Robert Badinter a sa place à Périgueux vendredi 25 septembre 2009





L'esplanade Robert BADINTER
a été inaugurée le 25 septembre 2009
par Michel MOYRAND, maire de Périgueux,
en présence de Robert BADINTER, Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice (1981 - 1986),
qui fit voter
l'abolition de la peine de mort en France.
L'esplanade Robert Badinter vient d'être inaugurée par l'ancien Garde des Sceaux lui-même. Je m'y suis rendu sur les coups de 17h, juste avant que Michel Moyrand et Robert Badinter coupent le cordon et révèlent ensemble un objet trop pâlot qui fait office de plaque, sur lequel est apposé le nom de l'homme illustre de 81 ans que la nouvelle mairie a voulu honorer de son vivant.

Il n'y a de victoire durable que celle qui marque un progrès de l'humanité

Robert Badinter, Périgueux

L'esplanade Robert Badinter lors du discours de M. Badinter le 25 septembre 2009
Ce que l'on appelait autrefois (et sans doute pour un bout de temps encore, puisque les mauvaises habitudes sont difficiles à perdre) la place du théâtre, lors du discours de M. Badinter
Robert Badinter à gauche en compagnie de Michel Moyrand maire de Périgueux le 25 septembre 2009
Robert Badinter, homme charismatique s'il en est, qui a défendu des causes aussi diverses que l'abolition de la peine de mort et la dépénalisation de l'homosexualité, ici, en compagnie de Michel Moyrand devant la plaque d'inauguration de l'esplanade Robert Badinter, premier lieu public en France à porter son nom
Les dernières minutes du discours de Robert Badinter, la coupure du cordon et le dévoilement de la plaque en présence de Michel Moyrand et Yves Guéna qui a, lui aussi, sa place à Périgueux. Ceci est un fondu enchaîné constitué de
photos extraites de ma très mauvaise vidéo dont j'ai toutefois conservé le son
Robert Badinter avec Marcel Wieder de la LICRA
Rencontres avec le public et séance d'autographe avec, sur la photo de gauche, Marcel Wieder de la LICRA de Périgueux

Pour l'honneur
Jean-François Cros à Périgueux"Monsieur le Président, mesdames et messieurs les députés, j'ai l'honneur au nom du Gouvernement de la République de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France".

Toute ma vie, je regretterai de ne pas avoir été sur les bancs de l'Assemblée en ce 17 septembre 1981, écoutant Robert Badinter et participant à ce moment fondateur d'une démocratie enfin lavée de ses vieux démons vengeurs.

PendaisonLors d'une discussion très personnelle que j'avais eu avec mon ancien patron, Jacques Blanc, alors député de la Lozère depuis 1973, il m'avait avoué avoir ressenti ce jour là le poids de l'histoire dans les travées du palais Bourbon. " Député UDF et donc opposé au gouvernement de l'époque mais avant tout médecin se battant pour la vie, je ne pouvais accepter de l'ôter. Pour tout cela, j'ai voté en mon âme et conscience l'abolition de ce châtiment" m'avait-il affirmé avec la fierté et aussi la pudeur de celui qui a participé à un instant qui doit compter dans la vie d'une homme politique.

Comment exprimer par des mots ce que que ce châtiment inhumain peut susciter en moi... J'essaye d'imaginer l'angoisse, les pensées, les images qui se bousculent dans la tête de celui qu'on emmène à l'échafaud. Je n'y arrive pas. Peut être est-ce parce que j'aime trop la vie pour admettre qu'on puisse s'autoriser à la prendre sous prétexte de loi ? Ou alors est-ce la totale irréversibilité de la peine, l'absolue impossibilité de concevoir la repentance du coupable qui m'interdisent d'accepter la peine de mort comme condamnation ultime contenue dans notre corpus législatif ?

On aura beau jeu de me renvoyer les tortures de victimes innocentes ou les drames vécus par les proches. Je comprends tout cela avec acuité et sensibilité mais je ne donne pas aux hommes le droit d'enlever la vie. Seuls la nature et Dieu, pour ceux qui y croient, en ont le pouvoir. Je me suis persuadé au fil de mon existence malgré tout, malgré la violence et la bêtise de certains, que seuls le pardon et la pitié pouvaient faire avancer, ne serait-ce qu'un peu, notre monde et notre société.

Le 25 septembre, une place de Périgueux portera le nom de Robert Badinter. Avec la maladresse de la pudeur et du respect, au delà des querelles politiciennes qui n'ont pas lieu d'être ici, je voudrais, en mon âme et conscience, le remercier d'avoir permis à mon pays de sortir de la Loi du Talion et de quitter la compagnie sanglante et mortifère de l'Iran des ayatollahs, de la Chine des exécutions massives ou celle des USA des souffrances sans fin.
J-F Cros

[ billet paru dans Un peu de rien... sur un peu de tout... le blog de Jean-François Cros ]

Libellés : , , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







Commentaire de Anonymous boguy , le 26 septembre 2009 à 11:16  

Un sage dans la politique comme il y en a trop peu !
Belle initiative la rencontre avec les lycéens.

Commentaire de Anonymous jean-pierre , le 26 septembre 2009 à 13:17  

Le théâtre et la politique sont assez proches !!
Celui qui fait rire n'est pas toujours celui qu'on croit ...!

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 27 septembre 2009 à 17:29  

Votre blog donne envie de découvrir la dordogne, Bravo! VBG

Commentaire de Anonymous Pascal , le 28 septembre 2009 à 01:35  

« Le premier n'a plus rien à prouver. L'autre a tout à prouver.
Le premier n'a pas besoin de lunette pour regarder la vie; le second a besoin de ses lunettes pour tenter de construire la sienne. Le premier regarde le peuple en face; le second préfère méditer sur le chemin de croix qu'il a entamé en mars 2008. Tous deux ont une cravate similaire. C'est insuffisant pour faire naitre une amitié. Ils se sont croisés. Presque par hasard et la nécessité ne se retrouvant que chez le second, le premier était ailleurs quand la photo fut prise. Peut-être dans le cœur d'un peuple dont il se réclame. Monsieur Badinter a déjà oublié Monsieur Moyrand. C'est triste la politique quand on connaît les règles de cet échiquier. »

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 28 septembre 2009 à 09:11  

Malgré que vous ayiez écrit qu'au lendemain de la disparition du Général de Gaulle "voici que se referment les Portes de Gloire. Demain, j'entrerai dans les temps ordinaires" vous êtes venus honorer Robert Badinter. Est-ce parce que, comme vous l'avez aussi rédigé pour le Général : "sa lumière, sur la longue route de France n'est pas un modèle tant il dépasse la commune capacité des hommes d'Etats les plus remarquables ?" On a du mal à croire que ce fut pour votre successeur à la mairie de Périgueux, Michel Moyrand dont les meilleurs adjoints sont derrière lui avec - au cas où - une tenue de policier, signe emblématique de la Loi républicaine.
____________Merci pour le com____________
Ce commentaire "anonyme" fait référence à Yves Guéna dont la photo apparait dans la vidéo. W

Commentaire de Anonymous PM , le 17 octobre 2009 à 18:29  

Bonjour, puis-je utiliser votre photo " Badinter Moirand" pour mon site SVP http://perivote.revolublog.com/

Avec votre lien (evidemment)

Merci

PM

Commentaire de Blogger Périblog - William Lesourd , le 18 octobre 2009 à 00:15  

Oui, c'est ok PM du moment que vous mettez un lien vers ce billet ou la page d'accueil du blog. Amicalement, W

 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog