Phileas Fogg, Passepartout et les saltimbanques… mercredi 16 novembre 2011

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est la place du Coderc à Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :

Ce voyage hebdomadaire sur les places de Périgueux est celui d’un saltimbanque, mélange d’un Phileas Fogg et d’un Passepartout. Cette balade, pure imagination d’un bouffon, expose à la vindicte des aigres esprits, ces impressions  arbitrées comme suaves. Et bien soit, chaque samedi, le cancan fait son tour du monde, croit l’avoir perdu et, comme dans le roman, arrive avec quelques heures d’avance. On y va ?

Ce n’est même plus l’été indien. L’annonce de l’ouverture de la saison du gras, ce samedi matin, place Saint-Louis, nous rappelle pourtant que l’automne décline imperceptiblement vers l’hiver. On n’a jamais connu cela — selon les météorologues — depuis quatre-vingt ans ! Le ciel reste azuré et la température exquise.
On fétait l'anniversaire de Caroline Cornet 12/11/2011 © Pascal Serre
La veille, une alerte sur mon téléphone portable m’invitait à fêter l’anniversaire de Caroline Cornet, élégante compagne du contradicteur patenté du premier magistrat de la cité des Pétrocores, prénomé Philippe. Le rendez-vous ne m’éloignait guère de mon Coderc puisqu’il était fixé sur la subtile place de Saint-Silain. L’heure convenue me permettait de fureter de place en place, de celle du Coderc à celle de Saint-Louis et même, je me fendais d’un voyage outre Coderc en me rendant sur celle de la Clautre baignée d’un soleil et d’une foule dignes du Tour de France. C’est que le passage entre les deux rives est presque une épopée ! La Clautre c’est déjà un autre monde. Je me transformais donc en quelque Phileas Fogg et mesurais toute la réflexion si chère à Salvador Dali sur la « gare de Perpignan ». Et puis, si tout naturellement j’étais plutôt Passepartout, le serviteur zélé ?

Du journaliste à l’ethnologue

Tout comme Phileas Fogg trouvait en toute terre un accent anglais je retournais sur mon Coderc avec ce même sentiment qu’en tout marché se trouvait un accent du Coderc.

J’y retrouvais mon collègue et ami Alain Bernard qui poursuivait ses études ethnologiques sur la faune périgourdine. Un autre Phileas Fogg, un autre Passepartout ? Un peu des deux, selon les situations, les envies et les rêves. L’important c’est de rêver. Les Suez, Bombay, Yokohama, San Francisco, New-York de Phileas Fogg et Passepartout ? Ce sont nos places : le Coderc avant tout mais aussi la Clautre, Saint-Silain, Saint-Louis, la Mairie… 

Oulala ! J’entends de là les âcres commentaires des esprits moroses qui chahutent nos regards affectueux faute d’être censeurs. Mais oui, nous sommes des saltimbanques, des bouffons et nous le revendiquons. Il y a tant d’inspecteurs Fix !

Tous deux, décidons d’arpenter les allées colorées et bruissantes de mille bruits de ce foirail protéiforme. Arrêt chez Fred venu de Saujon avec sa compagne Cindy ; puis chez Jean-Claude Rouvrais qui délivre ses paëllas maison ; enfin chez Alain qui vend des volailles bien de chez nous — le samedi et le dimanche on le trouve près de la mairie ; le mercredi près du magasin Jacadi. Mais, notre esprit aventurier nous pousse vers de nouveaux mondes tels que La Clautre avec Karine

Nolibos qui se partage entre la Clautre ( le mercredi) et le Coderc (les samedi et dimanche) et présente épices, fruits secs, piments d’Espelette et autres condiments…
Nous pensons évidemment à Passepartout qui, toujours dans le « Tour du monde en 80 jours », arrivant à Yokohama est engagé dans un cirque comme acrobate. Être heureux, écrire du bonheur c’est quelque part faire l’acrobate…

Le fringan Michel Moyrand

Débouchant de la rue de la Sagesse qui relie la place du Coderc à celle de Saint-Louis, je découvrais le nouveau chapiteau des artistes que sont nos producteurs de gras. Qui se rappelle qu’ici même, jusqu’en 1973, se trouvait la caserne des pompiers de la ville ? Comment imaginer la grande échelle — prise aux allemands en 1944 — entamant son périple par la rue aux dimensions médiévales et répondant au patronyme de Eguillerie ? Circulons, il n’y a rien à voir…

L’installation qui va accueillir ainsi la vingtaine de producteurs est claire, aérée. Ils sont peu nombreux pour cette première séance mais déjà ils bougonnent. Les producteurs de gras ne veulent pas être mélangés avec les trufficulteurs ; ou vice-versa. On friserait presque la mixité sociale et la crise des banlieues.

Oh que ce ne doit pas être facile le métier d’élu ! On comprend mieux, dès lors, que ceux qui résistent s’adonnent à l’inactivité. Justement, voici le syndic de notre cité, Michel Moyrand. Il se glisse entre les étals le sourire sans bretelle. Ses journaux sous le bras, cravate rouge et costume sombre, simple et fringant à dessein non couvert, il engrange les remarques des uns et les satisfecits des autres. Il n'est jamais seul. L’homme est presque célèbre en sa ville. Loin, le temps où il traversait les lieux en solitaire.

L’heure de vérité version Périgueux

Michel Moyrand et Anne-Marie Siméon se connaissent fort bien. Une histoire ancienne, une histoire bien périgourdine 12/11/2011 © Pascal Serre
Anne-Marie Siméon, qui dirige la rédaction départementale du grand quotidien régional d’information qu’est « Sud-Ouest » se faufile jusqu’à nous. Le maire et elle se connaissent fort bien. Une histoire ancienne, une histoire bien périgourdine.

Anne-Marie Siméon est une Périgourdine pur jus ; elle a débuté sa carrière en 1987 dans un autre quotidien, La Dordogne Libre. Une escapade en Gironde et vers les Pyrénées avant que de retrouver l’an passé sa chère cité. Le maire et elle entament les sujets du moment et, notamment l’intercommunalité. Si la journaliste n’entend rien perdre des propos, le maire, quand à lui, promène son regard alentour et, volontairement accrocheur, salut à qui va. L’heure de vérité est avant tout un jeu de rôles dont on jurerais qu’il est amical.

Je me remémore Phileas Fogg arrivant à San Francisco qui est en pleine effervescence électorale. Michel Moyrand serait-il mon colonel Stamp. W. Proctor ? Mais qui sont les Sioux ?

Un anniversaire sur la riviera 

Caroline et Philippe Cornet chez Francis Delpey, lieu privilégié de quelques compères en mal de cancanages et autres marivaudages 12/11/2011 © Pascal Serre
Bigre il est presque midi ! L’heure du rendez-vous avec Caroline et Philippe. Sans me brusquer je m’emploie à gagner les douces frondaisons de la place Saint-Silain. Chez Francis Delpey, lieu privilégié de quelques compères en mal de cancanages et autres marivaudages. Philippe me montre une reproduction photographique où figure Yves Guéna à ses côtés. La politique n’est jamais éloignée du challenger local qu’est Philippe. Si vous lui dites que la rumeur prétend un parachutage face à son concurrent il élude et même conteste.

Ils sont là, les potes et les copines de l’un, de l’autre et des deux aussi. Une trentaine, peut être plus puisque la rencontre s’étale sur plus d’une heure. Philippe et Caroline sont rayonnants. Il en est rarement autrement.

Peu importe l’âge, seul compte l’anniversaire. Quelques bonnes bouteilles de blanc et de rouge venues du Bergeracois sont offertes sans modération mais sont consommées avec modération par les invités. Le soleil perce entre les arbres qui ne sont pas encore totalement dénudés ; une douceur digne de la « riviera » baigne le brouhaha. On se croise, on se congratule, on commente et on félicite le couple de cette initiative.

La géographie de l’imaginaire

Que je sois un des deux comparses du roman de Jules Verne, ma volonté et mon bonheur sont non pas de décrire la vie telle qu’elle est mais plutôt de barbouiller ma propre perception d’un monde qui m’est cher. Ma géographie est celle de l’imaginaire. Encore une fois, me voici mon voyage presque achevé. Je n’ai réquisitionné aucune locomotive et je ne sais pas si Mrs Aouda me déclarera son amour demain ; je ne crois pas non plus être en avance d’un jour. Tout au plus je suis assuré de ne pas percevoir les 20 000 livres accordées à celui qui aura effectué le tour du monde en 80 jours… Le saltimbanque que je suis s’éloigne le long des rues avec, pour seul tambour, mes yeux encore dorés par les amitiés contenues.
Auteur : Pascal SERRE


Le journaliste périgordin Pascal Serre est membre associé de :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Association des Journalistes du Patrimoine (Paris)

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Commentaire de Anonymous Bonnal , le 17 novembre 2011 à 10:47  

Les politiques tous les mêmes: le pouvoir et l'argent! Donc pensons un peu à nous!

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 24 novembre 2011 à 13:58  

Parlons d'un joli petit quartier naguère animé grâce à la Galerie "l'Art Nôtre", aujourd'hui envahi de pannonceaux truffés de fautes d'orthographe et de chevalets disgracieux, autant de verrues en carton-pâte destinées à appâter le gogo de Hong-kong n'ayant qu'une demi-heure à consacrer à notre bonne Ville. J'aimerais davantage de soin de la part des fonctionnaires des Monuments Historiques à l'égard de l'envahissement publicitaire en centre-ville. Trop d'enseignes, trop de faux cornets de glace, trop de caniches en stabulation libre décorés de leurs besoins naturels ( indigestes à toute heure) et trop, c'est trop ! personnellement je pars en croisade -arguant du fait- qu'une Ville d'Art ne peut en aucun cas ressembler à la Cité biblique des marchands du Temple. J'ai mal à ma ville mais je sais par ailleurs que la municipalité s'est saisie de cette question. Je souhaite que chacun en fasse autant.

Le Croisé.

Commentaire de Anonymous Yann , le 24 novembre 2011 à 17:13  

Si Monsieur Cornet souhaite réellement devenir premier magistrat de la ville, il faudra qu'il soigne son allure... Son look n'est ni fait ni à faire ! Quant à la montre bling-bling, no comment !!!

 

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