Notre crêche de noël dimanche 20 décembre 2009

Le cancan du Coderc avec Pascal Serre


Pour tout vous dire, malgré la neige, ce samedi, nous étions quelques amis à n’avoir pas dérogé à la règle des huîtres et du muscadet chez ce bon curé Noë Chabot(1) ou plutôt pour les moins avertis « le bar du Coderc ».
En face, venue des bassins de l’océan, Jeanine est notre copine. Elle ouvre les huîtres pendant que le « bar du Coderc » nous prête un plateau et Pichard nous vend son pain de campagne sans pareil. Il nous reste à commander un petit « muscadet » et, à la bonne franquette, entre deux huitres on fait notre revue de presse revue et corrigée de la semaine. C’est la « crêche de Noël ».
D’ailleurs, passe Monseigneur Michel Mouïsse auquel on devait revêtir au marché aux truffes de la place Saint-Louis la cape marron du Docte Collège des maîtres de la truffe et du foie gras qui nous salue sans bénédiction mais le sourire accordé aux braves santons que nous pourrions être.
De Copenhague au match de l’Olympique de Marseille à Périgueux nous passâmes bien deux douzaines chacun du divin mollusque. Nous avions un avis sur tout et décidions de rien. Quel régal !
Nous nous sommes étranglés sur le clip montrant Xavier Darcos chantant et dansant sur une chorégraphie de moulinets de bras. « Il aurait fait ça pour les municipales ça faisait office de programme car faire rire c’est pas donné à tout le monde ! » dit un des convives. « Ah ça c’est sûr qu’en ce moment on doit pas rire tous les jours avec Moyrand ! » reprend un autre, commerçant de son état, dont la tension artérielle le met en danger chaque fois qu’il entend le nom du maire. Et notre « Monsieur Brun » de service aucunement vérificateur des douanes, originaire de Lyon comme dans la trilogie de Pagnol mais fonctionnaire toutefois de nous rappeler : « On sait que les Grecs mangeaient beaucoup d'huîtres qu'ils ramassaient sur les bancs naturels puisque des textes anciens nous rapportent que les coquilles de celles-ci auraient servi de bulletin de vote. Par exemple, pour bannir de la cité un des leurs, les Grecs procédaient à un vote avec le dessus des coquilles d'huîtres. Le terme ostracisme trouverait d'ailleurs son origine ici (ostrakon : coquille). »
« En Corse on fait voter les morts ici ce sera difficile de voter avec des huîtres… Peut-être avec des truffes ! » Rire général. On commande un autre muscadet. La conversation est animée. Les gosiers secs.
Et l’affaire repartant de plus belle : « Avec tes coquilles tu as parlé d’ostracisme faut quand même dire que ça fait presque deux ans que Moyrand est là. Je ne veux pas faire d'ostracisme et encore moins de politique chaque fois que l’on parle de celui que nous nommons « le laboureur » il ne se passe rien si ce ne sont des bisbilles de basse-cour. Sauf l'augmentations des impôts locaux j’en conviens et l’abandon de ce que Darcos voulait faire. Désormais on a même perdu, d’une certaine façon, la bataille de « Cultura » que le chanteur à moulinets avait gagnée. » Un coup de muscadet et un autre de reprendre : « Cornet, son opposant m’a dit que le Salon du Livre Gourmand allait disparaître, que les allées de Tourny allaient être transformé en gare de bus... je sais pas si c’est vrai mais je suis pas d’accord. Il est tenace le bougre. Il a sa mairie, d’ailleurs, il fait son premier conseil municipal dans les locaux alors que la Chambre de Commerce n’a pas fini de déménager. » Les débats redoublent et notre Monsieur Brun de souligner avec sa voix pointue : « En attendant un homme intelligent comme Darcos ne devrait pas se donner en spectacle, Moyrand au moins il se fait discret et travaille ».
On est loin de Copenhague et des pantalonnades internationales. On n’en parle même pas. « C’est du cinoche tout ça je vous dis, remballez et zou… » tranche un poète nihiliste. On est plutôt fier de recevoir l’Olympique de Marseille et on caresse le rêve du réchauffement climatique de l’équipe Trélissacoise qui battrait les « Marseillais ».
On aspire la dernière huître après qu’elle ait fait son tour de piste de fin de plateau. Il est près de treize heures. Tout le monde se lève, et en faisant tourner ses bras, l’un d’entre eux nous dit : « Paraît que le titre de la chanson de Darcos c’est : « Tous ceux qui veulent changer le monde » et bien qu’ils commencent par se changer eux-mêmes. » Au fond de moi je pense à la naissance du petit Jésus qui voulut changer le monde et finit crucifié. En sortant sur la place du Coderc, face à notre vieille et à la fois pimpante halle de Catoire (2) et qui en a vu d’autres j’en ai des frissons dans le dos. Mais c’est le froid qui me cause cette sensation.
Joyeux noël et à Samedi….

(1) Jean-Noé Chabot (1869-1943) ordonné prêtre puis démissionnaire ouvrit en ce lieu un débit de boissons et de tabac et se fit connaître par des cartes postales sous le patronyme de « curé rince-goulot ». Il se réconcilera avec Dieu peut-être autour d’un verre de vin de Monbazillac qu’il affectionnait.
(2) Jusqu'au début du XIXème siècle, la place du Coderc (couderc en périgourdin : le pré, la pâture) est le centre politique et civil de Périgueux. L'ancien hôtel de ville, ou Consulat, édifié au XIIème siècle, est démoli en 1826 et remplacé en 1833 par des halles conçues par l'architecte Louis Catoire (1805-1864).


PASCAL SERRE
Rédacteur en chef :
  • JOURNAL DU PERIGORD
  • DIRELOT
  • DORDOGNE PERFORMANCES
Membre :
  • Institut Montaigne (Paris)
  • Fondation Terra Nova (Paris)
  • Fondation de la France Libre (Paris)

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Commentaire de Anonymous jean-pierre , le 21 décembre 2009 à 09:54  

En voilà des bons moments !
Quand j'étais enfant, mon grand-père m'emmenait faire les livraisons avec lui dans sa camionnette 203. Au moment de l'apéritif, les artisans se retrouvaient au bar de la place du théâtre et refaisaient le monde ...
Mes plus beaux souvenirs ont le parfum du diabolo menthe !

 

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