Martine Sombrun-Tesnière - Mon quartier du pot-au-lait dimanche 8 janvier 2012

Martine Sombrun-Tesnière nous entraine dans un voyage au cœur des Trente Glorieuses chères à Jean Fourastié et dans un quartier de Périgueux en nous délivrant ses secrets toujours embaumés de nostalgie. C'est aussi une belle leçon de sociologie sur un lieu et ses habitants.

Martine Sombrun-Tesnière © Droits Réservés

La Fête des voisins qui se déroulera le samedi 26 mai prochain, sera très animée dans le quartier du Pot-au-lait situé sur les hauteurs de Périgueux, tout près du centre hospitalier de la ville. Il est fort à parier que l'ouvrage de Martine Sombrun-Tesnière sera à l'honneur.

Retraitée de l’Éducation nationale, cette dernière élevée dans ce quartier que l'on nommait encore Mondésir, s'est attachée à rassembler ses souvenirs, réunir des témoignages et reconstituer un quartier qui était aussi une petite ville. La période ainsi investie est celle qui mène de 1950 à 1970.

Sylvie Marty, membre de l'Académie des Beaux-Arts de Périgueux s'est attachée à une illustration toute en fraicheur dans son graphisme et ses couleurs. Sur ce dernier point, l'œil arrêté sur la couverture, sera contrarié par la réduction en noir des planches intérieures.

Souvenirs de jeune fille, secrets et lieux oubliés

Souvenirs de jeune fille, secrets et lieux oubliés, Martine Sombrun-Tesnière, dans un style souple et ajouré tisse les fils d'une saga qui dessine une époque où le facteur était une notabilité, la couturière le grand ordonnateur de la mode, les épiceries des lieux magiques où les carnets s'allongeaient jusqu'à la fin du mois. Et puis, les personnages apparaissent, parfois connus des Périgourdins de souche. C'est le Renard argenté dont la légende voulait qu'il enlève les petites filles pour une activité peu honorable mais lucrative. Son nom était celui d'un magasin de fourrures qu'il tenait en ville. C'est le temps des potins jamais méchants mais qui bâtissaient des légendes d'ombres et de lumières comme on les aimait quand le grand voyage était l'école ou la buvette.

Les contrebandiers du pot-au lait

C'est Mlle Fournier décédée à la maison de retraite Parrot, installée dès 1926 dans la rue du pot-au-lait, qui a révélé à l'auteur l'origine du nom du quartier. Une histoire qui fleure presque la contrebande. Les fermiers qui ne voulaient pas payer les droits d'octroi à l'entrée de la ville laissaient leur pots de lait le long d'un chemin et les riverains s'y rendaient pour les retirer et laisser leur monnaie. Le récit de Martine Sombrun-Tesnière ne saurait être contesté car elle alimente son propos de menus détails qui le rendent si vrai.

A la croisée des mondes rural et urbain

Il y a dans cette chronique tous les ingrédients pour apprécier cette époque généreusement nommée les Trente Glorieuses. C'était un petit monde avec ses rites, ses joies et ses peines. L'auteur ne verse jamais dans la futilité et chaque témoignage nous permet de mieux comprendre cette époque où s'échoue le monde rural, bataillent l'ouvreuse de cinéma, le rémouleur, les derniers bohémiens et leur roulotte, le prothésiste dentaire. Un monde qui ne sait pas qu'il est déjà presque plus. Le parfum de nostalgie qui embaume les pages donne à la lecture une sorte de compassion irrépressible. Cela fait du bien et c'est beau.

De l'infiniment grand à l'infiniment petit

Tout ceci se refuse à la grandiloquence et souligne une sensibilité sobre qui frappe juste. Une sorte d'universalité de l'âme qui se conjugue simplement avec la douceur d'un temps où, ne l'oublions pas, des rizières d'Indochine aux sables d'Algérie une jeunesse s'embourbait, qu'un certain abbé Pierre lançait son appel à la générosité et qu'un Périgordin, Robert Lacoste tenait le haut du pavé tant à Paris qu'à Périgueux. Est-ce une autre histoire ? Non. L'infiniment grand et l'infiniment petit, selon le mathématicien Blaise Pascal, sont indissociables. Martine Sombrun-Tesnière nous ramène à Micromégas de Voltaire, histoire de l'infiniment petit qui contient le grand.

Auteur : Pascal SERRE


« Mon quartier du pot-au-lait»

Martine Sombrun-Tesnière – Pilote 24 – 128 pages – 15 €

Pensée de la semaine

« Le véritable auteur d’un livre est celui qui le fait publier »
Jules Renard (1864-1910).

Pierre-Jules Renard, dit Jules Renard, né à Châlons-du-Maine (Mayenne) et décédé à Paris, est un écrivain français.

Il faut se garder de confondre cet auteur avec le Jules Renard vaudevilliste (1813-1877), auteur de La Clarinette postale, Le musée d'Anatole, Même maison, Un coup de vent, Un tailleur pour dames, Une noce sur le carré. Différents guides et manuels bibliographiques ayant commis cette erreur, la précision n'est pas inutile.
Source photo et texte : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Renard

La rubrique que voici est nommée « Lecture pour tous » en hommage à Pierre Desgraupes (originaire de Mensignac en Dordogne) qui créa, en 1953, sous ce nom la première émission de télévision dédiée à la lecture.


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