Gillot et Audoux - Les mystères du Périgord jeudi 24 novembre 2011

Lecture pour tous

La rubrique que voici est nommée « Lecture pour tous » en hommage à Pierre Desgraupes (originaire de Mensignac en Dordogne) qui créa, en 1953, sous ce nom la première émission de télévision dédiée à la lecture.

Avec « Les mystères du Périgord » Jean-Jacques Gillot et Pascal Audoux nous entrainent dans l’ivresse d’un Périgord ténébreux qui n’a de cesse de se dérober sous les pas des chercheurs. Insolite, extraordinaire, équivoque et méconnue voici une véritable anthologie d’hommes, de femmes et d’évènements qui surprend, interpelle et excite l’intérêt. Une immersion totale dans l’énigme et le fantasque qui donnent à l’histoire un élan romanesque. Ou inversement.

Jean-Jacques Gillot © Pascal Serre
Les initiés à l’histoire du Périgord ne manqueront pas de souligner que cette édition intitulée « Les mystères du Périgord » n’est qu’une compilation de sujets plus ou moins connus. En effet, Brigitte et Gilles Delluc ont produit « Petites énigmes et grands mystères » ou encore Guy Penaud et Patrick Salinié « Les grandes affaires criminelles du Périgord » sans éviter les « Histoires peu ordinaires» de Jean-Marie Deglane (Périgueux), Jean-Luc Aubarbier (Sarlat), Jean-Pierre Got (Bergerac).

Le marché est porteur et les sujets abondants. De même, un des auteurs, Jean-Jacques Gillot présente de précieux ouvrages sur la « Résistance » et l’histoire du Parti communiste en Dordogne qui recèlent quelques récits croustillants. Antoine de Tounens a été vu et corrigé par nombre d’auteurs, le plus célèbre étant Jean Raspail ; Jean Galmot qui affiche aussi un nombre impressionnant d’essais et même un film ; le crime de Hautefaye à travers la plume de Georges Marbeck a livré ses secrets ; enfin faut-il aussi mentionner le fameux « Roman noir du Périgord » de Anne-Marie Siméon et Dominique Richard

Le travail de l’historien et du journaliste nous surprend


Pascal Audoux © Pascal Serre
Et pourtant le travail de l’historien et du journaliste nous surprend. Tout d’abord parce qu’il présente un travail de recherche, de documentation, d’assemblage particulier ; ensuite, l’écriture des faits, des gens font revivre ces 25 histoires dans un style vivant, précis et subtil. Ce travail à quatre mains est une réussite car tout ce que nous pensions connaître renait, revit et nous délivre de nouveaux regards si ce ne sont des émotions inattendues.

C’est le cas des « Géorgiens et autres Soviétiques de l’Armée rouge en Périgord » qui hantent les anciens sans que pour autant on en sache la réalité complexe désormais plus claire. Il faut avoir suivi les « bicots » d’Alexandre Villaplane et de Raymond Monange pour que se lève le voile sur ses collaborateurs pitoyables et leur cortège de mort dans les campagnes Périgordines. Tout ce qui touche la période 1940-1945, le communisme et qui compose plus du tiers de l’ouvrage est de toute évidence due au méticuleux travail de Jean-Jacques Gillot lequel a repris ses fiches remises en ordre pour notre plus grand plaisir. Le chercheur s’est - on espère pour un temps - habillé en habile photocopieur.

L’ouvrage est inégal dans ses sujets

Plus généralement l’ouvrage est inégal dans ses sujets. La place concédée au musée Roland Dumas surprend tout autant que le récit sur Francis Leroy, « Le tueur de la pleine lune » qui nous apprend rien mais se laisse effectivement feuilleter. Il en est de même du crime de Hautefaye ou de Noé Chabot, le curé rince-goulot de Périgueux qui sont un recueil de travaux anciens. Le choix de présenter Sylvain Floirat est surprenant mais judicieux.

Caractère exceptionnel qui est tombé dans l’oubli alors même qu’il fut un des plus grands capitaines d’industries de l’après-guerre. Si on découvre avec délectation l’histoire de la « Possédée de Cadouin » et l’histoire d’une chimère, « La diligence du Pas-de-l’Eyraud », on s’interroge sur le « disparu de La Douze » traité et retraité. Le passage de Aristides de Sousa Mendès à Ribérac est plus un prétexte qu’un événement mais la narration est plaisante. Quand les auteurs se lancent dans « Le Mystère Lascaux » on a du mal à oublier le « Lascaux et les mythes » de Thérèse Guiot-Houdart ou encore le « Dictionnaire de Lascaux » de Brigitte et Gilles Delluc.

Histoires ou romans ?

Le traitement de nos histoires sous cette forme plus journalistique est agréable. À la rigueur toute méthodique et dévouée aux seuls faits de Jean-Jacques Gillot s’ajoute l’inspiration et l’effervescence du journaliste qu’est Pascal Audoux. C’est un genre à la fois historique et littéraire, une approche plus populaire, familière aussi. Même si la plupart des sujets ont déjà été abordés, il ressort de ces morceaux choisis des variations que le public abordera avec l’assurance du frisson et de l’énigme sur sa table de chevet ou de salon. C’était, de toute évidence, le pari des auteurs. En ce domaine il peuvent être satisfaits.
Auteur : Pascal SERRE


« Les mystères du Périgord »

Jean-Jacques Gillot et Pascal Audoux – Éditions Borée – 376 pages – 28 €

Pensée de la semaine

« Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe »
Jules Renard (1864-1910).

Pierre-Jules Renard, dit Jules Renard, né à Châlons-du-Maine (Mayenne) et décédé à Paris, est un écrivain français.

Il faut se garder de confondre cet auteur avec le Jules Renard vaudevilliste (1813-1877), auteur de La Clarinette postale, Le musée d'Anatole, Même maison, Un coup de vent, Un tailleur pour dames, Une noce sur le carré. Différents guides et manuels bibliographiques ayant commis cette erreur, la précision n'est pas inutile.
Source photo et texte : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_Renard


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Commentaire de Anonymous Bonnal , le 25 novembre 2011 à 13:32  

Beaucoup de nos historiens confondent l'histoire à la légende! La légende déforme l'histoire et le périgord en même temps!

Commentaire de Anonymous Mimik , le 1 décembre 2011 à 07:15  

Bonjour,
N'y a t-il pas une légère erreur de dates dans la chronique de M. Labussière ? Qu'il est dommage quelques fois de ne pouvoir commenter...

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 1 décembre 2011 à 07:18  

Effectivement Mimik. Je corrige. C'est vrai aussi pour les commentaires. Va falloir améliorer la chose. Merci, W

 

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