Le grand écart de Michel Moyrand lundi 4 juillet 2011

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est la place du Coderc à Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :

Ce premier samedi de juillet est torride. L’actualité de la semaine s’est acoquinée aux polémiques qui font les délices de notre cité qui a su conserver sa devise : je puise ma force dans la fidélité de mes concitoyens. Et ces derniers savent la décliner dans tous les sens. Malices et passions ne cèdent en rien au bon sens et à l’accoutumance des esprits tolérants. Au menu : de l’art et de l’eau, du rugby et… de l’internet.



Mais quelle chaleur ! Neuf heures passées notre petit groupe prend d’assaut la table et quatre chaises avec presque insolence. Du style « touche pas à ma table ». Sièges et table sont déjà asséchés par les ardeurs montantes de l’astre solaire. Jean-Paul a préféré rester dans sa résidence d’Arcachon ; Christian a avancé la forte chaleur pour décliner notre conférence de la paix. Les boutiques ne sont pas toutes ouvertes mais les étals regorgent de beaux produits. Tout près de nous, Jean Piraube de l'Épicerie solidaire me témoigne un discret sourire. Il est ainsi. Peu à peu il devient aussi un homme du Coderc. Derrière la vitre de sa rôtissoire toujours en vente, Henri Dupuy a déplié son Sud-Ouest et semble absorbé par les nouvelles du jour. Les badauds et usagers ont frayé plus tôt vers la place pour éviter une trop grande chaleur annoncée. Nos huîtres nous manquent ; plus que trois mois… Quelques poignées de mains retardent nos ébats de duellistes amourachés de nos compatriotes et, surtout capitouls pour lesquels notre vivacité est teintée d’une sympathie pathologique. 

- Que prennent ces messieurs ?

- Café pour tout le monde.



Alain nous surprend par son empressement et part d’un immense éclat de rire : « je vous ai bien eu ! »
Touche pas au grisby - © Le pavé en a marre - Le-pav%C3%A9-en-a-marre sur Facebook
Touche pas au grisby #@%*! © Le pavé en a marre sur Facebook

Le pavé en a marre


Notre commerçant patenté s’est pris de passion pour internet et nous fait part de sa dernière trouvaille.
- J’ai trouvé sur Facebook un truc qui va faire parler de lui. Ça s’appelle « le pavé en a marre ». Rien à voir avec nos élucubrations du samedi. Ils s’en prennent à Michel Moyrand avec un humour décapant inhabituel dans nos bonnes maisons pétrocoriennes.

Nous voulons en savoir plus.

- Ils attaquent Moyrand sur les sujets du moment : le festival Art et Eau et la subvention de la mairie au CAP. Ça peut faire rire.

Bobards et eau - une caricature du Pavé en a marre
Je m'engage en une reprise en régie publique de l'eau - © Le pavé en a marre
Et Alain de sortir un papier de sa poche.


- J’ai noté ce que l’on appelle le « mur ». Ils se présentent ainsi : « Le pavé c'est la rue. La rue c'est le peuple. Le pavé en a marre, les citoyens en ont marre. Que l'on arrête de nous prendre pour des veaux, des moutons ou autres vaches à lait. Depuis un certain mois de mai, le pavé est un symbole de lutte contre les escrocs qui nous gouvernent. Le pavé est lancé... »


Le papier passe de main en main.

Évidemment je suis le dernier à le recevoir mais en sollicite la conservation. Vieil instinct de gazetier. Mes compagnons de fortune n’ont de cesse de savoir qui est derrière cette initiative ambiguë mais qui déclenche des rires quand Alain nous expose les caricatures qui mettent en scène notre maire dans ses ébats ou débats sur les sujets brûlants de la semaine. Bien entendu chacun se demande qui est derrière.

On se promet d’en savoir plus la semaine prochaine. Question d‘honneur !

- Ce n’est pas de l’information mais de la dérision facile et bien de notre temps qui n’a plus aucune règle.


Bernard a tranché accompagné de René qui y voit là un « signe d’un temps qui n’est pas le sien ».


- Il faut avoir l’estomac bien accroché quand on est élu par les temps qui courent… lâche Alain sur un ton lascif et contrarié.



L’Art a pris l’eau

Christian nous fait défaut. Sa mémoire intacte et ancrée dans des années que nous n’avons connues réduit notre champ de vision et de polémiques attendries. Le festival Art et Eau éveille les palabres.

- C’est franchement loupé. Tout a été mal goupillé dès le départ. Ce fut une improvisation permanente, des procès d’intentions, d’incessantes polémiques, et une absence totale de vrai projet. C’était la chronique d’un échec annoncé.


Aux paroles de René succèdent celles de Bernard.
Philippe Cotten à Périgueux en juillet 2006 - journal Sud Ouest
Philippe Cotten a réalisé le son et lumière lors du Festival Art et Eau de Périgueux en juin 2011
© photo Arno Loth - Un article de Chantal Gibert sur le journal Sud Ouest

- J’ai lu avec attention les réactions de Philippe Cotten qui a réalisé le fameux son et lumière. Il défend son bifteck mais il n’a pas tort. Je crois que celles et ceux qui ont travaillé sur ce festival l’on fait avec sérieux et sans se préoccuper des querelles entre Moyrand et Cornet. D’ailleurs, je crois qu’il a dit qu’il faisait les frais d’une bataille politique. Mais au final, outre ce contexte malheureux, une municipalité timorée et sans prise sur les réalités d’une telle manifestation, cette idée est bonne. Mais faire déplacer des milliers de personnes pour 17 minutes c’est pas sérieux ! Pourtant il y avait une volonté de faire vivre les Périgourdins avec leur rivière. Ils n’ont pas répondu. On dit souvent que c’est la faute à la communication. J’y connais pas grande chose mais je crois que c’est vrai. C’est dommage pour Périgueux…


- Le magicien Michel a été étranglé par le gestionnaire Moyrand…
conclut Alain.


Vianney Le Vacon - Périgueux - 06 2011 par Pascal Serre
Michel Moyrand - juillet 2011 par Pascal Serre
Vianney Le Vacon, adjoint au maire chargé des sports
Michel Moyrand, maire de Périgueux
26/06/2011 © [1] & [2] Pascal Serre

Des sous pour le rugby


Le coup de sang causé par la position de Michel Moyrand à modérer ses ardeurs de grand argentier du Club Athlétique Périgourdin et qui a vu la démission de Pierre Larue, le directeur sportif, entraine soupirs et haussements d’épaules de mes compères, lesquels profitent de l’instant pour avaler leur café.


Pierre Larue, directeur sportif du CAP qui a démissionné
Pierre Larue, qui a démissionné du poste de directeur sportif du CAP Rugby Périgueux - © photo Thierry Daniel Vidal - Un article de Rafael Dubourg sur le journal Sud Ouest
René embraye et se jette à… l’eau.

- Il faut aider le rugby, mais, j’avoue être perplexe sur tous ces milliers d’euros qui viennent perturber la belle image du sport. Moyrand n’a de cesse de dire que les finances sont pas bonnes et vous le voyez sortir de sa cagnotte, comme un magicien, 150 000 euros ? Ce ne serait pas sérieux.

Au lendemain de la belle fête de l’esplanade Badinter qui a été un succès presque plus important que notre festival Art et Eau nous consentons à admettre que l’ultimatum de Pierre Larue, l’entraîneur, n’était pas de nature à mettre le maire de Périgueux dans les meilleures conditions. Le bouillant rugbyman s’est heurté au déterminé footballeur qu’est le maire.


Édouard Reinhart
Édouard Reinhart, « Ces méthodes me dérangent »
© photo Thierry Daniel Vidal - Un article de Laurent Zègre sur le journal Sud Ouest
Fort heureusement, Édouard Reinhart, co-président mais aussi époux d’une des adjointes de Michel Moyrand a mis de l’eau dans un vin qui prenait un goût de vinaigre.


- Je connais Vianney Le Vacon, il s’est énormément investi pour que l’incompatibilité de caractères entre le maire et Pierre Larue soit dépassée. Investir dans des aménagements durables sur le stade était indispensable et l’engagement de la mairie de les réaliser est une excellente chose. Quelques petits ajustements complémentaires ont permis un accord que je pense réaliste.


Mes amis, sportifs de la vieille époque, restent choqués par cette association qu’ils jugent malsaine entre l’argent et le sport.


Bernard emboîte le pas tout en demandant un second café qui devient traditionnel.

- Pour en avoir discuté avec mes voisins je confirme. La position de Moyrand a été, pour une fois, comprise. Au fond, chacun le sait plus ou moins, Périgueux n’a pas les moyens d’entretenir une équipe de haut niveau et la saison risque fort de n’être qu’un feu d’artifice. Il est fort à parier que nous redescendrons à la saison prochaine.

Si le maire est lucide il doit l’intégrer dans sa décision. J’ai retenu, si ma mémoire est bonne, un propos du maire : « nous n’aidons pas les professionnels mais soutenons les actions d’éducation, d’insertion ». Enfin un peu d’intérêt général !


Je me demande quand même où le maire trouve tous ces sous : 400 000 euros de plus pour la mairie, 50 000 de plus pour le CAP... J’espère qu’il sait ce qu’il fait !


En déposant sa tasse vide, Alain prend la parole.

- En tout état de cause, pour cette fois, Moyrand a tenu la rampe. Il a simplement appliqué la réglementation tout en y apportant une écoute bienveillante. D’ailleurs, j’ai noté la discrétion nouvelle de son opposant…


Je sens bien que nous pourrions deviser longuement du sujet. Me voici distrait par des amis qui souffrent déjà de la chaleur et n’ont pour objectif que de regagner la fraîcheur de leur maison. L’imbroglio rugbystique entre mes compères est devenu une cacophonie. Il m’est impossible de suivre les débats. Mon crayon se dessèche au grand soleil et mon petit carnet à spirales s’est effondré sous la table en fer déjà presque rougi. 
Je fixe mes notes et constate qu’entre le “flop” du festival et l’assaut du CAP le maire a réussi un grand écart.

Je me hasarde à demander à mes collègues ce qu’ils en pensent et eux, en chœur de répondre :


- Il se bonifie... C’est pas forcément un bon maire mais il devient meilleur... C’est mieux que l’inverse.



Et Bernard de dire, sans que j'aie énoncé quoi que ce soit :
- Il devient un équilibriste, une sorte de funambule. Pour l’instant il a réussi un grand écart. Il a tellement étonné que personne n'a applaudi mais n’empêche qu’il s’en sort bien. 


Des vues de l’Isle pour se rafraîchir


Vue de l'Isle une exposition au Muséee d'Art et d'Archéologie du PérigordJe ramasse mes notes que je range dans ma poche. Geste remarqué par mes amis qui y voient là une conclusion de nos impressions bien subjectives dans ce monde coloré et tumultueux du Coderc. On s’étire en se penchant vers l’arrière. On soupire face aux ardents rayons du soleil qui obligent à apaiser les esprits sous quelques treilles. Appareil photos en bandoulière, un groupe de touristes se fraye un passage sans trop savoir vers quel lieu se diriger. Le dépliant largement ouvert, le doigt pointé et baladeur l’un d’entre eux nous demande son chemin vers le musée du Périgord. 
Après leur avoir expliqué du mieux qu’il pouvait, Bernard nous propose de nous rafraîchir dans les jours qui viennent au Musée du Périgord qui offre, selon lui, une originale et pittoresque exposition comportant une quarantaines d’œuvres inédites d’artistes locaux. Des petits et moyens formats, peintures, gravures et photographies couvrant la période de 1835 à 1920. Le thème en est « les vues de l’Isle ».

Idée séduisante qu’il conseille d’ailleurs avec enthousiasme à nos touristes venus de… Madrid et en croisière pour Paris.


C’est promis nous irons nous rafraîchir dans notre cher Musée d'art et d'archéologie du Périgord. Dès la semaine prochaine même si l’exposition est visible jusqu’au 19 septembre.
Auteur : Pascal SERRE

Pascal Serre, journaliste périgourdin, est membre de :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

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Commentaire de Anonymous Bonnal , le 5 juillet 2011 à 07:53  

Il faut reconnaître que le maire de Périgueux se moque de nous avec notre argent c'est lamentable. Je vais finir par ne plus voter car la politique ne vaut plus rien et notre belle ville se dégrade de jour en jour s'en parler de sa culture qui est nulle. Merci Monsieur le Maire!

Commentaire de Anonymous Mimik , le 5 juillet 2011 à 09:11  

J'ai assisté au festival Art et Eau, 10 mn à rester dans le noir sans savoir pourquoi est-ce la faute du Maire ?
Le spectacle n'a pas été à la hauteur de ce que l'on attendait, pourtant la large description du prospectus vantait de bien agréables choses. Est-ce la faute du Maire ?
Autour de moi les gens s'impatientaient, ne comprenaient pas, et ont fini par partir bien avant la fin et moi aussi.
Quant au récit monocorde et d'une lenteur à cauchemarder il n'a pas su retenir les spectateurs. Est-ce la faute du Maire ?
Un fiasc"eau" mais là encore est-ce la faute du Maire ?
Il a certes certains travers et torts mais pas tous.

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 5 juillet 2011 à 20:25  

"Ce n’est pas de l’information mais de la dérision facile et bien de notre temps qui n’a plus aucune règle"...

C'est bien connu, caricatures et satires sont apparues avec internet...

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 5 juillet 2011 à 22:12  

Art et eau c'était avant tout une bande de copains essentiellement socialistes il manquait que l'arroseur arrosé c'est à dire le contribuable.

Commentaire de Anonymous Christophe Landet , le 5 juillet 2011 à 23:12  

Je prefère le texte du cancan que les réactions qui sont plutôt désolantes car sans proposition et c'est dommage. Même si c'est loupé ca ne l'est pas entièrement car déjà il y a eu quelque chose de tenté. C'est pas pour autant que les impôts vont baisser ou augmenter.

Commentaire de Anonymous Philippe , le 7 juillet 2011 à 15:46  

Que n'aurait-on pas lu si Moyrand n'avait pas puisé dans les caisses pour aider nos amis rugbymen ? En fait c'est ça qui est bien avec les brèves de comptoir.... Quoi qu'il se passe, c'est toujours la faute du maire...
Concernant cette page Facebook présentant des photomontages, j'avoue avoir été déçu. Du déjà vu et des propos qui laisse clairement penser qu'il s'agit là de l'oeuvre non pas "du peuple" comme l'affirme l'auteur mais d'un émule sarkosyste local. Quiconque a un minimum de culture politique le comprend très vite en lisant la présentation de la page, il y a des clichés et des sous-entendus qui ne laissent que peu de doute... Bref, une fois de plus, Periblog fait ouvertement de la publicité pour l'opposition municipale. Décidément, la défaite du notable parisien aujourd'hui perdu dans les abîmes de l'oubli n'a toujours pas été digérée par certains... :-) Et c'est bien dommage de vivre constamment sur le passé...

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 11 juillet 2011 à 13:04  

Entièrement d'accord qvec Philippe même si il faut accepter l'humour même et surtout quand c'est sur soi... Que Periblog reste Periblog même si certain cherche toujours à y coller une étiquette. Un jour à droite, un autre à gauche. Peut être tout simplement il y a des bonnes et des mauvaises choses des deux côtés. Quand à la presse locale je ne la lis même plus

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 12 juillet 2011 à 17:22  

On oublie que quand guéna a lancé le festival du mime les gens de gauche disait que c'est parce que ça ne faisait pas de bruit. Puis aussi on a dit que c'était élitiste et pour moins de 200 personnes. Il a fallu attendre une dizaine d'années avant que la plupart des contestataires patentés se taisent faute de dire que Mimos c'est bien. Et toc. Et je reste anonyme

Commentaire de Anonymous JEAN-PIERRE , le 14 juillet 2011 à 10:04  

TOUT A FAIT D'ACCORD AVEC L'ANONYME (DOMMAGE) QUI RAPPELLE LES CONTESTATIONS DU PASSE SUR MIMOS. VIVE ART ET EAU AVEC PLUS DE PROFESSIONNALISME ET MOINS DE POLITICAILLERIES

 

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