Guy Penaud - L'inspecteur Pierre Bonny samedi 25 juin 2011
Lecture pour tous
La rubrique que voici est nommée « Lecture pour tous » en hommage à Pierre Desgraupes (originaire de Mensignac en Dordogne) qui créa, en 1953, sous ce nom la première émission de télévision dédiée à la lecture.
Pierre Bonny est avant tout l’homme du déshonneur, de la déchéance et l’incarnation faustienne d’une police que l’on voudrait oublier. C’est un des anciens représentants d’une police républicaine, Guy Penaud, qui s’est penché sur cet avatar dont l’ambivalence est congénitale à l’âme humaine.
Né en 1895, Pierre Bonny est entré dans la police à la sortie du premier conflit mondial. Jeune inspecteur aux dents longues, policier dans l’âme, il aime traquer, surprendre, confondre. Très vite il s’acoquine avec le pouvoir politique, tous les pouvoirs, qu’il sert avec zèle, sans états d’âme. Il sait rendre service aux hommes politiques qui le lui rendent fort bien. Il fréquente tous les milieux, surtout ceux où le champagne coule allègrement. Dans ces années folles puis dans celles qui précèdent la tourmente de l'Occupation il se constitue un solide réseau d’indicateurs et on lui confie les plus grandes affaires du moment : celles de Guillaume Seznec, d’Alexandre Stavisky, du conseiller Albert Prince, du préfet de police Jean Chiappe, de La Cagoule, du docteur Petiot.

En 1935, il est révoqué de l’administration pour corruption. L’historien américain Paul Jankowski écrira en 2000 : . On peut penser aussi qu’il fut lâché par un pouvoir politique tout autant sans scrupule.
Guy Penaud relève les propos du propre fils de Pierre Bonny, Jacques, avec une circonspection laissant à chacun de faire la propre vérité d’un homme qui, la veille de son exécution, écrivait à son épouse :
C’est en 1941, opportuniste jusque sur le bout des ongles que Pierre Bonny réapparait. Helmut Knochen, chef de la Gestapo en France, l’entraîne dans une des pires aventures de l’occupation, celle du 93 rue Lauriston que l’on appela la Carlingue. Il s’associe à un repris de justice, Henri Laffont. Ensemble ils dirigent une bande de tueurs au service des nazis. Ils assassinent, rackettent, volent pour leur propre compte et traquent pour les allemands juifs, parachutistes, résistants. Des marécages des affaires politico-financières il passe numéro deux de la Gestapo française. De policier, le voici devenu criminel.
![]() | ![]() | |
« L’inspecteur Bonny, le policier déchu de la Gestapo française du 93 rue Lauriston » Guy Penaud, aux éditions L’Harmattan 256 pages, 25 € | La Gestapo française, ou la Carlingue, est le nom donné aux auxiliaires français de la Gestapo installés au 93, rue Lauriston dans le 16ème arrondissement de Paris, et actifs entre 1941 et 1944 (immeuble réhabilité aujourd'hui et accueillant plusieurs sociétés). Source Wikipédia | |
06/2011 © [1] & [2] Droits Réservés |
On retrouve Pierre Bonny à la tête de la brigade Nord-Africaine qui sévira en Dordogne au printemps 1944.
Arrêté le 30 août 1944, il est jugé, condamné et exécuté le 27 décembre suivant.
Guy Penaud ne cède pas devant les émotions et se limite à la clarté des rapports et procès-verbaux d’époque. Il procède d’une expertise toute policière d’un destin et d’une époque. Le regard ainsi posé nous plonge dans les difficiles liaisons entre police et politiciens. Fouché, ministre de la police, à l’origine de la naissance de la police moderne sous La Révolution ne fut-il pas accusé de dilapidations et détournements ? Ne fut-il pas aussi à l’origine d’intrigues et rapports fallacieux ?
Auteur : Pascal SERRE
« L’inspecteur Bonny, le policier déchu de la Gestapo française du 93 rue Lauriston »
Guy Penaud, aux éditions L’Harmattan256 pages, 25 €
Pensée de la semainePierre REVERDY (1889-1960). Poète français considéré comme l’un des précurseurs du surréalisme. |
Le journaliste périgourdin Pascal Serre est membre de :
|
Libellés : Guy-Penaud, lecture pour tous, Pascal-Serre
Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.
Ami lecteur, l'histoire n'est pas un fait divers: mais un ensemble de faits historiques précis! De tous temps, il y a eu de grands criminels de guerre issus de toutes les couches sociales!
Peter Faulkes alias Colombo a disparu mais l'inspecteur Guy Penaud alias l'historien Guy Penaud doit être plus à l'aise avec Pierre Bonny qu'avec les résistants qui ne le portent pas tous dans leur coeur. Fort heureusement les critiques qui pleuvent sur ses ouvrages concernant Malraux ou Szenec ne semblent pas l'affecter. Le policier Penaud est toujours caché derrière le visage de celui qui se veut historien. Les méthodes de travail sont les mêmes. Les objectifs quand à eux restent à définir. A relever deux ouvrages indispensables - cette fois - et bien fait - re-cette fois - Le dictionnaire biographique du Périgueux et Le Grand Livre de Périgueux.
Bonjour, juste un mot concernant l'histoire de la police et Fouché. L'article de Wikipedia est à consulter:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_police_fran%C3%A7aise
cordialement
Luc