Patrick Ollier © Droits réservés

Une rumeur balayée par les prétendants

Pour Philippe Cornet candidat à la candidature

« C'est un bruit qui court mais je n'y crois absolument pas. Après avoir été élu dans des départements divers je ne le vois pas parachuté à Périgueux où il n'a aucun relai »

.

De son côté Jean-Paul Daudou, autre prétendant à la candidature

« les rêves ne sont que des rêves qui alimentent les rumeurs. Aux municipales les parachutages n'ont jamais fonctionné et les parachutés toujours été sanctionnés par les électeurs. »

Pour Jérôme Peyrat, président de l'UMP en Dordogne

« Franchement je ne pense pas que Patrick Ollier soit candidat. Il est député-maire d'une ville de 90 000 habitants avec beaucoup de projets. Son attachement au nord de la Dordogne est affectif et familial. Je parle souvent avec lui et il n'évoque pas cela ».

Pour Laurent Mossion délégué de la première circonscription du mouvement gaulliste

«  C'est une idée lancée après le meeting de Fillon où Patrick Ollier évoqua sa famille et son attachement au Périgord. Rien qui justifie cette rumeur de candidature à Périgueux. Patrick Ollier est le maire de Rueil-Malmaison.

Je remarque qu'Hervé Chassain (journal Sud-ouest, NDLR) avait avancé l'hypothèse Michèle Alliot-Marie au lendemain du repas du 18 juin. On a fait le tour de la famille.

En réalité nous avons deux candidats à la candidature qui sont Philippe Cornet et Jean Paul Daudou. »

Il en est de même pour Patrick Ollier qui se déclare même étonné par cette rumeur.

Une unanimité qui devrait mettre un terme à ce bourdonnement que certains militants naturellement bien intentionnés alimentent.

Le tango des soupirants

À l'heure du tsunami qui frappe l'UMP au niveau national la fédération de Dordogne affiche son apaisement par un consensus auquel son président Jérôme Peyrat est, par nature, adepte. Cette rumeur de parachutage se voit ainsi balayée sans pour autant réduire le débat nécessairement démocratique qu'entraîne la présence des deux soupirants à la mairie de Périgueux.

La querelle des anciens et des modernes prospère au grand désespoir des détracteurs de Michel Moyrand. Ces derniers, pour les plus engagés, maintiennent que l'hypothèse d'un parachutage de Patrick Ollier pourrait concilier des maréchaux dont l'union transformerait leur rêve en réalité.

Jérôme Peyrat reprend plus que jamais cette citation empruntée à Antoine de Saint Exupéry :

« Pour ce qui est de l'avenir, il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible… »

Le président de la fédération de l'UMP de la Dordogne devra déployer des trésors de diplomatie pour que la coalition des candidatures se réalise et que les instances parisiennes n'immobilisent pas ce tango.

On le sait, le tango est une danse d'improvisation. Les pas ne sont pas prévus à l'avance mais les deux partenaires marchent ensemble vers une direction impromptue à chaque instant. Un partenaire guide l'autre, qui suit en laissant aller naturellement son poids dans la marche, sans chercher à deviner les pas.

Un parachutage serait un premier échec

Quelques évidences contrarient cette rumeur. Tout d'abord, un parachutage serait extrêmement dangereux car une élection municipale se gagne notamment par l'ancrage presque ethnique des candidats ce qui n'est pas le cas de Patrick Ollier ; ensuite, pourquoi celui-ci abandonnerait-il une situation extrêmement favorable qui lui assure presque une rente de situation ; enfin, c'est passer sous silence les ambitions affichées par Jean-Paul Daudou et Philippe Cornet qui remplissent leurs feuilles de route et sont incontournables dans la future bataille de 2014.

Dans les deux écuries les talents et les espoirs sont plutôt en surnombre et n'attendent finalement qu'une seule chose : une solide harmonie entre les deux impétrants. Un parachutage ne serait qu'un aveu d'échec qui handicaperait un succès attendu.

Cette échéance municipale sera politiquement favorable à la chronique d'une revanche annoncée. L'échec de ce rendez-vous pour les protagonistes de cette grande mêlée ne sera pas toléré par les instances nationales. C'est un défi qui dépasse les bisbilles locales et l'unité sera imposée si ce n'est recommandée par l'UMP nationale même recomposée. Passées les recommandations parisiennes et si rien ne vient répondre sur les rives de l'Isle tout redeviendra possible. Pour l'heure, cette rumeur pourrait se résumer à une fable : celle du joker menteur.

Auteur : Pascal Serre

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