Portraits d'un printemps éternel jeudi 12 mai 2011
Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire sur la place du Coderc et ses personalités à Périgueux, rédigée par le journaliste Pascal Serre :
j’éprouvai un sentiment de confusion et d’actes en berne. Ce cher William a su raviver la petite flamme exposée au grand vent et qui mène inlassablement de la majesté du Coderc au clavier de l’ordinateur.
Les bons copains ont traversé ces mois écoulés en bons Périgourdins. Ils ont arpenté comme à l’accoutumé cette place du Coderc avec leurs regards de méridionaux. Leur besace est toute autant remplie de petits bonheurs que de contrariétés. Ils n’ont rien perdu de leurs témoignages mais le retour s’est fait dans un désordre d’adolescents. J’ai donc laissé glisser mon regard sur ce champs ouvert à toutes les sensibilités qu’est ce marché du Coderc parfaite impression d’infinitude de la vie. Sublimes retrouvailles et découvertes avec des comédiens d’une pièce de théâtre ordonnée de façon à conduire chaque destin comme si il était unique, imbriqué dans une sérénade où chacune, chacun, contribue à la rémanence d’un monde ancien et perpétuellement régénéré.
La cacophonie des jouvenceaux
Christian, René, Jean-Paul, Alain et Bernard que je n’ai jamais vraiment quittés ont, eux aussi, poursuivi leur petit bonhomme de chemin.Rassurez-vous ils vont bien, même très bien. Leur tête et leur langue se portent à merveille et leurs oreilles sont toujours aussi baladeuses. Je les retrouve plus tôt que de coutume, à neuf heures. Installation faite au bar de La truffe, coup de sifflet du chef de gare, les paroles s’ébranlent comme un train dont la destination reste incertaine pour les voyageurs. Les cafés sont à peine déposés sur notre table toute illuminée par un soleil débonnaire que les compères saisissent leur tasse et absorbent le breuvage avec un bonheur rebattu. Les compères distillent leur flot de paroles comme un barrage que l’on vient d’ouvrir pour le grand nettoyage. Pêle-mêle ce sont une cinquantaine de rendez-vous manqués qui transforment l’échange en une cacophonie de jouvenceaux. Je tente sans succès d’y mettre bon ordre. La demie heure éclose je me résous à remettre à plus tard la transcription de leurs émois. Convocation est donnée pour samedi prochain dans un brouhaha que relèvent les passants qui en sourient, et qui exprime une agitation peu commune. Tout ceci promet de fructueuses emplettes à venir sur notre Périgueux tout aussi immuable que brouillon. Je décide de faire un tour de la place comme un général ferait sa revue des troupes.
Le Maire du Coderc

Oh que voici un homme à la prestance discrète, donc remarquable ! Jean-Jacques Dallemand, élu il y a quelques mois « Maire de la Commune libre du Coderc ». Par acclamations. Un solide marinier dont le navire est au mouillage et qui s’exerce au voyage dans des mondes chimériques où les utopies sont des espaces de convivialité. Nous entreprenons de confronter nos sensations.
Point d’écharpe tricolore pour aller à la confluence des musiciens de cet opérette merveilleuse du « Coderc ».
Le théâtre de la Lune souriante
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Jean-Louis Soustre. Depuis plus de soixante ans, chaque semaine, l’ancien pharmacien et ancien conseiller général rend visite au Coderc comme on va chez un bon ami | Yves Coutiéras. Le pâtissier parti faire carrière à Paris n’a jamais oublié son marché du Coderc. Le Bleuet ? Un engagement pour la mémoire et la solidarité | |
07/05/2011 © Pascal Serre |
Première escale : Jean-Louis Soustre, ancien pharmacien, ancien conseiller général. Il nous donne quelques nouvelles de Jacques Lagrange, historien et ancien maire-adjoint de Périgueux qui, retiré tout près d’ici, apprivoise la vie alors que d’autres se complairaient dans l’accablement. Quelques pas suffisent pour échanger avec Yves Coutiéras qui fit dans les années cinquante sa formation d’apprenti dans une pâtisserie connue seulement des anciens et qui se situait à l’angle de la rue Victor Hugo et de la place Yves Guéna. . Après une belle carrière dans la capitale le voici de retour avec son engagement en faveur de la mémoire et de la solidarité et « quête » pour le « Bleuet de France » fondé en… 1916. Sur le Coderc le temps se désagrège devant les partitions de la convivialité.

une parenthèse aux couleurs du monde07/05/2011 © Pascal Serre
Nous sommes attirés par des sonorités inhabituelles. Celles-ci survolant les éventaires colorés nous guident jusqu’à l’angle de la place et de la rue du Coderc. Accompagné de Jean-Pierre Monmarson, inlassable, respecté et picaresque « garde champêtre » nous découvrons Adam, Raf et Mahesh, trois musiciens venus du Bugue, appartenant au « Théatre de la lune souriante ». Une parenthèse qui nous engage dans des modulations ethniques influencées par l’Europe de l’Est, la culture celtique qui accueille des tonalités africaines sans rompre nos sens. Ils nous ont promis d’être là samedi prochain.
La bouche grappilleuse de Jean Piraube
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Jean Piraube clame haut et fort : « mettez le Périgord dans votre panier ! » | Laurent Mossion a fait durant quelques heures du « Coderc » un agora pour porter ses idées. Ici la politique se refuse à la désobligeance | |
07/05/2011 © Pascal Serre |
Nous avions presque oublié le quatrième anniversaire de l’arrivée d’un certain Nicolas Sarkozy dans un Élysée que nous associons à la mythologie grecque qui en a faite une partie des enfers. Laurent Mossion, délégué de la première circonscription de la Dordogne pour l’UMP est là, avec quelques militants pour le rappeler. Il se dit agréablement surpris par la gentillesse des gens. Nous pas, car sur le « Coderc », si la politique rime avec la polémique elle se refuse à la désobligeance.
Arrêt devant la nouveauté du jour : le banc de Jean Piraube qui présente les produits du terroir du réseau des épiceries solidaires. Celui-ci inaugure son premier marché du « Coderc » et annonce avec la bouche grapilleuse et les yeux pétillants de saveurs : Et oui mes amis, sur le « Coderc » on vient de plus en plus souvent, de loin et d’ailleurs, pour faire chanter nos gloires gourmandes et enchanter les épicuriens. Il nous promet d’être présent samedi prochain. Un jeune quoi !

Le visage à la Gainsbourg de Serge


Le Maire du Coderc
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Cathy Pajot venant chaque samedi matin d’Oléron est installée le long de la halle due à Catoire en 1830 . Elle se dit « Codercienne » dans le cœur | Pierre Maly n’hésite pas à venir de Trélissac pour humer l’air du Coderc | |
07/05/2011 © Pascal Serre |
Enfin installé en Terrasse, Jean-Jacques, pardon « Monsieur le Maire » s’enquiert de quelques crevettes chez Cathy Pajot laquelle, depuis 1990, vient d’Oléron presque dans le Nord pour nous afin de proposer ses merveilles de la mer. Et oui, la saison des huîtres est achevée. Deux « petits blancs » sont déposés devant nous. Jean-Jacques :
Pierre Maly, fondateur du restaurant le Jardin pêcheur, fort loin de notre place puisque situé sur la dite voie verte, à Trélissac nous surprend. Il est aussi un amoureux de notre jardin d’éden. Ni une, ni deux il nous confie son almanach d’animations qui est fort divers. Il en profite pour nous narrer son « OPA » sur un camion frigorifique Hotchkiss qui, après avoir sillonné les rues de Périgueux dans les années cinquante séchait des larmes de solitude dans un hangar. Le bouillant bénévole en est tombé amoureux et après une restauration aussi précieuse que précise, le vieux serviteur trouvera une retraite plus active à l’entrée du restaurant. Il va nous falloir prendre carte et sac à dos pour faire le voyage du « Coderc » à Trélissac.
« Labu » à la retraite mais pas retraité
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Michel Labussière ne s’est jamais pris au sérieux mais toujours appliqué à la vie de ses contemporains | Dominique Nay, moins connu à Paris que sa sœur, célèbre journaliste mais plus connu qu’elle sur le Coderc | |
07/05/2011 © Pascal Serre |
Michel Labussière est un pilier de la presse locale et du « Coderc ». Du « Populaire du Centre » à la « Dordogne Libre » il n’a eu de cesse de faire vibrer les initiatives, de conter les petits bonheurs et atténuer les grands malheurs de notre ville. Le voici parait-il en retraite. On ne voit pas le temps passer chante Jean Ferrat et c’est bien vrai. Mais le « Coderc » ne connaît pas la retraite, il ne reconnaît que les retraités. « Labu » comme ses amis l’appelle le jure : « mais je continuerai à venir au marché du Coderc ! Comment vivre sans tout cela ! » Tirant sur son imposant cigare, face à sa bière, un autre journaliste : Jürgen Prast. À la retraite aussi. Le plus célèbre Allemand de notre cité des Pétrocores. La moustache frémissante Dominique Nay fait une halte que nous considérons méritée. Le frère de la journaliste à succès Catherine Nay est un habitué. Pas une semaine sans un passage sur le « Coderc ».

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Georges Boutis. De l’art d’être Pétrocores et héritier d’un hellénisme épicurien | Jean-Michel Jardry sait que « passer au Coderc » est une obligation naturelle pour être de Périgueux | |
07/05/2011 © Pascal Serre |
Salem le baroudeur

Le Coderc a livré là un instant précieux, unique avec lequel beaucoup de nos dirigeants pourraient s’inspirer à l’heure des mixités et métissages mis en oppositions.
Salem nous demande des nouvelles de Jeannot Boussuges qu’il affectionne particulièrement. Notre « poète » du Coderc est chez lui. Il essaye de surmonter les épreuves sans « son Coderc ». Salem est attristé. Nous aussi. Jeannot nous manque.
Il est plus de treize heures trente. Il faut nous séparer. La balayeuse virevolte sous les yeux des policiers municipaux goguenards. Le marché s’est vidé et cède à sa mission de parking. Le printemps est bien revenu. Le « cancan du Coderc » a repris ses marques. La semaine prochaine il nous faudra nous attaquer aux choses sérieuses. Enfin si l’on en croit certains adultes.
Auteur : Pascal SERRE
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Ce marché du coder est bien representé et les photos sont superbes. C'est vraiment le poumon de vie de Périgueux et le lieu de rencontre des "intélos"
C'est joliment écrit et en plus je m'y retrouve. Merci à l'auteur
Merci.
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Notez qu'à moins d'avoir de bonnes raisons de rester anonyme, merci infiniment de signer vos commentaires, favorables ou non, avec préférablement votre nom et/ou prénom, voire à la limite un pseudonyme. W
En lisant ce petit "cancan", je me vois retourner dans ce quartier qui finit par me manquer.
Merci beaucoup à Pascal Serre de nous écrire cette place et son marché.
C'est une vision poétique bien écrite et illustrée modèle Holywood chewing-gum qui ne reflète pas Périgueux dans son ensemble. Le marché c'est six heures par semaine. Le reste du temps c'est Périgueux avec ses PV et ses commerçants pas toujours sympas. Alors on va à l'extérieur. Sans PV ni commerçants qui n'attendent que mon argent et sans sourire.
C'est vraiment people et ça rafraîchit le WE passé avec DSK et la nostalgie des mitterrandiens. Revenons aux choses simples. Merci à Périblog. Et sans anonymat.