La conspiration de la rôtissoire lundi 1 février 2010
Le cancan du Coderc une chronique de Pascal Serre
En ce samedi 30 janvier, quand j’ai regardé au travers de ma fenêtre l’horizon qui confondait ciel et terre, un gris sans attrait je me suis dit que nous étions bel et bien en hiver. Mais, les démons de la tradition n’avaient point atteint ma détermination à faire mon pèlerinage mondain aux accents plébéiens sur les places de marchés et plus particulièrement sur celle du Coderc.
Comme toujours, c’est l’impréparation qui prévaut ; la surprise des rencontres restant la principale règle ; les commérages et autres caquetages s’avérant la sève de ces impromptus qui n’ont rien d’impropres ou de discourtois ; notre attachement à nos sujets et objets de curiosité se réduisant à cet agora délimité par l’amitié née des lieux et du temps.
Les cinq mousquetaires sans épée
Point de conspiration en amont. Officiellement. L’aval n’étant qu’en devenir. Officieusement. L’aventure débute toujours au coin ou à la croisée de rues comme celle du Coderc et des Chaînes. C’est ici que la rôtissoire de Christian Dupuy, en cette saison constitue un attrait supplémentaire pour badiner et jouer au badaud. Il y a la bonne odeur des poulets que le maître des lieux arrose entre deux poignées de mains. Et il y fait chaud.
C’est aussi que l'on se trouve chez l’adjoint au maire de Périgueux chargé du commerce. La blouse rouge endossée il sait faire le tour des popotes, prend avis et ne s’oppose jamais. Il connaît trop son petit monde pour savoir qu’ici on rivalise tant autour d’un bon plat que sur le sexe des anges et que gauche et droite préfèrent la « vieille fine » aux grotesques invectives.
Il est dix heures. Un bout de soleil perce au dessus de la halle et voici Christian — l’autre, l’ancien de la « Préfectorale » — toujours fidèle avec son journal sous le bras et son chapeau bien vissé qui nous rejoint. Salutations chaleureuses et les échanges s’engagent entre deux « Christian » : Faut dire que les deux hommes ont tant de souvenirs en commun.
Revenant sur le trottoir, près de la fameuse rôtissoire, c’est Alain et Bernard, ce dernier ayant été employé de ce que l’on appelle « La Ville » retraité depuis une douzaine d’années, qui nous rejoignent. Bernard est du quartier du canal. Jean-Paul arrive dans la foulée nous disant qu’il a eu René au téléphone, qu’il est fatigué et ne viendra pas.
Nous voici prêts. Cinq mousquetaires sans épée autour de cette rôtissoire à comploter notre petit bonheur du samedi matin. Une vraie conspiration.
Le « Petit Chef » de la Libération à nos jours
dis-je, Accord sur toute la ligne. Nous y sommes en quinze pas maximum. Le petit groupe a décidé la formule « huîtres ». Pendant que Christian, Alain et Bernard vont prendre place à l’intérieur, je vais quérir les divins ostréidés chez Jeanine et Jean-Paul une baguette de campagne chez Pichard.
Pour les non-initiés à la vie locale, «Le « Petit Chef » est une vénérable institution. On la trouve rue du Coderc. Petite artère qui fait face à la halle et relie la rue des Chaîne à la place de la mairie.
La commande passée je rejoins le petit groupe. Déjà, Christian nous livre quelque secrets sur le lieu : raconte-t-il,
Aujourd’hui, c’est Florence Chaminade qui a pris la suite de Marie-Christine Mignot laquelle l’avait acquise à un certain Pierre Charlier qui tint dix ans. coupe Alain, Tous les bras se lèvent en signe d’approbation.
Voici que la porte s'ouvre avec énergie. C’est Yves Beaugier, le célèbre boucher bio dont la « côte de bœuf » est qualifiée de « don du ciel » qui entre avec cinq ou six locataires de la Halle : On se salue sans qualificatif si ce n’est de respirer le temps qui s’écoule. interpelle Michel Audebert un autre boucher qui connaît tout aussi bien son affaire.
Bernard qui est le plus proche de la porte se lève et s’écrit : Alain assure Rien n’entame notre appétit de « cancanages ».
Béatrice et Bernard entre valse et tango
Première salve : les relations entre le Président du Conseil général et Madame le Préfet. Christian prend la parole :
Jean-Paul, notre ancien artisan du quartier Saint Martin : Les bouchers qui finissent leur café et ont entendu se retournent :
Sentant que la discussion va s’élargir, je fais le service du « muscadet » et fait l’annonce traditionnelle permettant d’apaiser les esprits. je lance tout en essayant de me retrouver dans mes notes.
Mais Christian reprend :
Avalant son huître de travers, Jean-Paul rajoute en suffoquant : Et toute la tablée d’éclater de rire.
Jacques Merly, l’homme du Rallye du Périgord
Alain qui a déjà avalé huîtres et muscadet nous rappelle la disparition de Jacques Merly : Bernard qui travailla à la mairie s’en rappelle : Quelques secondes de silence, le temps d’avaler un verre ou de manger une huître en se disant qu’on est bien peu de chose.
On ne croit plus personne
continue Bernard,

Bernard :
interrompt Jean-paul, Et Christian interloqué :
Je regarde l’heure. Il est déjà midi. Je me retourne, il ne neige plus et c’est juste mouillé. Les premiers clients entrent d’ailleurs pour rappeler que l’horloge tourne même place du Coderc. On demande l’addition. Je rapporte le plateau avec les coquilles vides à Jeanine. On se retrouve devant la rôtissoire de Christian, toujours présent avec ses clientes. nous dit-il avec son sourire charmeur et sincère. Périgourdin quoi !
Et nous de répondre :
Auteur : Pascal SERRE
(1) Maxime Roux est né en 1906, mort en 1976. Inspecteur d'académie en Dordogne révoqué par l'État de Vichy il est nommé préfet du maquis en juin 1944. Il s’installe à la préfecture le 20 août 1944 jusqu’en avril 1946. Ensuite, Il assurera différents postes de préfet puis dans des ministères jusqu’à sa retraite en1971.
(2) Jacques Gasnier est né en 1933 et décédé en 1989. Il sera préfet de la Dordogne de 1984 à 1987 avant de devenir trésorier payeur général de la Haute-Loire
(3) Jean Taulelle (1914-1999). Formation de droit interrompue par la guerre (39-45) a occupé de nombreux postes dans l’administration préfectorale avant d’être installé en janvier 1962 préfet de la Dordogne qu’il quittera en décembre 1967. Retraité en 1977 il devient conseiller d'état et candidat gaulliste sur Bergerac en 1981.
(4) Yves Guén né en 1922, plusieurs fois ministre, membre du Conseil constitutionnel (1997-2004) dont il fut président (1999-2004) ; maire de Périgueux (1971-1998), député (1962- 1981) puis (1986-1988) ; conseiller général de Périgueux de 1970 à 1989.
(5) Robert Lacoste (1898-1989) ancien président du Conseil général
(6) Raymond Jaffrezou, né en 1928, préfet de la Dordogne (1980-1983). Retraité en 1990 il rejoint la Cour des comptes.
(7) Bernard Bioulac, né en 1941, professeur agrégé de médecine à Bordeaux I, président du Conseil général (1982-1992) ; député de la Dordogne (1988-1993).
(8) Béatrice Abollivier née en 1954 promotion « René Char » de l’ENA, nommée préfète de la Dordogne en novembre 2008
(9) Bernard Cazeau né en 1939, médecin à Ribérac (1968-1994) ; maire de Ribérac (1971- 1998) ; conseiller général depuis 1976 ; président du Conseil général depuis 1994 ; sénateur de la Dordogne depuis 1998.
(10) La Mazille, pseudonyme d’Andrée Maze qui publia en 1929 « La bonne cuisine du Périgord ». Ouvrage célèbre.
Pascal SERRE
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Merci Mr Serre pour ces gentils potins.
J'aime prendre plaisir à vous lire.
Tout disparaît à Périgueux et cela depuis des années... il y en à marre! J.C. Bonnal
(N.d.l.r. en référence à la fermeture de Pier Import je suppose.
J.C. Bonnal est un amoureux du Périgord et de son histoire.
Voir son blog ici : http://mondomicile.centerblog.net/)
Merci pour ces mots .... quelques soit le sujet , ils sont ordonnés comme des partitions musicales ......et j'adore la bonne musique....
Toute ma sympathie vous est acquise , comme celle de William d'ailleurs .....
Brigitte