Fais pas de politique William mardi 9 novembre 2010

À en juger par le manque d'activité que d'aucuns ont relevé sur Périblog, on pourrait croire que ce qu'il se passe à Périgueux n'éveille plus chez moi le moindre intérêt.

On ne serait plus éloigné de la vérité. Périgueux m'intéresse toujours. Comment ignorer la cité avec les manifestations répétitives de ces dernières semaines, tandis que mes oreilles bourdonnent encore des clameurs inutiles des futurs retraités et en une autre occasion du vrombissement de centaines de destriers rutilants, dont les nobles propriétaires demandaient que l'on renforçât la formation de tous les usagers de la route.

Non moins pacifiquement, nos élus se sont querellés à propos de sujets touchant aux commerces de proximité tels la taxe locale sur la publicité extérieure ou la redevance sur les ordures ménagères (lire ci-dessous le Fil de l'Isle de Pascal Serre qu'il m'a fait parvenir à mi-octobre).

J'ai rencontré ou vu certains de ces élus l'autre jour : Michel Moyrand, maire socialiste de Périgueux sortait du Café de la Place où il venait de déjeuner et nous nous sommes envoyés un salut accompagné d'un grand sourire. J'aime bien Michel Moyrand. Le lendemain, je rencontrais Philippe Cornet, son opposant UMP, en train de déguster quelques fins en-cas arrosés d'un blanc moelleux à l'Espace du Sixième Sens, place Saint Silain. Il m'a remis une copie d'une lettre qu'il venait d'envoyer à M. Moyrand en réponse à sa hausse des droits de publicités extérieures (voir en bas de billet). J'aime bien Philippe Cornet. Le soir-même, je racontais mes rencontres à mon ami Thomas Gibertie, très chouette lui-aussi qui levait le coude avec l'ami Grégoire Rousseau, chef talentueux dont je me souviens encore du plat délicieux qu'il nous avait cuisiné à mon (ex-)épouse et moi-même voici cinq ans dans son (ex-)restaurant situé dans l'étroite rue de la Sagesse en face de l'(ex-)galerie l'Art Nôtre. Il avait réussi à me faire croire, de manière éphémère il est vrai, qu'on mangeait bien à Périgueux. Je ne savais pas encore que cette inoubliable expérience culinaire allait être l'exception plutôt que la règle. Bref, les deux compères après m'avoir entendu dire que je ne nourrissais pas la moindre antipathie envers un élu ou un autre, m'ont conseillé de laisser tomber la politique...

Périgueux me passionne et m'enflammera toujours tant que j'aurai un peu de temps libre à lui consacrer. Ç'a n'a pas été le cas dernièrement, car dès la fin de l'été, un flot de difficultés personnelles m'a submergé. S'est rajouté une incapacité à me connecter sur internet qui m'a pourri la vie et obligé à venir travailler quotidiennement au Café de la Place. Certains penseront quelle joie d'abattre un labeur dans cette atmosphère estudiantine, entouré de serveuses et serveurs étonnants et, ils auraient raison si ce n'était que, dû aux consommations, cet exercice ne m'avait pas littéralement ruiné. Mais finalement ces problèmes ont été résolus ou presque* et j'ai pu aujourd'hui m'accorder quelques heures pour préparer de chez-moi ce billet attendu de quelques-uns qui relancera de nouveau le blog.

*Une poignée de personnes, j'ose le dire, dotées d'empathie, sont venues à mon secours, à des degrés divers, ou m'ont simplement apporté un peu de réconfort moral dans les moments difficiles que j'ai traversé et à toutes, je voue une affection et une reconnaissance éternelles.
Le 3 septembre, devant un panel de journaliste au bar le B34 près de l'Office du Tourisme, l'opposition exprimait ses inquiétudes au sujet du déroulement futur du concours de la Truffe. Elle faisait l'éloge d'association telles que le MNOP et le Jazzogène qui ont su, en dépit d'une réduction des subsides, proposer en 2010 un programme très « haut de gamme », mais naturellement, ont dénoncé aussi ce qu'elle perçoit comme les échecs et les inconsistances de la présente équipe municipale dans tout un chapelet de domaines. Philippe Cornet a parlé des dissensions entre les commerçants du centre ville et le maire au sujet des samedis « Cœur Piéton » (en partie résolues je crois), et les frais qu'occasionnera le déplacement de la mairie dans les anciens locaux de la CCI. Les problèmes de nuisance et d'encombrement des terrasses de certains cafés furent aussi abordés, etc. Lire le Sud Ouest pour un compte-rendu journalistique 03/09/2010 © periblog.fr

Marie-Christine Sanjuan, Philippe Cornet et Jean-Paul Mingasson (un personnage très spirituel et vif mais dont je ne saisissais pas toujours les fines plaisanteries ni tout bêtement ce qu'il disait), et christiane Rat-Soulier 03/09/2010 © periblog.fr

Le B34, le bar où se tenait la conférence de presse donnée par Philippe Cornet & Co le 3 septembre 2010 - 34 Place Francheville - 24000 Périgueux - Tél : 05 53 53 37 45 03/09/2010 © periblog.fr

l'Espace du 6ème Sens bistrot gastronomique : 6, place Saint Silain - 24000 Périgueux -
Tél : 05 53 09 24 29 03/09/2010 © periblog.fr

Francis Delpey chef périgourdin et propriétaire de l'Espace du 6ème Sens à Périgueux. On le voit ici brossant les dernières truffes d'été 03/09/2010 © periblog.fr



Et voici enfin pour celles et ceux qui l'attendaient... le Fil de l'Isle !

Au fil de l'Isle Chaque semaine retrouvez sur Périblog l’humeur de la semaine par Pascal Serre | Voici le billet de cette semaine :


Périgueux n’est pas à l’abri de la crise

Le temps des vaches maigres est arrivé. Du moins, nos élus périgourdins semblent en prendre conscience. La multiplication ou l’augmentation des impositions des entreprises locales résulte d’un choix politique. Discutable mais incontournable.

Au début de l’année, André Laignel, président de l’observatoire des finances locales soulignait : « Toutes les conditions d’une grave crise financière des collectivités locales sont réunies ». Et de poursuivre : « on constate un tassement des investissements et une hausse de l’endettement de 3% ». Aucun type de collectivité n’échappe à cette sombre analyse : « Les départements sont gravement touchés, les régions n’ont plus de liberté fiscale, le bloc communal commence à accuser le coup », dénonçait André Laignel.

A ce constat s’ajoutent les incertitudes sur les effets de la crise, sur les modifications des cofinancements pour certaines collectivités, l’impact réel de la réforme de la taxe professionnelle. Dans ce contexte de gel des dotations, c’est donc à une mise sous tension accrue de leurs comptes que les administrations publiques locales pourraient se voir confrontées, si la conjoncture n’évoluait pas favorablement. Notre bonne cité des Pétrocores ne saurait se soustraire à cette équation.

Lionel Preguimbeau avant la baisse de la taxe
(voir l'astérisque plus bas) © Jean-Christophe Sounalet/Sud-Ouest
C’est dans cette situation que la municipalité de Périgueux a décidé d’augmenter le droit de place des producteurs de chrysanthèmes* qui ornent les entrées de nos cimetières. Cette même municipalité a annoncé que les commerçants de la ville seraient soumis à une nouvelle taxe sur la publicité extérieure.

Ces mauvaises nouvelles suivent celles concernant la mise en place de la redevance spéciale sur les ordures ménagères, la hausse des droits de place, de terrasses et de chevalets. Cet ensemble de charges supplémentaires accentue les incertitudes des acteurs économiques de Périgueux. Des décisions qui ne peuvent que faire grincer les dents des personnes concernées.

Si l’on entend les déclarations de Michel Moyrand les coupes sombres dans les dépenses qualifiées de somptuaires ou pour le moins dispensables ont été faites. On veut bien le croire. Mais si on veut maintenir un service public de qualité compatible avec les exigences des Périgourdins il faut trouver de nouvelles recettes. Imparable et réaliste.

Michel Moyrand et son équipe ont fait le choix politique de ne pas alourdir l’imposition des ménages. Louable intention.

Pour l’opposition menée par Philippe Cornet : « Ces choix affaiblissent encore un peu plus le commerce de proximité qui n’a, en ce moment, guère besoin de cela. » C’est une évidence qui ne peut avoir échappé à Michel Moyrand.

Le maire de Périgueux nous a habitué, depuis son installation, à assumer ses choix, même les moins populaires. À ses contradicteurs il répond : « on me jugera aux prochaines élections ».

Le philosophe Machiavel disait : « En politique le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre mal ». C’est, vraisemblablement guidée par cette pensée que la municipalité de Périgueux a inscrit ses douloureuses décisions.

* Stop presse : À la suite de l’intervention de Lionel Preguimbeau, porte-parole des horticulteurs la municipalité a fait preuve de modération en acceptant de réduire la taxe en durée. Les horticulteurs paieront qu’un jour au lieu de cinq. Le dialogue assorti d’un esprit éclairé des deux côtés ont été respecté et servent d’exemple pour d’autres débats. Il faut le souligner.
Auteur : Pascal SERRE
Membre :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)
Lettre de Philippe Cornet à Michel Moyrand le 22 octobre 2010

Philipppe Cornet
Conseiller Municipal de Périgueux
Conseiller Régional

17 Place Plummancy
24000 Périgueux

Tél : 05 53 08 22 31

Monsieur Moyrand

Mairie de Périgueux
Place de l'hôtel de ville
24000 Périgueux

Monsieur le maire,

Beaucoup de commerçants viennent de m'interpeller au sujet de lettre que vous leur avez adressé le 15 octobre dernier concernant la taxe locale sur la publicité extérieure que vous réclamez avec un effet rétroactif de deux ans !

Après la redevance spéciale sur les ordures ménagères, la hausse spectaculaire des droits de places, de terrasses et de chevalets c'est désormais un nouvel impot que vous levez sur le commerce sans aucune concertation ou information préalable.

Votre lettre oublie que cette taxe est facultative et que la collectivité a toute latitude pour l'exonérer ou la moduler.

De même la formulation habile de votre missive laisse à penser que vous ne faite que reconduire une précédente délibération prise en 1989 dont vous savez très bien que vos prédécesseurs ne l'ont jamais mise en œuvre.

Contrairement à vos affirmations, elle n'a jamais été appliquée à Périgueux, ce que vous ne pouvez pas ignorer.

Contournant ainsi la réglementation, vous avez soigneusement évité de mettre cette délibération à l'ordre du jour de votre conseil municipal excipant d'une décision jamais appliquée de plus de 20 ans...

Cette méthode est des plus contestables et affaiblit encore un plus le commerce de proximité qui n'a en ce moment guère besoin de cela.

Je vous demande Monsieur le Maire de suspendre le recouvrement de cette nouvelle taxe et de mettre ce sujet en discussion au prochain conseil municipal du 16 novembre prochain.

Philippe CORNET

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Commentaire de Anonymous Rue de la Chouette , le 12 novembre 2010 à 09:28  

Heu pardon; un détail. Sur la TLPE (ndlr : Taxe Locale sur la Publicité Extérieure) on ne peut pas réduire les (op)positions à des postures politiques. Ce n'est pas un problème de rôle: c'est une question de droit.

Il faudrait cesser de donner l'illusion que tout est politique. C'est oublier une composante certes malmenée de la démocratie mais néanmoins essentielle, le pouvoir judiciaire.

Dans notre cas d'espèce on se fiche (désolé) des déclarations des politiciens locaux. Il suffit d'appliquer la loi.

Dans un cadre légal, la mairie NE PEUT PAS percevoir cette taxe.

Pour information:
http://www.ruedelachouette.org/taxe-des-commerces-le-maire-revendique-une-decision-illegale/

 

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