Michel Moyrand : l'année des méduses samedi 4 août 2012

Une analyse sur la politique locale, rédigée par le journaliste Pascal Serre

Au cœur de l'été sous le titre « les fers au feu du maire de Périgueux » le journal Sud-Ouest a retranscris un entretien accordé par Michel Moyrand. Sur une mer d'huile Michel Moyrand navigue sans se soucier des méduses.

En communication politique c'est un exercice plutôt réussi que celui de Michel Moyrand face au journaliste de Sud-ouest. L'entretien publié le 1er août, entend faire un état des lieux des dossiers évidemment chauds de l'été. Un exercice estival qui est une sorte de marronnier juste avant MIMOS qui célèbre le mime dont on dit qu'il consiste à interpréter un récit évocateur qui se conjugue librement, au présent, avec l'imaginaire du spectateur qui le reçoit. C'est ainsi qu'il a pu être inaccessible aux censures car son écriture est une interprétation.

Du mime à la communication politique du maire de Périgueux la comparaison n'est pas incongrue.

Tout y est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une vraie mer d'huile recouverte d'un ciel azuré ouvert qui nous porte au… septième ciel. Le maire de Périgueux évoquant la desserte de Périgueux en TGV par un

« il n'y a pas de place pour le silence », parlant de la restructuration de l'hôpital avec « on a pris beaucoup de retard » et, évoquant le rachat de la Sernam en se plaignant que « les discussions n'avancent pas vite » et faisant appel à l'État pour débloquer le dossier. Un maire normal avec des dossiers normaux. Cette vision réductrice impose un regard approfondi.

Une municipalité silencieuse


Michel Moyrand ...un patron qui a chloroformé ses troupes et dirige avec une inclination autocratique non seulement le destin de sa ville mais, aussi, le sien propre. © Pascal Serre  
Depuis son arrivée Michel Moyrand a progressivement pris les habits de sa fonction. Il s'est imposé. Là où l'on voyait un homme sans excès, presque gris et à l'autorité modérée c'est désormais un patron qui a chloroformé ses troupes et dirige avec une inclination autocratique non seulement le destin de sa ville mais, aussi, le sien propre.

Si les adjoints ont succombé à cette posture, si le personnel subit sans trop rechigner les consignes venues d'en haut est-ce y voir un renoncement ? Il flotte pour le moins une sorte de désabusement feutré. Le silence est de mise dans les couloirs de la mairie et personne ne souhaite s'exprimer prétextant des consignes qui laissent au seul maire l'expression de la voix municipale. Les dossiers sensibles tels que le transfert de la mairie ou la galerie marchande prévue sur la place Montaigne ne sont évoqués qu'en aparté. On en comprendra les raisons.

Le cabinet du maire un temps affublé d'actions plus politiques pour ne pas dire politiciennes est cantonné à des missions administratives. Le service communication se limitant à un service minimum. Rien de répréhensible mais, quand même, un sentiment de bunkérisation qui contraste avec le caractère militant et, il faut le dire profondément démocratique de Michel Moyrand.

De même, l'exercice du pouvoir réduit les marges de manœuvres des idéologies et programme généreux des candidats élus.

Est-ce là une traduction de l'exercice du pouvoir qui transforme les hommes et contrarie les idées les plus généreuses ? Pas seulement. C'est vraisemblablement une réaction toute personnelle qui répond aux légitimes inquiétudes d'une échéance électorale qui sanctionnera un maire normal qui appréhende l'échec toujours probable et l'amène à s'enfermer dans son arène. La sérénité affichée n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît. Certains prétendent que le pouvoir ne se partage pas ; Michel Moyrand semble avoir adopté cette approche. L'homme est fragile, inquiet de nature. S'il aime le débat, il l'aperçoit désormais comme une opposition. Quelques blessures ou désillusions peuvent expliquer ce sentiment. Et pourtant, si on excepte le pari de la nouvelle mairie autant qu'un manque d'ambition pour Périgueux, pour l'heure, le maire est plutôt en meilleure situation qu'au début de son mandat.

Une opposition en point d'interrogation

Au lendemain des pénibles élections législatives qui ont vu Philippe Cornet mordre la poussière une réunion de débriefing de l'UMP aurait été particulièrement houleuse. Le candidat malheureux prétendant en 2014 au fauteuil jadis occupé par Yves Guéna puis Xavier Darcos se serait vu tancé. La vieille garde gaulliste retrouvant quelques couleurs pour pousser son pion : Jean-Paul Daudou.

Même si Philippe Cornet conteste une situation pour le moins difficile dans son élan, il lâche bravement :

« L'investiture sera donnée par le national et jusqu'à présent le job de l'opposition c'est plutôt moi qui le fait ! » Jean-Paul Daudou restant sur le sujet si ce n'est muet pour le moins évasif.

Les jeux restent ouverts mais diablement douloureux. Le temps de la reconquête est encore loin et le climat est loin d'être au beau fixe pour cette opposition qui a du mal à s'imposer.  

Les méduses de 2014

Alors que l'UMP se cherche et même recherche un candidat, éventuellement parachuté, que la municipalité de Michel Moyrand avance cahin-caha sans tracas particulier, le périgourdin moyen s'est fait tout aussi désabusé sur cette normalité finalement peu euphorique. Cette vision presque sereine n'est que passagère.

L'embellie des élections passées largement favorables à la gauche aura d'ici la prochaine municipale connue les affres du pouvoir et l'on sait que le contexte national ainsi déroulé sera moins favorable à Michel Moyrand. Pour ce dernier, ce sera l'année des méduses, celles qui piquent et peuvent entrainer en surnombre la mort.

Dans la mythologie grecque nous relèverons le mythe de Méduse et des Gorgones. C'est de l'union entre deux divinités marines, Phorcys et Céto, que naquirent les Gorgones, trois filles nommées Sthéno symbolisant la force, Euryale celle qui erre dans le monde et Méduse à laquelle est associée la ruse. Sthéno et Euryale étaient immortelles et Méduse mortelle.

À laquelle les périgourdins associeront-ils les prétendants à leur destin ? Si l'on reprend la devise de Périgueux

« je puise ma force dans la fidélité de mes concitoyens » on a un début de réponse.

Auteur : Pascal SERRE

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Commentaire de Anonymous Anonyme , le 4 août 2012 à 19:06  

Si les jeux sont pas faits m.moyrand risque de payer la somptuaire mairie dont les occupants salariés actuels disent que ce n'était pas indispensable et que l'on pouvait aménager les locaux actuels à moindre frais Pour ma part il y avait mieux à faire le bas saint-front par exemple ou améliorer la circulation dans la ville ( et le stationnement). Faut reconnaitre à xavier darcos qu'il volait un peu plus haut que michel moyrand non ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 5 août 2012 à 11:50  

Pour avoir connu les différentes municipalités la période de monsieur daudou reste une référence pour les employés de la mairie. C'est vrai que maintenant il vaut mieux se tenir à carreau. La politisation est forte et il vaut mieux être socialiste.

Commentaire de Anonymous Patrick , le 6 août 2012 à 12:00  

Daudou face à Cornet c'est le succès assuré pour michel moyrand. Vive la politique !

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 7 août 2012 à 15:11  

Michel Moyrand fait surtout ce qu'il peut! Il arrive tôt à la mairie et repart tard! C'est un travailleur certes taciturne à l'écoute de ses administrés, et si Serre écrit bien et que l'on sent qu'il n'est pas gaucher, il faut souligner quelques belles envolées, l'homme écrit bien! Toutefois, la critique est facile, l'Art plus difficile!

Commentaire de Anonymous DM (sur Facebook) , le 8 août 2012 à 00:44  

Si être dans l'opposition c'est "faire le job de l'opposition" au lieu d'apporter des idées constructives ou un appui lorsque cela est nécessaire, que celle-ci ne s'étonne pas de ne pas attirer à elle les électeurs et qu'elle ne vienne pas chialer quand elle prendra une veste...

 

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