Jean-Paul DAUDOU : l’appel du 26 septembre jeudi 27 septembre 2012

Une analyse sur la politique locale, rédigée par le journaliste Pascal Serre

Avec Jean-Paul Daudou candidat aux prochaines municipales sur Périgueux c'est le retour des gaullistes au premier plan des joutes électorales. Les similitudes avec l'appel du 18 juin 1940 sont nombreuses.

Jean-Paul Daudou expose son programme pour les prochaines législatives - par Pascal SerreLe 26 septembre, Jean-Paul Daudou annonçait officiellement sa candidature à la presse 26/09/2012 © Pascal Serre

Face à la déroute permanente de l'UMP en Dordogne dont on sait qu'Yves Guéna en est affecté, le grognard Jean-Paul Daudou s'est placé en recours. Du moins pour les prochaines élections municipales de Périgueux de 2014. La défaite de Xavier Darcos avait fortement contrarié Yves Guéna lequel durant quarante ans avait ferraillé avec une gauche omnipotente avec succès. Les gaullistes périgourdins avaient pris du plomb dans l'aile et leur

« certaine idée de la France » en panne dans une Droite locale rajeunie et ratatinée multipliant les défaites et dans laquelle de toute évidence ils ne se retrouvaient pas.

Daudou entre en dissidence

La candidature de Jean-Paul Daudou veut mettre un terme à cette dérive. Celui-ci avait pris soin de faire acte de candidature par écrit dès juin 2010 en veillant à proposer un ticket Daudou-Cornet. Sans réponse.

Au lendemain des défaites des présidentielles et législatives Jérôme Peyrat, président de l'UMP taisant cette lettre, en l'absence de Jean-Paul Daudou avait envisagé

« Philippe aux municipales ». Ce fût un tollé et on lui rappela « qu'il y avait deux candidats et qu'il fallait tout faire pour qu'ils fassent équipe ensemble » selon un participant. Surpris le Président départemental de l'UMP évoquait déjà de faire trancher la chose par les instances nationales.

Dès lors Jean-Paul Daudou ne pouvait qu'entrer en dissidence. D'autant qu'Yves Guéna le pressait d'envisager sa candidature et que Xavier Darcos lui apportait son soutien.

Jean-Paul Daudou candidat aux municipales de 2014 à Périgueux - par Pascal SerreJean-Paul Daudou ouvre sa liste à des « gens expérimentés, avec du sang neuf, actifs et motivés » 26/09/2012 © Pascal Serre

Cependant rien n'est perdu !

L'adoubement par Yves Guéna et Xavier Darcos du candidat Daudou n'émeut nullement le désormais second couteau qu'est devenu Philippe Cornet. Celui-ci se dit

« ouvert à toutes les formes de consultations possibles » tout en rappelant «   je suis le leader de l'opposition municipale mais je ne revendique pas d'être une tête de liste de droit divin ».   Il y a pour le moins dans ses déclarations un air de chronique d'une négociation annoncée. Jérôme Peyrat encore président d'une UMP qui se cherche et dont la place est soumise aux pressions de prétendants tel que Dominique Bousquet, le conseiller général et maire de Thenon, témoigne d'un agacement mou qui renvoie la fronde gaulliste locale vers les instances nationales. Mais, comme le disait le général de Gaulle en juin 1940 : « Cependant rien n'est perdu ! » Et les gaullistes périgourdins le savent bien.

Deux listes à droite ?

En annonçant officiellement sa candidature à la presse, Jean-Paul Daudou se réclamant de la plus pure tradition gaulliste a pris d'ores et déjà rendez-vous avec les Périgourdins. Sa liste ne sera pas partisane et l'émanation d'un parti, en l'occurrence l'UMP même s'il en attend l'assentiment. Il en fût ainsi du général de Gaulle à chaque échéance de l'histoire.

Sans nuance, Jean-Paul Daudou assène à la municipalité sortante des flèches que les Périgourdins apprécieront.   Il qualifie notamment la gestion du maire de Périgueux de misérabiliste. Terme que certains qualifieront d'excessif mais qui marque les esprits.

Pêle-mêle il a présenté les lignes directrices d'un programme qu'une quinzaine de fidèles l'ont aidé à préparer. Quelques évidences qui séduiront les électeurs y figurent. Elles augurent d'une une campagne dure pour 2014. D'autant que, même évoquant des primaires avec Philippe Cornet, Jean-Paul Daudou déclare vouloir aller jusqu'au bout. Il ne prend pas de grand risque car le piège des primaires ne saurait prospérer. Reste les instances nationales qui pourraient investir Philippe Cornet. À ceci Jean-Paul Daudou répond en disant que l'on comptera les troupes à l'issue du premier tour.

Michel Moyrand ne commente pas

Cette candidature ne trouble nullement Michel Moyrand qui déclare :

« Je ne commente pas et je travaille. J'ai dix-huit mois devant moi. »
Celui-ci n'est pas surpris car la rumeur persistante sur la probable candidature de Jean-Paul Daudou était devenue une certitude. Michel Moyrand a été élu sur un projet et il fera tout son possible pour le mener à son terme.

Il est vrai que le maire de Périgueux a toujours dit :

« Ce sont les électeurs qui jugeront sur mes résultats… » Mais il n'empêche que Jean-Paul Daudou est, pour les amis de Michel Moyrand, « le candidat le plus sérieux, le plus difficile » ce qui ne peut que troubler la bonne rentrée du tombeur de Xavier Darcos. Il y a dans le maire de Périgueux une posture hollandiste évidente. D'ailleurs, il devra compter avec un contexte national qui s'annonce difficile et ne manquera pas de le fragiliser s'il se lance dans un second mandat.

Alors Périgueux retrouvera sa liberté et sa grandeur

La geste gaullienne de Jean-Paul Daudou ne manque pas de panache. On pourrait transposer – toutes proportions gardées – l'appel du candidat gaulliste dans l'âme à celle du général un certain 18 juin 1940 :

« Voilà pourquoi je convie tous les français où qu'ils se trouvent, à s'unir à moi dans l'action (…) et dans l'espérance. » La comparaison bien qu'osée et disproportionnée s'arrête là.

Les temps ont changé ; les Périgourdins quoique désabusés par la vie publique ne sont pas dans un péril majeur. Mais Jean-Paul Daudou affiche sa volonté de redonner tout son lustre et ses ambitions à une cité que jadis les actuels locataires de la mairie appelaient

« la belle endormie ». Les Périgourdins trouvent toujours leur ville belle et… endormie. Nous dirions aujourd'hui chloroformée.

Les enjeux d'une élection

Il est clair qu'en 2008 c'est plus Xavier Darcos qui fut sanctionné que Michel Moyrand plébiscité. 113 voix firent la différence.

Après sa surprise et ses hésitations Michel Moyrand et son équipe se sont mis au travail dans une certaine indifférence de l'électorat. Certains choix tels que la nouvelle mairie ou encore l'abandon du projet de réhabilitation du bas Saint-Front, le Festival art et eau et le lent déclin du Salon international du livre Gourmand vers une dimension régionale sans oublier les bisbilles avec MNOP qui pourraient relever de querelles de personnes seront-ils sanctionnés ? Entre les caquetages de comptoirs et l'isoloir il y a un monde.

La sociologie de la ville a été modifiée et le passé succombe devant l'accélération d'une société en profonde mutation. Il reste toutefois un creuset électoral qui privilégie sa ville au détriment des idéologies. Cela n'a pas échappé à Jean-Paul Daudou qui entend ouvrir sa liste à des

« gens expérimentés, avec du sang neuf, actifs et motivés ». Il n'hésite pas à dire que l'équipe du maire actuel est faite « d'amateurs ». C'est oublier que si Michel Moyrand brigue un second mandat il ne manquera pas de modifier sa liste et que les sortants pourront se targuer de l'expérience acquise.

Plus que jamais les jeux sont réouverts. Le pari de Jean-Paul Daudou et ses chances de réussite passent par la constitution de sa liste qui devra compenser les inévitables remarques de come-back et de remake dont elle sera affublé. Ce sera là la clef de son éventuelle réussite. Si c'est le cas, on pourra parler dans l'histoire locale, évoquant le destin de Jean-Paul Daudou de

« L'appel du 26 septembre ».

Auteur : Pascal SERRE

Jean-Paul Daudou expose son programme pour les prochaines législatives devant une audience attentive - par Pascal SerreUne audience attentive 26/09/2012 © Pascal Serre

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Commentaire de Anonymous o2vie , le 28 septembre 2012 à 17:07  

au delà des divisions internes et du fait que de nombreuses personnes de droite ne veulent pas de Philippe Cornet, Périgueux a perdu ses electeurs UMP, regardez où votent les commerçants...

une chance peut-être, des bruits circulent sur l'éviction de Moyrand par ses "propres amis"

Commentaire de Anonymous Bonnal , le 29 septembre 2012 à 08:13  

Malheureusement il ne fait pas le poid et ne peux faire oublier Xavier Darcos! Je pense que Monsieur Cornet est le mieux placé!

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 29 septembre 2012 à 10:42  

Nous ne devons vivre sur des mémoires souterraines. la modernisation et l'ouverture sont d'actualité. La population périgourdine, la vraie , celle qui subit les attaques incessantes de la municipalité actuelle n'est pas dupe.Nous avons vu M Cornet se battre en tant que chef de l’opposition, et ne pas rester en embuscade, pour faire vivre et faire survivre "cette ville endormie", en pointant du doigt sur les problèmes majeures de notre ville.
Aujourd'hui ce qui incombe est de se rallier, d'unir nos forces derrière M Cornet qui est présent sur tous les fronts depuis quatre ans, et pas exclusivement dans des mondanités. Actuellement, nous accepterons que M Cornet porte le N°2 sur son "dos UMP" uniquement pour rappeler à certain leur rôle de second plan.
Merci à vous de soutenir le combat de M Cornet, et à maintenir son rôle de leader de l’opposition et de l'UPM.

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 1 octobre 2012 à 22:30  

Si Michel Moyrand se représente en 2014, nul doute qu'il aura le soutien plein et entier de son parti et aussi le soutien des grands élus du département : B.Cazeau, C.Berit-Debat, P.Deguilhem, G.Peiro, C.Langlade et de nombreux élus de la CAP. Qui dit mieux dans son camp ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 2 octobre 2012 à 09:44  

Est ce vraiment prudent de la part de Mr Doudou de refaire surface sachant qu il avait annoncé qu il s arreterait apres les cantonales?de plus,ses convictions pour la ville me paraissent bien maigres vu son absenteisme total lors des législatives....

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 2 octobre 2012 à 11:02  

Boudu... ça c'est de l'analyse politique de haute volée, M. Serre!
Daudou en de Gaulle le 18 juin 1940, la municipalité actuelle c'est quoi? le gouvernement de Vichy? Sympa, et si mesuré!
Tout dans la nuance quoi.
Le gaullisme de Daudou se limite à la réactualisation du clientélisme Guéna de la belle époque. Quant à Cornet, il a effectivement du souci à se faire s'il doit passer par les fourches caudines de la primaire...

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 3 octobre 2012 à 18:27  

Intéressant ce que "disent" les photos de la présentation de la candidature de JP Daudou : sept personnes, si on enlève les journalistes du premier rang...
ça s'appelle un lancement en force ça !

 

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