L'homme de fer et de glaise lundi 1 mars 2010
Le cancan du Coderc est une chronique hebdomadaire sur Périblog par Pascal Serre
Ainsi va l’hiver, ciel diaphane, visages fouettés et blafards, les mains enfoncées dans des poches refroidies il faut aimer le Coderc pour quitter sa maison indulgente qui nous chuchote de rester en sa douce compagnie.
Nous étions tous les six à nous retrouver en ordre dispersé au Bar de la Truffe. C’était un pur hasard même si le téléphone avait fonctionné dès la veille. Un simple café pris à l’extérieur car il n’y avait pas de place à l’intérieur fit notre affaire.
Nous étions frigorifiés et restions quelque peu sans voix. Nous observions en commentant la presse locale apportée par chacun. Nous avions l’enthousiasme en berne sans savoir pourquoi. Vivement le printemps !
Pour nous, en Périgord, et peut-être plus particulièrement sur notre Coderc le marché est un lieu magique qui chasse le vague à l’âme tout en inspirant une poétique où chaque repli est un grenier aux multiples souvenirs faits de visages, de cris, de gestes immuables, d’aventures impétueuses, d’ombres, d’évènements invisibles qui relient la terre au ciel. Le monde des vivants à celui des ancêtres.
Notre Coderc c’est une maison avec ses pièces assemblées pour l’éternité, un voyage des quatre saisons, un mouvement inlassable et pourtant figé dans sa géographie des étals, des bruits, des couleurs et des odeurs.
On a tous une « madeleine de Proust ». Pour notre petite assemblée de copain c’est la place du Coderc. Ne croyez pas qu’elle se limite à ses contours administratifs hérités de l’histoire. Non, c’est un espace intérieur transcendé qui éclot aussi loin que nos pas nous portent. Ce pourrait être aussi la chère gare de Perpignan de Salvador Dali. Cette petite place aux dimensions modestes nous ramène à « l’indépendance de l’imagination », un « rêve de Vénus ».
Puis-je aller jusqu’à dire, paraphrasant toujours Dali en parcourant ce jardin d'Éden ?
Notre Coderc mérite-t-il cet amalgame ? Grouillant, bruyant, odorant, ruisselant de victuailles il invite à l’ivresse du bonheur même par temps de pluie ou quand le gel veut briser l’audace des habitués.
Notre Coderc c’est évidemment avant tout la bonne chère, la cuisine, les courses et commissions annonciatrices de festivités. C’est encore une agora d’exception. Pour les plus humbles et les seigneurs de la cité. Rappelons-nous qu’elle est incontournable pour les ministres et les édiles du magistrat suprême, surtout quand se profilent les temps de la sanction du peuple.

Et puis, contre toute attente – pour une fois nous ne savions rien – nous avons vu arriver un groupe plutôt joyeux entourant un homme à la stature hors du commun par la taille. Christian et moi-même avons écarquillé les yeux car nous voyions fondre sur notre table Jean Lassalle l’homme qui fit 39 jours de grève de la faim pour sauver les emplois de sa vallée Bigourdane.
La poignée de main ferme, solide presque rugueuse, la voix rocailleuse, chantante, brisant le froid et nous transformant en moutons frétillants, il était là. On en oubliait ses amis périgordins Mattera, Ignard, Leturgie ou Mingasson pourtant connus.
Il fallait en ce dernier samedi de février toute la faconde de ce Pyrénéen massif dans son physique et dans son caractère pour ébranler les désabusés de ces roucoulades électorales.
C’est à l'intérieur du Bar de La Truffe, que Jean Lassalle, le député des Pyrénées-Atlantiques, candidat aux élections régionales sous l’étiquette « Forces Aquitaine » a créé la surprise. Il a vissé sur sa tête le fameux canotier d’un journaliste bien connu et s’est laissé dessiné par Pascal Guillerm (qui vient d’éditer un recueil intitulé « Le piéton de Périgueux ») (1) et trois autres dessinateurs périgordins, félicitant le patron surnommé « Calou » qui fête ses 47 ans ce lundi, vantant avec Claude Oulès , sans oublier de .

Nous étions quelque peu sans voix, ce qui est plutôt rare. Christian cassa notre silence alors que les applaudissements nourris accompagnaient le départ du candidat Lassalle : Notre patriarche n’avait pas tort mais nous lui avons répliqué tous les cinq en chœur que Et de rajouter : .
Auteur : Pascal SERRE
(1) « Le piéton de Périgueux » Pascal Guillerm, éditions Fanlac, 15 € [ plus de détails sur le site de l'Agence régionale pour l’Écrit et le Livre en Aquitaine ]
(2) Journal Mediapart du dimanche 28 février 2010 [ voir l'article ]
Pascal SERRE
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Ce blog est le bienvenu sur mon Ile de La Réunion.
Ceci est un petit clin d'œil aux amis du Coderc en général et à Pascal Serre tout particulièrement.
Ma vie est maintenant ici à La Réunion, mais Périgueux est cher à mon cœur et j'y serai prochainement après un périple à vélo en Afrique du Sud.
Amistat
Didier
http://chansonsetpiments.com
Sacré personnage ce Jean Lasalle , heureux de retrouver Alain qu'il connait bien et qui pour le coup lui offre son légendaire canotier .
Un grand moment sur le Coderc
je salue mon ami Didier que je n'ai pas eu le plaisir de revoir ; même pas lors de son intronisation chez mes amis du vin de à Domme.
C’est donc possible !
C’est la politique qui aura inspiré à Pascal Serre ce que j’estime être son plus beau CANCAN depuis le début de cette chronique. J’ai aimé le beau style à la fois précis et fleuri, avec un je ne sais quoi de « testutesque » qui nous invite à goûter, du bout des lèvres, du fond du cœur, ce zeste de mélancolie naïve que distille le cours des jours d’ennui. Au fil de l’article le ton s’affirme, le plaisir s’affiche, jusqu’à cette belle apologie de ce que pourrait être la politique (ce qu’elle fut pour certains vieux comme moi) : « c’est parfois agréable de rêver, de croire, de prendre du plaisir à cette authenticité… »
Christian n’a pas tort, ne nous laissons pas embarquer par l’émotion, mais sachons aussi ne pas bouder le plaisir d’une belle utopie, d’une envolée au-dessus du pragmatisme ordinaire. Un peu d’idéal, que diable !
Certes, je ne voterai pas pour la liste de Jean Lassalle parce que mes convictions intimes sont ailleurs mais je lui sais gré d’avoir inspiré à Pascal Serre son meilleur CANCAN et une conclusion qui semble invoquer les grands disparus, de De Gaulle à Mitterand, ceux chez qui il y avait « quelque chose de mythique et d’insondable. »
Jean Lassalle.... imaginons cette grotte improbable où le chaman des maux par sa voix, ses gestes, son talent naturel trouverait les forces (d'Aquitaine....)pour réconcilier les hommes et les femmes, proposer une nouveau chemin vers une vie meilleure....
Pascal Serre....Le chaman des mots...
Amitiés
J'ai découvert le cancan du coderc par hasard et ceci m'a permis de redecouvrir la plume de pascal serre dans un autre genre. Un vrai caméléon de la litterature journalistique. Ces éditos ne manquaient pas de référence et de vérités; Que ce soit dans Pouvoirs en Dordogne que je regrette ou dans le Journal du Périgord où nous sommes nombreux a attendre son retour. Alors même si on lis le cancan, c'est quand le retour au journal du Périgord ? Quand à Jean Lassalle comment après cette lecture ne pas adhérer ?
J'avais presque perdu de vue Pascal serre. On m'avait dit qu'il avait cessé ses activités. Et puis je découvre par une amie qu'il écrit sur Périblog.
M'en voici heureuse et ce nouveau style, cette rubrique sont franchement une bouffée d'air pur. Je sais aussi que Pascal possède un solide carnet d'adresses et une connaissance de la politique locale de tout premier plan. C'était un régal que de lire ces articles dans le Journal du Périgord. Pourquoi ne plus y être ? D'ailleurs cela se sent bien l'âme du magazine n'est plus au rendez-vous. Revenez et continuez le "Cancan" s'il vous plaît.
Le "cancan du Coderc" est désormais une institution. C'est une belle idée. J'ai connu Pascal Serre dans des écrits plus acides, aux multiples références, n'usant que très peu du descriptif mais ici il ouvre une nouvelle plume de son cartable avec succès. Avec ce Jean Lassalle remarquablement amené par l'auteur voici une rencontre à laquelle je regrette de n'avoir pu être présent. Et puis Alain Bernard ! Trublion aux sensibilités si extraverties. Pascal et Alain, quelles richesses sur notre ville !
Une seule chose : pourquoi Pascal Serre n'écrit plus dans le Journal du Périgord ? En quelque mois, cette publication si belle, si riche, si diverse qu'il tenait avec des bouts de ficelles sans que ça se voit semble aller à dans tous les sens. Il avait créé ce magazine, c'est son bébé il faut assumer. Alors reprenez le Journal du Périgord mais continuez le "Cancan du Coderc
C'est vrai que nous attendons avec une grande impatience ces gentils cancans.
Le plaisir de lire une petite partie de vie de la place du Coderc.
Bonjour
Vous pouvez voir le dessin de Jean Lassale ici : http://www.sketchcrawl.com/forum/viewtopic.php?f=49&t=4892, parmi d'autres.
Jean Lassale et Alain Bernard ensemble, le canotier de l'un terminant sur la tête de l'autre, suivi d'une chant de berger, un moment vraiment particulier !
Pascal