Notre démocratie en danger samedi 16 juin 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu impartial, rédigé par le journaliste Pascal Serre


Dimanche 158 184 électeurs sur les deux circonscriptions du Bergeracois et de la Vallée de l’Isle sont appelés pour élire leur député. Sans surprise sur les finalistes dont, bien souvent on a mélangé les genres. Il en fut de même pour les élus du premier tour. Face à la mondialisation, nos députés sont souvent des godillots désorientés. Notre représentativité démocratique est en danger. Le temps du sursaut est arrivé.

Le député du troisième millénaire n’est pas le député de Papa dont c’est justement la fête en ce jour d’élection. Le clientélisme bon enfant qui est toujours de mise dans notre département est révolu. Le Périgordin plus enclin à voir ses enfants dans la fonction publique que dans l’exercice périlleux de la création d’entreprise ; habile à la chasse aux subventions et aides désormais paraplégiques de l’État a une vision confuse et erronée de son député.

Tout d’abord, le député n’est pas élu local. Trop souvent durant la campagne on a privilégié les problèmes locaux au détriment des enjeux nationaux et, pire, européen. L’élection des députés doit concilier intérêt général, proximité et démocratie.

Le mode d’élection actuel a atteint ses limites. Il privilégie trop les questions locales au détriment des problèmes de notre pays. Ce n’est pas au député de décider de l’implantation d’une zone d’activités, d’une piscine ou d’une résidence pour personnes âgées. Le mode d’élection basé sur la circonscription brouille cette perception.

Le député n’est pas élu pour représenter une circonscription, mais pour représenter la Nation. Le cumul entre mandats national et local entretient cette confusion ; l’absence de proportionnelle aussi ; l’incompréhension des compétences consécutive aux traditions ancestrales et cultivée dans la relation clientéliste entre le député et ses électeurs étant le point d’orgue de ce désordre mental. C’est ainsi que furent absents des débats les sujets majeurs de la France.

Des indispensables ajustements constitutionnels, à l’Europe en passant par l’austérité de nos services publics et le désengagement de l’État dans nos terroirs les candidats ont bien souvent fait l’impasse. Ou, pour le moins, n’ont pas affirmé leur vision d’une France en bon ordre de marche et, effectivement, dans laquelle notre belle province trouverait les raisons de redresser la tête.

Certes la complexité des sujets, le probable aveu de notre dépendance politique aux décisions européennes qui affaiblissent notre souveraineté ou encore une mondialisation qui transforme nos députés en godillots peuvent expliquer cette errance.

Les députés d’aujourd’hui, même s'ils trouvent leur légitimité sur un territoire défini par notre histoire ne peuvent plus concevoir leur rôle autrement que dans un monde élargi, composite et en mouvement accéléré. Ceci pose la capacité des prétendants à affronter une mondialisation qui frappe aussi la représentativité démocratique de notre nation.

Sans manquer à l’esprit de la république, il faut admettre que les candidats ne bénéficient pas des capacités pour affronter des défis qui les dépassent tout autant que leurs électeurs. C’est ainsi que la haute administration française reste le véritable pouvoir et que les technocrates de « Bruxelles » imposent notre devenir.

L’abstentionnisme, la dislocation des appareils politiques, la cacophonie médiatique sont la résultante presque freudienne de notre démocratie en panne. Est-ce à penser que notre nation serait condamnée à devenir une principauté et nos députés les figurants d’une histoire transformée en paysage touristique ?

Si nous voulons une démocratie forte, apaisée et participative nos nouveaux députés et leurs électeurs doivent impérativement modifier la conception de leurs rôles et rapports mais aussi développer une vision commune à la Nation respectueuse de ses terroirs. Et, sans froisser les bonnes consciences, nos députés doivent aussi s’affranchir des lieux communs, des clivages idéologiques – ce qui ne veut pas dire abdiquer ses convictions – se former au monde nouveau et cultiver les différences qu’il nous impose. Ce ne sont pas là les moindres difficultés. Mais le salut de la République sera à ce prix.



Auteur : Pascal SERRE



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Commentaire de Anonymous Christophe , le 17 juin 2012 à 01:44  

On a vite oublié qu'après la Grèce, le Portugal, l'Espagne et l'Italie la France va à la faillite. Ce n'est pas par hasard que Hollande se rapproche de ses pays croyant que c'est avec les plus faibles qu'il va redresser notre pays. L'Allemagne lui fait peur et Madame merkel ne se laisse pas tordre. Je suis d'accord sur le rôle de plus en plus effacé donc de plus en plus couteux et sans intérêt de nos députés face à la toute puissance de Bruxelles. On l'a effectivement oublié dans cette campagne. Il était bon de le rappeler.

 

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