Le joker Mortemousque lundi 25 juin 2012

Les législatives 2012 Un compte-rendu politique impartial, rédigé par le journaliste Pascal Serre

Fort de ses 46,81% face à la candidate Brigitte Allain d’Europe Écologie Les Verts, l’UMP Dominique Mortemousque passe de supplétif à vétéran de la Droite. Quel avenir pour ce joker ?

En 1996, alors qu’il faisait ses premiers pas en politique, Dominique Mortemousque disait :

« J’ai envie d’un grand dessein pour ce département. Et pour l’appliquer il faut être non seulement du bon côté, mais aussi au bon endroit… »


Seize ans plus tard, il est devenu conseiller général, maire, membre du bureau politique de l’UMP, sénateur, vice-président de la Communauté de communes du Pays beaumontois...

Sa défaite, en 2008 lors de sa reconduction au siège de Sénateur l’a, un temps, déstabilisé et quelque peu marginalisé sur ses terres bergeracoises.  

Le verbe rocailleux et le regard moelleux

  Dominique Mortemousque © Pascal Serre

Avec le meilleur score de l’UMP en Dordogne, Dominique Mortemousque fait office de joker pour un mouvement en quête de leaders.

Tacticien redouté, rocailleux dans le verbe et moelleux dans le regard, Dominique Mortemousque est un solitaire. Son indépendance d’esprit autant que son ambition ouatée font de l’homme aux vingt présidences une sorte d’énigme crainte par les premiers de la classe. À gauche comme à droite.

Avant tout homme de la terre, ancien président de la Chambre d’agriculture, du puissant Crédit Agricole dont il partagea les soubresauts judiciaires dans les années 90, mais aussi un temps compagnon des socialistes en 1981, Dominique Mortemousque est un adepte de la roulette russe.  

Une intransigeante indépendance

Défait lors d’une élection à la présidence de la Chambre régionale d’agriculture, menant une partie de bras de fer avec le directeur de la Caisse du Crédit Agricole en des temps plutôt troublés, Dominique Mortemousque   lançait :

« J’ai joué ma tête. J’ai refusé de signer des documents. » Bien lui a pris, le directeur acheva sa carrière en prison et Dominique Mortemousque devenait président de la Maison verte.   Il devait accompagner la fusion des caisses périgordine et angoumoisine en toute transparence.

Xavier Darcos trouvait en ce personnage à l’intransigeante indépendance un compagnon dans sa conquête sénatoriale. Entre l’homme de la terre et l’homme d’esprit la complicité se faisait sans faille.

Entré au Conseil général en 1998 Dominique Mortemousque s’est imposé à la fois face à ses amis et au président socialiste du CG, Bernard Cazeau. À la buvette de l’assemblée départementale, à voix basse, les socialistes lâchent :

« Mortemousque ? C’est un opportuniste, un ambitieux, une sorte de dentellière du pouvoir ».

À droite, on le marginalise quelque peu tout en se préservant de son implacable détermination. Dans son fief de Beaumont on le respecte et sa réélection n’est qu’une formalité.

Pour les milieux agricoles, Dominique Mortemousque s’est embourgeoisé tout en avouant une certaine fierté de voir un des leurs flirter avec le pouvoir.

Il préfère l’habileté à l’hypocrisie

À 62 ans, préférant l’habileté à l’hypocrisie, entretenant la braise dans l’âtre, Dominique Mortemousque confie :

« Les mots d’ordre idiots n’ont jamais été mon fort ».

Au lendemain de cette législative tronquée par les appareils politiques il s’est retiré sur son Aventin Beaumontois.

Durant la campagne il n’a jamais agressé son concurrent Daniel Garrigue. Peut-être que leur goût partagé pour l’indépendance justifie cette conduite.

Alors que le Centre s’est effondré entraînant temporairement ses leaders locaux dans l’abîme, Dominique Mortemousque pourrait jouer le médiateur et apaiser les esprits en vue des prochaines élections cantonales et municipales. Il en a le caractère et désormais la légitimité.


Auteur : Pascal SERRE



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