Le pianiste vous salue bien ! jeudi 20 octobre 2011

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est la place du Coderc à Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :


Bernard Szczerba. Un nom qui fleure bien les horizons indéfinis d'Europe de l'Est. Ce croquant aux contours slaves ne pouvait qu’être pianiste. Ancien riverain du Coderc il en a conservé l'empreinte universelle. Du Club des hydropathes à la Société des beaux-arts, l’homme du Quai1 balaye toujours devant son piano et accueille le monde comme au premier jour. Compositeur de bonheur il livre sa dernière production : Araucania. Autour du traditionnel plateau d’huîtres voici l'invité du Cancan.



Les compagnons de route du Cancan sont entrés en résistance. Après les bisbilles de l’été sur les caricatures qui les ont mis sous les projecteurs, avec toute l’affection qui les caractérise, ils se sont mis aux abonnés absents. Pourtant ils se faufilent toujours sur le Coderc toujours avides de rencontres et de brèves de comptoirs. Je les ai croisés, déambulant comme par le passé. Je suis sûr qu’ils sont malheureux. Avec le temps, l’affaire devrait s’apaiser.
En attendant, le Coderc poursuit son existence pateline. Et lance ses invitations à partager les incontournables huîtres. C’est Bernard Szczerba qui, le premier, répond à mon amicale invite.

Bernard Szczerba et Jean-Claude Allard à la galerie le VIP, 2 Bis Rue Lanmary à Périgueux 15 octobre 2011 © Pascal Serre pour periblog.fr

Du VIP au Coderc

La veille de ce samedi qui marquait une rentrée dans la saison des huîtres Bernard Szczerba présentait sa dernière création intitulée Araucania. C’était au VIP un bar de début de soirée entretenu par Caroline Cornet l’épouse du challenger déclaré au maire de notre bonne ville.
Il y avait là beaucoup d’amis. Rien que des amis. Je n’en citerai qu’un : Jean-Claude Allard, le sémillant président de la Société des beaux-arts de la Dordogne qui distribuait allègrement les invitations à la prochaine biennale de son association2.
Bernard et moi convenions de nous retrouver sur le Coderc le lendemain.


Retour aux sources du Coderc

Stéphane Guillebaud, directeur départemental des journaux du Sud-Ouest 15 octobre 2011 © Pascal Serre pour periblog.fr

J’avais quelque peu délaissé ce rendez-vous hebdomadaire et il me le fait remarquer benoîtement. Le soleil de l’été me signifie une certaine continuité même s'il se fait plus aussi doux.
A onze heures et quelques minutes écoulées la longue silhouette d’éternel adolescent de Bernard Szczerba apparaît au coin de la rue des Chaînes. Derechef nous choisissons le Bar de « La truffe », chez Calou, pour poser nos esprits. Dans le tumulte habituel qui caractérise à cette heure avancée un tel lieu nous prenons nos quartiers autour de superbes huîtres accompagnées d’un verre de Chardonnay.
Évidemment, nous sommes régulièrement interpellé par quelque connaissance empressée de prendre de nos nouvelles. Stéphane Guillebaud, directeur départemental des journaux du Sud-Ouest depuis guère plus d’une année s’attarde en nous vendant avec sa verve et sa fougue la prochaine rencontre de Montesquieu »3 dont il assure le modérato. Le thème ? Quel avenir économique pour le Périgord ? Je promets de m’y rendre.
Eduardo Leon activeur de la culture latino-américaineJean Boussuges (dit Jeannot le poète du Coderc)
Eduardo Leon activeur de la culture latino-américaine
Jean Boussuges plus connu sous le nom de Jeannot, le poète du Coderc
15/10/2011 © [1] & [2] Pascal Serre
Puis c’est Eduardo Léon, intrépide activeur de la culture latino-américaine. Le poing levé il assure la promotion de « Journées Mexicaines » 4.

Le chapeau de l’incroyable Alain Bernard nous sert de repère tout autant que les roulements de tambour de Jean-Pierre Monmarson, garde-champêtre attitré des lieux.

A côté de nous, Rémy Philippon, photographe, avale café sur café en faisant sa revue de presse. Un groupe de jeunes se faufile ardemment et bruyamment entre les étals et attire notre curiosité.

Ce sont, semble-t-il, des jeunes étudiants qui vont embrasser la vocation d’infirmiers et… infirmières. Leur indignation est joyeuse, toute méridionale. Le Coderc est immuable.Les Indignés sur la place du Coderc avec Alain Bernard
Des Indignés sur la place du Coderc (Alain Bernard en arrière plan prenant des photos, pigiste au journal Sud Ouest) 15 octobre 2011 © Pascal Serre pour periblog.fr


La France a gagné !


Un grand cri venant de l’intérieur du bar nous coupe tout propos : la France vient de remporter le match l’opposant au Pays de Galles. Jean-Louis Pousse revenant d’une soirée « tête de veau » nous donne le résultat. Youppie ! crions-nous, même si notre élan est plus par empathie que par passion. Elle est pas belle la vie sur le Coderc ?!

Le temps s’écoule sans que nous y prenions garde et l’objet de notre rencontre se glisse mollement entre deux cordiales interpellations. Bernard Szczerba présente une élégante urbanité et ne semble pas froissé par ces dérivations imposées. Mais quand même il ne faut pas abuser. Passons donc aux choses sérieuses.


« Mon pays c’est la France ; ma patrie c’est le Périgord »


Bernard Szczerba est une connaissance mais il a toujours quelque chose de nouveau à dire ou à composer. Il est vraisemblablement le pianiste le plus émérite mais feutré de sa génération. Son nom est un drapeau à lui seul. Oui, Bernard est… Polonais et Ukrainien. Il s’affiche universel tout en témoignant avec force et vigueur : « Mon pays c’est la France ; ma patrie c’est le Périgord ». Diable que voici une belle attache !


La coqueluche des beaux salons de la High society 


C’est à Paris qu’il entame son parcours musical ; son instrument : le piano. Très vite il est remarqué, réclamé. Il fait ces cinq voyages initiatiques entre Paris, Londres, Rome, Varsovie, Londres et enfin Périgueux où il s’installe en 1996.

Coqueluche des beaux salons de la High society il se garde des maléfiques projecteurs d’un monde qui le tourmente dans ses affections secrètes. Le pianiste n’est pas un objet de salons, il veut créer, composer. Il rompt avec une célébrité mouvante aux médiocres paillettes qu’il assimile à une ennemie de sa vérité.

Direction le Périgord qu’il a visité auparavant lors d'une tournée. Une halte dans sa version verte avant que de poser son piano rue de la Sagesse. Tout un programme.

Il y découvrira ses amis du moment et, pourquoi pas de toujours : Jean-Claude Allard, Marcel pajot, Christiane Marquet, Michel Bacofin, Jean Boussuges…


La déesse Euterpe sur le Coderc


Il découvre les aspérités des mélodies du Coderc ; il y rencontre Euterpe, la muse, la déesse de la musique et compose dix odes dans lesquelles se confondent truffes, vinho et fado, Jeanine et Manon, Jeannette et Jeannot, les bonbons et le canotier qui se passent de nom.

C’était en 2007 et Jeannot, le poète, s’adonnait à quelques déclamations. Bernard annonce une nouvelle version pour la fin d’année.


Araucania ou le poète en voyage

Cette fois-ci, sa composition nous entraîne dans les Amériques ; celles du Sud, du centre et du Nord. Alors que le Périgord n’était qu’un point inconnu sur sa partition Bernard a été happé par Antoine de Tounens, Périgordin flamboyant parti bâtir un empire en Patagonie et Araucanie au XIXème siècle. Une histoire entre immigrés ou d’émigrés ? Pas seulement. Mais aussi. Les deux destins se croisent dans leurs voyages.

Celui du corps mais avant tout celui de l’âme. Alors qu'Antoine de Tounens quitte sa chère étude d’avoué à Périgueux pour un voyage fantasque, Bernard Szczerba s’adonne à celui de l’esprit qui s’élève là où il est. Bernard n’a jamais visité les Amériques et pourtant il semble si bien les ordonner et exprimer. Avec des livres, des photos et un restaurant Portugais du Périgord vert pour escale, il assemble les imaginaires qui nous ramène dans un voyage à la Jules Verne. Le monde des émotions est partout et nulle part à la fois. À chacun sa variation.

Tango, mariachi, fado, danse inca, ragtime, charleston ou flamenco nous transportent les yeux fermés dans ces folles aventures, ces paysages mythiques et histoires sans pareil avec une facilité envoûtante. Créations originales qui saluent les fracas du Vieux et du Nouveau Continents et en distillent une composition ondoyante et unique. Le tout avec un seul gouvernail : le piano.


Patrick Labrousse la couleur verte du producteur


Tout ceci aurait pu rester anonyme s'il n’y avait eu la rencontre avec Patrick Labrousse, stomatologue reconnu, verdoyant dans ses visions politiques et musicologue passionné. Le voici séduit par le talent discret de Bernard. Il crée une petite société et se lance dans la production des créations de Bernard. C’est ainsi que naît Araucania5 dont désormais le titre apparaîtra naturel et magique. Une aventure et une amitié comme on sait les construire au pays de Montaigne et La Boétie.

Devant nous les coquilles d’huîtres vidées de leur substance nous rappellent que l’heure de la séparation est arrivée.

Diantre il est presque 13 heures ! Malgré l’heure avancée le marché est inhabituellement animé et nous a conforté dans nos rêveries communes. C’est cela la vie du Coderc. J’avais presque oublié…


Du côté de chez Zam


Martine Lopez, présidente de l'Association périgordine pour le développement de Zam

M’échappant par la rue des Chaînes encore fourmillante de visiteurs attardés par un été en panne salutaire, je me laisse guider par des rires. Entre le bar du Coderc et la halle des élèves du lycée professionnel Léonard de Vinci proposent des crêpes au profit du Burkina-Faso et plus particulièrement de l’électrification d’un établissement.

Il est vrai qu’ils étudient l’électrotechnique. Ils se sont unis à l'Association périgordine pour le développement de Zam6 présidée par Martine Lopez. Zam est un département situé à 80 kilomètres de la capitale, Ouagadougou. Pralinoises, cakes, cookies et crêpes sont ainsi proposés aux visiteurs du Coderc.

Ambiance chaleureuse qui sera renouvelée le samedi 18 décembre. Je me dis que ces jeunes ne se contentent pas d’être indignés par effet de mode mais donnent de leur temps et de leur énergie. J’achète trois crêpes car il ne suffit pas de leur tisser des lauriers mais surtout d’entretenir leur cagnotte. Mon CDdans la poche je retourne aux marges de Périgueux pour visiter, le temps d’un après-midi, les Amériques version Araucania signée Bernard Szczerba.
Auteur : Pascal SERRE
(1) Association « Le Quai » - Espace Aragon – Place du 8 mai à Périgueux. Organisation d'expositions.
(2) 80ème salon biennal de la Société des Beaux-Arts du Périgord. Du 29 octobre au 13 novembre. Invité d'honneur : Jean-Louis Morelle
(3) Les Rencontres Montesquieu en Périgord – Maison de l'emploi de l'agglomération périgourdinne – Eric Chopin – Tél. 05 53 06 68 35 – Courriel : e.chopin@mde-agglo-perigueux.fr
(4) Journées mexicaines à Coulounieix-Chamiers les samedi 20 et dimanche 21 octobre. Renseignements : 05 53 54 73 29 – Courriel : culture-patrimoine@coulounieix-chamiers.fr - Site : www.coulounieix-chamiers.fr
(5) Araucania – CD de 12 compositions d'une durée totale de 35 minutes. – Disponible à « La Feuilleraie » et sur www.labvox.com - Prix : 24 euros.
(6) Site : http://perigueuxzam.wifeo.com



Pascal Serre, journaliste périgourdin, est membre de :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

Libellés : , , , , , , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







Commentaire de Anonymous Christine , le 21 octobre 2011 à 16:15  

Pourquoi cette irrégularité dans le rendez-vous ? c'est dommage car c'est un vrai bonheur quoique un peu long à lire. A quand la version papier ?

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 21 octobre 2011 à 16:24  

Oui, l'irrégularité est le reproche qu'on peut faire à ce blog. Mais il faut se souvenir que toutes les contributions, qu'elles soient de Pascal Serre, Michel Labussière, Jean-François Cros, de moi-même ou d'autres ne sont pas rémunérées et il est dans ce cas impossible d'imposer plus de rigueur qu'il n'est possible aux chroniqueur d'offrir durant leur temps libre. Quant à la longueur, Pascal est moi en parlons souvent... version papier, on y pense. Je fais de suite appel à des sponsors ou des mécènes... W

Commentaire de Anonymous Martine , le 21 octobre 2011 à 18:24  

Surprise de l'écho sur zam. Merci, c'est très vivant et on apprend que périgueux est une ville où il faut bon vivre et faire des choses

Commentaire de Anonymous jean-claude , le 23 octobre 2011 à 20:34  

a quand un concert bernard ?

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 24 octobre 2011 à 00:30  

Malgré toutes les recommandation de bernard j'ai eu du mal à trouver l'article. C'est un peu fouilli et c'est dommage.

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 24 octobre 2011 à 01:01  

Même s'il n'est pas toujours facile de trouver un article passé dans les archives, celui sur Bernard est en haut de la page d'accueil de Périblog depuis mercredi dernier. De plus si vous aviez googlé son nom, vous l'auriez trouvé sans difficulté parmi les pages du blog. W

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 1 novembre 2011 à 15:59  

Pour ceux que cela intéresserait, Bernard ne prévoit pas de concert à l'heure où j'écris cela. J'espère qu'il pensera à me le dire lorsque ce sera le cas. W

Commentaire de Anonymous Jean-Pierre , le 2 novembre 2011 à 23:11  

Ouf trouvé. J'avais promis à Pascal et Bernard de mettre un petit mot car je ne connaissais pas périblog. Les 2 phénomènes écrivent à leur façon mais sont toujours aussi indépendants que talentueux. J'espère que ça aura marché.

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 2 novembre 2011 à 23:21  

Si dure que cela à trouver Jean-Pierre ?

Petite astuce : cherchez Périblog ou "Bernard Szczerba" dans Google

 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog