« DSK… Vous avez dit DSK ? » mercredi 25 mai 2011

Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire dont le sujet est la place du Coderc à Périgueux et ses people, rédigée par le journaliste Pascal Serre :

« Après Sainte-Angèle, le jardinier ne craint plus le gel. » Un dicton qui ne rime pas avec l’actualité du moment. L’ombre de « DSK » plane sur le « Coderc » tout autant que les dernières mesures en faveur de la sécurité routière. Plus que jamais, notre résidence hebdomadaire se compose de mille et un colportages qui entretiennent potins et ragotins.

Ce samedi qui nous rapproche de l’été s’est paré des couleurs et des éclats d’une saison qui s’annonce sèche sur les terres et abondante dans le chahut de l’actualité. La veille, à l’heure de l’apéro, ma tournée téléphonique s’était soldée par un parterre de réservations sans défaillance.
Dès neuf heures, mes quatre compères sont déjà attablés au Coderc alors que l’assignation familière était pour « Fée maison », chez Marie.
- On a préféré être là.
Christian a décidé fermement du lieu et ses trois affidés ont suivis.
Les cafés se tannent sous le soleil qui, déjà, annonce une journée cuisante. Il est vrai que j’ai pris quelque retard en bavardant avec Olivier Magdelaine qui a repris depuis plus d’une année « Le Petit Chef  ». Un arrêt propice pour prendre la température de nos restaurateurs qui attendent la saison avec la impatience. Olivier semblait satisfait même si il craint un peu la désaffection des touristes.
- Périgueux ? C’est un arrêt-pipi pour les touristes. Ils ne restent pas. Mais ceci a toujours été ainsi.
Olivier Magdelaine, le maître de la “Coquille Saint-Jacques”
Quand la musique adoucie les mœurs... Les Freed Worms

L'espace des Freed Worms sur Youtube
21/05/2011 © Pascal Serre | Vidéo © The Freed Worms

Arrivée en salle de rédaction, Alain me fait remarquer mon atermoiement tout en commandant mon petit noir.
Près de nous, un duo de musiciens inconnus et dont je n’aurai pas le temps de prendre connaissance perturbe affettuoso l’agitation qui émarge le groupe des localiers tarifés seulement par la félicité d’être ensemble.
J’entre dans la conversation cherchant à m’installer confortablement avec mon carnet de notes. La conversation est toute irritée par l’affaire DSK.
- Tout ceci est bien malheureux pour la France. Et je vais vous dire que si c’était chez nous on aurait bien vite étouffé cette affaire.
Christian, en habitué de la vie politique est sans partage, choqué et pourtant averti de la chose. Les trois dodelinent de la tête, grommellent, tentent de prendre la parole. Rien n’y fait.
- Tout au long de ma carrière j’ai connu des extravagances que presque tout le monde connaissait sans se répandre. Je ne citerai pas de nom. La plupart sont morts. « DSK » n’est pas le premier. Mais, je reconnais que toutes ces petites coucheries locales n’atteignaient que les vertus corsetées de l’époque et que le consentement mutuel était de mise.
Les vieux briscards de la vie périgourdine savent trop les bourdonnements escamotés sur la place publique pour contester. Comme souvent, l’omerta s’impose. Chut ! Si la presse se tait c’est que le citoyen se fait complice.
Bernard glisse son potin  :
- Un de mes anciens collègues m’a dit qu’un conseiller général récemment élu dont l’emploi au conseil général était incompatible avec son mandat venait d’être promu à la ville de Périgueux. Tant mieux pour lui mais quand même avec sa paie d’élu a-t-il besoin de prendre la place d’un autre ?...
Christian coupe court :
- Mon pauvre ça a toujours existé et ce n’est pas prêt de changer. Il n’y a rien de mal. Mais c’est vrai, ces petits arrangements m’interrogent sur le citoyen contribuable que je suis. Il y aurait du ménage à faire et personne ne le fera, le système est solide. Il n’a pas pris la place d’un autre, on a tout simplement créé un poste. C’est ainsi et tu n'y peux rien.
Je tente d’orienter les conciliabules sur l’agression qu’a subie une jeune fille dans le parking Francheville.
- C’est horrible et nous serons tous d’accord. La justice doit passer. C’est un cas rarissime à Périgueux qui ne doit pas être pris à la légère. J’ajouterai que la responsabilité des parents est entière. Même si on ne peut pas tout surveiller de sa progéniture on doit inculquer des valeurs. Ce n’est plus le cas. Faut pas tout mettre sur le dos de la société !
René a tranché et aucun avis ne transpire. Un vague soupir accompagne son propos. Christian conclut :
- Elle avait quinze ans… Une jeunesse foutue. Des parents qui doivent culpabiliser… Que peux-t-on rajouter ?
Alain reprend :
- Ces parkings, à part celui de l'esplanade Badinter, sont propices à de telles agressions. Franchement, j’y ai peur, je ne me sens pas en sécurité. Celui de Montaigne est un vrai coupe-gorge et de plus pas très bien entretenu…
Jean-Paul se hasarde :
- Et pourtant, on ne peut pas dire que la police fait rien. Elle ne peut pas être partout sinon on dirait que la ville est « fliquée »…
René qui habite Saint-Georges prend le relais :
- La presse a fait état des nuisances causées par des jeunes sur la place Faidherbe. C’est vrai que ça peut gêner. Plus que les actes, ce sont les attitudes des jeunes qui dérangent. Là encore, les parents n’ont pas fait leur travail. Ces incivilités sont sans gravité mais traduisent bien la mentalité de notre époque. Là encore, la police ne peut que réprimer alors qu’il faudrait avant tout éduquer pour mieux vivre ensemble. Qu’ont donné les assises de la tranquillité ?
Le parking Montaigne date de 1983 et ne s’affiche pas champêtre 21/05/2011 © Pascal Serre
Bernard profite d’une pause très limitée pour vanter le projet présenté par Michel Moyrand concernant le parking Mauvard.
Projet d’aménagement du « Bas Saint-Front » © DR
- Beaucoup pour le maire ! On économise quinze millions d’euros et, enfin, on règle le problème de cette verrue que les autres municipalités ont laissé lamentablement en jachère.
- Oui, mais les places de stationnement seront payantes ! Et, je connais beaucoup de gens qui utilisent ce parking qui auront une raison de plus de ne pas venir en centre ville.

Bernard, notre séculaire commerçant, a décidément toujours le sens du commerce.
Jean-Paul confirme que, lui-même, à cette heure précise a garé sa voiture là et que si c’est payant il me faudra le dédommager dit-il en me tapant sur l’épaule avec le sourire. René, de son côté nous avoue avoir vu le projet et le trouve fort joli :
La police municipale a reçu des consignes très strictes. Elle les applique sans état d’âme
14/05/2011 © Pascal Serre
- Vous voyez bien, après toutes les critiques qu’il a essuyées, Moyrand a su, sans se trahir, prendre en compte ce dossier qui était un véritable casse-tête.
Le stationnement reste un sujet intarissable et ne connaît pas la sécheresse. Bernard monte en ligne.
- La police municipale traque mieux les mauvais payeurs de stationnement que le reste… Moyrand a donné des consignes très strictes. Elle fait son boulot.
Je sens la dérive et tente de glisser le festival « Art et eau » qui approche à grand pas.
- Bof ! Vous sentez-vous concernés ?
Alain se fait dubitatif, contemplatif. Christian, avec son humour décapant :
- Pas de chance que de faire un festival sur l’eau en période de sécheresse…
Rires généreux et presque licencieux.
Le temps passe inexorablement. Il est neuf heures trente passée. La seconde tournée de café est expédiée sans délai. Quelques poignées de main précèdent notre séparation.
Michel Coconnier prend le pouls des ouailles du Coderc 21/05/2011 © Pascal Serre
Le marché est à son comble. C’est une cacophonie gaillarde qui couvre les parasols bigarrés. Tout près, un visage connu : Michel Coconnier, vice-président du tribunal de grande instance de Périgueux qui est pris sous les feux des régatiers de la place. Grand débat sur les mesures prises par le gouvernement pour améliorer la sécurité routière. Le magistrat semble distrait, ne sachant comment combiner sa charge et la bonhommie naturelle qu’il réserve à ce Coderc qui fourmille de tous les accents de la vox populi.
Jean-Paul toujours prêt à décocher une flèche :
- C’est bien ces mesures mais n’est-ce pas aussi une façon de faire rentrer de l’argent des caisses de l’Etat. S'il y a une manifestation à Périgueux j’y serai ! Y’en a marre de payer !
Vent debout, mes quatre mousquetaires conviennent de concert d’être présent quelque soit le temps, même si c’est un samedi à l’heure de leur cancan. Nous nous quittons sur cette sentence inspirée du vieux dicton du jour : « Après saint-Angèle, mes quatre jardiniers ne craignent pas le gel ».
Auteur : Pascal SERRE

Pascal est membre de :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

Libellés : , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







Commentaire de Anonymous Gilbert , le 26 mai 2011 à 12:30  

Bien vu et bien dit. Moyrand est toujours critiqué mais il avance et surprend dans le bon sens. Mais il y a encore beaucoup à faire et pas seulement des cancans messieurs

 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog