Un périgourdin fait le marathon de Moorea mardi 17 mars 2009

Quelle saison de renaissance !... sentez-vous comme moi le désir impérieux de vivre vous envahir quand, dès le matin, un soleil aussi glorieux qu'en ce moment illumine le monde ?

Je slalomais gracieusement ce midi entre les « mollards » des garçons du lycée Picasso et du Laure Gatet, sous le gai piaillement des mamans et papas oiseaux et de leurs oisillons, camouflés dans les branches fleuries des arbres qui ont échappé à l'élagage impitoyable du mois dernier. La nature — selon la formule consacrée — reprend ses droits et le fait cette année d'une manière tout à fait charmante.

Jean-Jacques Solari - 2008 au café Errel à PérigueuxComme vous avez pu vous en douter, je n'ai guère de temps en ce moment à consacrer à Périblog, aussi je me presse. Voici donc sans transition le récit de la course à laquelle a pris part JJS, un de mes plus précieux amis, exilé depuis près de dix mois en Polynésie française pour des raisons familiales... un exil provisoire je l'espère, car sa compagnie me manque. JJS est la personne à qui je dois l'orthographe généralement irréprochable de mes billets (après le premier jet bien entendu). Son style est fort différent du mien. Il écrit méthodiquement avec une foison de détails que vous jugerez utiles ou non et qui vous feront peut-être sourire tant ils sont nombreux et précis. En bon perfectionniste, ce qui est à la fois la qualité et le défaut qu'il se reconnaît, JJS a, de temps à autre, tendance à en faire plus qu'il ne lui est demandé.

L'histoire qu'il m'a envoyée est longue... mais le rythme est agréable et les phrases ficelées avec soin vous emmèneront jusqu'à l'épilogue en toute finesse. Il désirait m'envoyer de meilleures photos de la course même pour agrémenter son texte, mais une mésaventure est survenue à la personne qui tenait l'appareil et la caméra (lire le récit pour en savoir plus). Si vous n'avez pas le temps de tout lire, revenez demain... JJS est en partie responsable de la qualité de ce blog et mérite qu'on lui rende hommage de temps en temps.

Pour savoir ce qui se passe dans la tête d'un marathonien, de la veille du départ à la conclusion de la course, je vous invite à lire l'histoire ci-dessous...



Marathon de Moorea — 7 février 2009


Poster du marathon de Moorea février 2009Le marathon est une épreuve mythique pour tous ceux qui n'ont jamais osé participer mais à la portée de chacun. Une préparation physique est bien sûr indispensable, laquelle permet de bâtir les ressources mentales nécessaires d'un effort dans la durée.

Cette année, c'est la 21ème édition du Tahiti-Moorea Marathon, qui se court à Moorea, la petite sœur de Tahiti, sur l'unique route de l'île. Et puis l'épreuve a lieu en février, une période de l'année particulièrement chaude en Polynésie, avec des températures entre 25 et 28° C au lever du soleil, vers 5h15 en cette saison, entre 30 et 35° C aux heures les plus chaudes. Pour pallier ces conditions particulières, le départ du marathon est donné à 4h30, à la lumière des réverbères.

Je visais un temps entre 3h30 et 3h45 et avais donc suivi un plan d'entraînement, trouvé sur Internet, pour réaliser cet objectif. Après celui de La Rochelle en novembre 2007, bouclé dans un temps calamiteux pour moi, car mal préparé et mal reposé aussi d'un trail d'une trentaine de kilomètres trois semaines auparavant, voici donc mon deuxième marathon.Moorea à l'horizon - photo © Jean-Jacques Solari
Moorea dans le lointain - Photo © Jean-Jacques Solari

Cette fois-ci, j'ai mis toutes les chances de mon côté : puisque le départ est à 4h30, je me lèverai plus tôt, prendrai juste un thé avant de suivre scrupuleusement le plan d'entraînement et m'accoutumerai à une boisson d'effort, tous les jours quoi qu'il arrive. Pour parfaire le tout, je décide de partir deux jours avant en pension de famille à Temae, à côté de l'aéroport de Moorea et près du départ de la course. Cette phase ultime, toute d'interrogations sur la météo et de doutes sur sa forme physique au jour de l'épreuve, fait partie de la mise en condition et marque le passage du temps de l'entraînement à celui de la compétition.

Moorea vue du cielJeudi, après un dernier footing matinal, j'embarque donc à Papeete sur le ferry de midi avec armes et bagages. La pension est conforme aux attentes, avec ses trois bungalows au milieu de jardins de sable ceints de palissades, végétation typique des atolls, calme et tranquille. Je m'installe, préoccupé de diététique. La première nuit est secouée d'averses et de coups de vent, brefs et soudains, bruissements des feuillages et maison ouverte aux quatre vents, autant dire qu'elle fut mouvementée. Fidèle à ma ligne de conduite, je sors du lit à 3h30 pour déjeûner, puis fais un peu de traduction [ Ndlr JJS effectue des traduction pour le W3C ]en attendant le jour. La météo est radieuse, je fais connaissance avec mes voisins, Laure et Cédric, un couple charmant arrivé tout droit de France la veille. Pompier de vocation, Cédric est là pour le marathon, avant de profiter de la Polynésie avec sa compagne. Sans qu'il soit acclimaté, quittant les froids rigoureux de l'hiver, je suis quand même perplexe.

Marathon de Moorea 7 février 2009Vendredi passe à reconnaître le parcours, qui n'offre aucune difficulté de terrain majeure si ce n'est une côte vers le dixième kilomètre, ce qui a son importance puisque c'est aussi le trentième de ce trajet en aller-retour, le fameux mur des trente. Passé au village du marathon sur la plage de Temae, véritable carte postale promotionnelle de sable blanc et de lagon turquoise, pour prendre le poul et instiller le frisson de la compétition. Ingurgité consciencieusement mes pâtes et riz en vue de la dépense, ce que je fais déjà depuis deux jours, tout en me livrant à des calculs compliqués pour le ravitaillement pendant l'épreuve, tant cette question est délicate. Le dilemme est le suivant : soit se ravitailler aux stands tous les deux kilomètres et demi, soit emporter sa ration. Dans la première hypothèse, c'est l'inconnu, on ne sait pas ce qu'on avale mais on part léger. Dans l'autre, au contraire, on est habitué à une boisson d'effort et on part chargé. Malgré le handicap du poids, je choisissais la deuxième option.

Comme pour toutes les veilles de course, sommeil agité à cause de l'alimentation trop énergétique et de l'excitation de la compétition. Inquiétude aussi parce que la nuit avait été ponctuée de grosses averses. Donc levé à 1h00 avec la pluie, déjeûné d'un thé, d'une banane et d'un bol de gruau d'avoine, le temps de la digestion. Préparé la boisson d'effort, un demi-litre à boire dans l'heure qui précède le départ et un litre et demi dans une poche dorsale à consommer pendant l'épreuve, légèrement plus concentrée, à raison de deux ou trois gorgées au kilomètre, tout est calculé. La pluie a cessé, Cédric se lève seulement à 3h00, autre stratégie. Je m'équipe comme pour un trail, cuissard, maillot près du corps, casquette et harnais porte-liquide. Il est 4h00, je suis prêt, j'entends les voix de Cédric et Laure, ils se préparent à partir. Je leur demande s'ils peuvent m'emmener, oui, nous y allons.
Marathon de Moorea 7 février 2007 - la plageAgitation et fébrilité au village du marathon, des coureurs s'échauffent dans tous les sens, le temps presse, nous nous rendons en voiture au départ qui se trouve quelques centaines de mètres plus loin. Sous la bannière du départ, une troupe est en train de se rassembler. Je fais quelques longueurs, des étirements, un nième pipi, croise Xavier de notre trio avec Éric lors du trail Painapo en septembre, il a l'air en forme. Le haut-parleur bat le rappel des coureurs, le départ va être donné, le décompte, ça y est enfin. La centaine de marathoniens s'élance dans les battements viscéraux des percussions polynésiennes.

Marathon de Moorea 7 février 2009 - Les vahinésPatrick Twambe, le vainqueur de l'édition précédente, qui a annoncé son intention de battre le record de l'épreuve, donne tout de suite le ton. Les groupes se forment rapidement selon les capacités. Parti doucement, soucieux de ma charge, la course m'absorbe bientôt et je commence à remonter les concurrents les plus faibles. Je reste un moment derrière un groupe de militaires à mon rythme. « Plus que 42km » qu'ils disent. Leurs plaisanteries inquiètes finissent par m'exaspérer et je hausse la cadence pour les dépasser. Après un quart d'heure le cordon des coureurs est maintenant bien étiré. Des panneaux sur le bas-côté annoncent chaque kilomètre parcouru. Je remarque le manège superstitieux d'un coureur qui se déporte pour les toucher tous. C'est aussi le moment pour moi d'avaler un peu de la potion que j'emporte ; ce sera deux gorgées par kilomètre à l'aller et trois au retour. Les points de ravitaillement, tous les deux kilomètres et demi, seront l'occasion de prendre une ou deux gorgées d'eau supplémentaires.

Marathon de Moorea 7 février 2007 - penduleLe jour n'est toujours pas là mais quelques lève-tôt regardent passer la curieuse procession, installés dans un fauteuil ou assis sur une pierre. Maharepa puis la baie de Paopao, l'aube poind, la route est toujours dans la pénombre des montagnes. Les odeurs de pain frais à l'approche des magasins qui ouvrent. C'est Paopao au fond de la baie, réminiscence des moments passés chez mes grands-parents dans la vallée, les cousins qui habitent là seront-ils debout quitte pour la surprise de me voir passer ? Non, tant pis. Le kilomètre dix est juste après et la fameuse côte, revêtement irrégulier à fort dévers par endroits, gâre aux chevilles, que je gravis dans le noir avec une aisance réconfortante. Une récompense des efforts consentis à l'entraînement. Dans ces épreuves dans l'épreuve, le démon de la compétition, en retrait jusque là, se fait aussi plus insistant. Outre le défi à soi-même, voila qu'il faut encore saper la détermination des autres, qui de compagnons dans l'effort deviennent pour un temps des adversaires. Une volonté qui chancèle, un « à-quoi-bon » qui affleure, et c'est peut-être une place de gagnée. La pente et les poisons mentaux feront douter plusieurs.

La route descend rapidement vers le plat. Une heure s'est écoulée, il fait maintenant jour. Ce tronçon entre les deux baies encore préservé a toujours un parfum d'autrefois. Les maisons sur la droite se raréfient et laissent voir le lagon tranquille. Le rivage se rapproche à toucher la route ou au contraire s'en éloigne d'une cocoteraie, le corps et l'âme sont en apesanteur. La baie d'Opunohu offre un autre décor. Les quelques habitations de part et d'autre de la baie disparaissent dans la végétation luxuriante, la route de ce côté-ci à flanc de montagne est sombre, on entre dans un nouveau monde. Brusque réalité de la course, précédé d'un véhicule à gyrophare orange, Patrick Twambe est déjà sur le retour. Il glisse en grandes enjambées souples. Devant la performance, je crie un bravo et l'applaudis. Regard étonné qui glisse aussitôt dans le lointain. Le deuxième que je ne connais pas martèle la route derrière à un kilomètre, il y croît encore. Le troisième, c'est Georges Richmond, l'enfant du pays qui a gagné toutes les courses. Le visage délavé de sueur, affligé, les jeux sont faits. Sophie Gardon, la première, donne l'impression que tout est facile. Je reviens sur terre, ils ont presque dix kilomètres d'avance sur moi n'empêche.Marathon de Moorea - Jean-Jacques Solari est en orange sur cette photo
Vous pouvez apercevoir JJS sur cette photo portant le maillot orange, le chouchou rouge et arborant le numéro 53. Il apparait aussi sur la photo ci-dessous en train de doubler le coureur vétérant au débardeur rouge qui a râté le départ, narré plus loin
Devant, un couple en grande conversation que je dépasse dans une petite montée. J'apprendrai plus tard que la femme appartient à une classe spéciale, faire sept marathons sur les six continents en quatre-vingt jours, le prochain se court en Amérique du Sud dans huit jours. Au fond de la deuxième baie, magnifique panorama sur l'intérieur de l'île. Je vois de plus en plus de coureurs en face, signes d'encouragement, sourires complices, la mi-parcours est proche. Je contourne la balise du retour dans les temps convenus. On me gratifie d'un chouchou rouge comme preuve de passage, qu'arriverait-il si je le perdais ? Disqualifié sans doute. Je soupèse la boisson qu'il me reste, les prévisions semblent correctes, je bois un bon coup et repars pour m'arrêter un peu plus loin à l'abri de trop de regards pour uriner. Comme toujours, les dépassés profitent de l'aubaine. Pestant contre cette maudite vessie, à moitié seulement, car ces arrêts intempestifs fournissent des motivations nouvelles. Apparemment, je ne suis pas le seul dans ce cas, et nous nous hélons à tour de rôle en faisant des plaisanteries convenues, personne n'est dupe. Le bout du chemin est loin, la température est idéale, le moral est encore intact.

Marathon de Moorea 7 février 2009J'ai de nouveau en ligne de mire le compagnon de la femme au défi, qu'il a laissée un peu avant pour courir avec un grand type en débardeur blanc. Bien que nos rythmes soient identiques, je cède au démon et passe le tandem. Je croise le dernier concurrent encore à l'aller, poursuivi par la voiture-balai, à l'endroit même où j'avais vu le premier. Je le reconnais à sa démarche de pantin désarticulé, je l'avais rencontré à plusieurs reprises au cours d'entraînements, il a plus de soixante-dix ans et il finira la course, comme toujours sans doute. Quelqu'un se porte soudain à ma hauteur, c'est l'homme volage. Je n'aime pas courir en groupe et encore moins discuter. J'ai l'impression qu'il me jauge, de savoir s'il va pouvoir rebondir sur moi jusqu'à la fin. Je lui annonce mon intention de réaliser 3h30-3h45, il me dit qu'il ne suivra pour 3h30, je lui dit avoir une petite « pointe au mollet », que je baisserai sans doute de régime dans la fameuse montée qui approchait, pour l'inciter à partir devant. Le marathon commence maintenant, me dit-il, il a raison. Je réduis mon allure et il finit par passer devant. Plus loin, je reconnais le maillot noir et blanc des militaires du début, ils m'avaient passé à nouveau à l'occasion d'un arrêt-pipi. Le groupe s'étaient désolidarisé, je dépassais le dernier de la bande.

La baie de Paopao et la fameuse montée, plus vive dans ce sens. Les autres membres du groupe des militaires étaient là, moins sûrs qu'au départ, attendant le quatrième. Je leur dis qu'il est encore loin et les passe dans la côte, l'air de rien. Le soleil est apparu, je franchis le sommet en avance. J'allonge la foulée pour la longue descente dans l'idée de creuser l'écart entre eux et moi, toujours le démon, doublant plusieurs concurrents par la même occasion. Les descentes, je les craignais mais avais appris à en tirer partie grâce aux quadriceps forgés au vélo. Je dévalais donc littéralement la pente fort de cet avantage songeant déjà aux derniers kilomètres à parcourir. Je rencontre un gars à moustache qui porte la même marque de vêtement, inconnue par ici, lui demande son avis sur la nouvelle collection que je trouve moins fonctionnelle que l'ancienne. Il est surtout préoccupé par le temps, son chronomètre est tombé en panne peu après le départ, il court à l'estime et vient de surmonter un « coup de blues » comme il dit. Je lui donne l'heure et le laisse à son combat. Au plat, ma jambe droite se raidit, une crispation sur le côté au genou, puis la douleur lancinante. Bon sang ! Pas maintenant. J'essaye de maintenir une cadence. Après le pont de Paopao traversé en boitant, je m'arrête devant l'école contre un panneau d'arrêt de bus pour faire des étirements, à la fois furieux et désemparé, taraudé aussi à la pensée de voir repasser tous ceux que j'avais dépassés qui revenaient. Je me raisonne, ce n'est qu'une panne de carburant, un manque d'eau, le mur des trente, je dois continuer. Plusieurs goulées et je repars au ralenti sur une jambe ou presque en grimaçant. Je rattrape le moustachu, qui m'avait dépassé entre temps comme beaucoup d'autres, il semble encore plus mal en point que tout à l'heure. Nous clopinons un moment de concert, compagnons d'infortune. Petit à petit mon pas se fait plus régulier, je l'entraîne encore mais il peine à suivre et me libère d'un « vas-y ».Marathon de Moorea 7 février 2009 - arrivéeIl est 8h00 et le soleil s'en mêle, la température grimpe, il doit bien faire 30°C. Je remonte un à un les coureurs devant, prudemment, les kilomètres défilent, 35, 36, le corps tient et ça me rassure. J'aperçois un type qui s'arcboute, s'étire sur une voiture rouge au côté, Cédric, Laure qui le filme et l'encourage, il a des crampes. Un grand sourire de composition pour la caméra, car elle me filme aussi. Lache pas ! à Cédric, mais il en a vu d'autres. Le dernier point de ravitaillement, on se précipite pour me donner un verre d'eau, je décline l'offre pour m'éponger les genous et le cou en marchant.

Marathon de Moorea © John Maddog WallaceUn caméraman de la télé tient sa vidéo à ras du sol pour filmer mes pas qui s'éloignent, le panneau des quarante. Au détour d'un virage, un type longiligne en débardeur rouge et blanc qui marche. J'apprendrai qu'il a manqué son départ de 8mn, il s'est épuisé à tenter de refaire son retard. Je reconnais ensuite le coureur au débardeur blanc, qui lui aussi m'était donc passé devant, il avance difficilement. Un peu plus d'un kilomètre encore, je monte l'allure, le rattrape rapidement, il m'encourage pensant que je vais prendre en chasse celui qui est devant à cent mètre. Je suis un moment tenté de le faire, il est peut-être à ma portée. Mais nous sommes trop proches de l'arrivée, le risque est grand qu'il accélère à mon contact, j'abandonne l'idée d'un sprint final. Nous quittons la route goudronnée devant la poste de Temae en bas d'une côte, c'est un chemin de sable qui passe à couvert, un virage à gauche et la grande cocoteraie sur la plage. La clameur des hauts-parleurs, le parking, la mer à droite, les derniers encouragements, les chiffres rouges du chronomètre géant 3:53:20, j'entends mon nom, je franchis la ligne, on reprends mon chouchou, détache un bout du dossard qui a un code-barre, me tend un t-shirt, une médaille en nacre et une canette de jus d'ananas glacé. C'est fini.

Je me désaltère d'une bouteille entière d'eau gazeuse pour neutraliser l'acidité due à la consommation prolongée d'une boisson sucrée. J'attends les suivants, les congratule en communion. Cédric arrive 10mn après, il me dit être littéralement tombé à plat ventre dans le chemin, les deux jambes fauchées par des crampes, il est heureux d'en avoir terminé. Les résultats du marathon viennent s'afficher au fur et à mesure à côté de ceux du semi-marathon : 46ème sur le tableau, 45ème dans le journal du surlendemain. La remise des prix doit avoir lieu à 10h00, on me ramène à la pension toute proche pour me changer. Je bois encore beaucoup près de trois litre de liquide en tout avant que la diurèse ne reprenne, j'étais donc bien déshydraté. Est-ce la cause de cette défaillance au trentième ? Sûrement ça plus cette accélération superflue dans la descente. Je tâcherai de ne pas réitérer une telle erreur la prochaine fois, le marathon est une école de patience.

Marathon de Moorea - Les résultatsLa remise des prix est interminable, le soleil est au zénith, toutes les courses multipliées par toutes les classes de participants. Le moment est venu d'acclamer le vainqueur toutes catégories, il n'est pas là, il ne montera pas sur le podium, peut-être vexé de n'avoir pas réalisé son objectif de battre le record de l'édition précédente, sans le nécessaire aiguillon des prétendants. Étrange frustration de la foule qui attend d'honorer un héros qui ne vient pas.

Le lendemain, remue-ménage à côté. Je vais voir, le tenancier de la pension est là, à son air, je comprends qu'il s'est passé quelque chose. Cédric et Laure ont été cambriolé pendant la nuit, tout leur matériel photo et vidéo a disparu. La veille, ils ont rangé leurs affaires pour un départ matinal sans fermer les cloisons coulissantes, en confiance. Évidemment, ils sont abattus. On échafaude le scénario du cambriolage, on constate les traces de pieds nus en bas de la rambarde, on appelle la gendarmerie, les parents en France. Et puis Laure devait m'envoyer les photos et films qu'elle avait pris de moi, je ne les verrai jamais. Le préjudice au souvenir est immense pour nous tous, c'est comme ça. Ils doivent poursuivre leur périple, mais le cœur n'y est plus. Mon bateau ne part que dans l'après-midi. Avant de rentrer en faisant le tour de l'île, je ferai le plein de rêves avec Mary-Rose, néo-zélandaise, la cinquantaine, adepte de triathlons et de courses extrêmes, fascinante.

Jean-Jacques Solari - Papeete, mars 2009

Libellés : , , ,

Pour commenter les billets, veuillez cliquer sur le bouton rouge ci-dessous à droite ↓
Les commentaires, analyses et autres opinions qui paraissent dans Périblog, n'engagent que leur auteur.







Commentaire de Anonymous Anonyme , le 17 mars 2009 à 18:15  

Merci William pour ce "reportage" et surtout pour les magnifiques photos qui en font rêver plus d'un !
Elles me rapellent l'arrivée d'une course de pirogues " havaiki nui" qui relie en 3 jours Huahine à Bora Bora...

et chapeau à JSS pour son exploit !!!

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 19 mars 2009 à 09:52  

Superbe récit de JSS. On s'y croirait et on a surtout envie d'y être !
Un bonjour au passage à JSS et encouragements pour ce bel exploit personnel.
______________Merci pour les com________
Toi Domi, avoir envie de faire 42kms sous 30 degrés de température ? Tu dois être maso :-)

Merci Beauvert, je vois que tu connais ces iles paradisiaques. Quelle chance.
W

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 21 mars 2009 à 08:24  

Ah, Tahiti ! On crois rêver sur ce nom, mais c'est un héritage des l'époque où ces îles et les sociétés qui y vivaient ont été découvertes...
Pour le marathon, bravo, c'est vraiment un exploit, surtout dans une atmosphère qui devient vite très chaude et saturée d'humidité ! Le goût du dépassement de soi - quel qu'en soit la finalité - est vraiment admirable chez l'espèce humaine, comme quoi tout n'est pas à jeter !
Francis

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 16 avril 2009 à 08:45  

Félicitations à JJS pour son résultat qui fait honneur à notre Périgord. Bravo aussi pour son réel talent d'écrivain qui m'a fait lire son récit jusqu'a la fin alors que je ne suis pas un fan du marathon
Christian

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 24 novembre 2009 à 14:43  

Iaorana et merci pour ce récit. J'ai fait le semi de Moorea en 2009 et jeme tâtais pour faire mon premier marathon le 13 février prochain à Moorea...dans mon doute, ton récit m'a encouragé. Mauruuru.
HEIARII

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 24 novembre 2009 à 19:55  

Heiarii...

460 ou 333 ?

Commentaire de Anonymous Eric Schreiner , le 3 février 2010 à 14:29  

Merci au bloggeur, mais surtout merci à toi Jean-Jacques pour ce témoignage, dans ce style que j'apprécie toujours autant de lire ;-) Je sais que tu prépares le suivant, alors lâche les traductions et prépare-toi !
Courage, et au plaisir de te lire sur le témoignage de cette prochaine édition.

Commentaire de Anonymous Anonyme , le 25 novembre 2010 à 00:01  

Bonjour,
Merci pour ce bel article qui me rappelle pleins de merveilleux souvenirs... car j'y était en 2009 !
Bon certes, mon temps (4h04M59s si je me souviens bien...) fut moins bon que ce que j'aurai voulu faire, mais bon, pour un premier marathon... ce n'est pas grave ! Mon plus beau souvenir sportif !!! Malheureusement depuis je ne cesse de chercher les photos qui ont été prises par l'organisation (ou d'autres personnes...). En vain... Il se peut que je m'y prenne mal ? Donc SVP, auriez vous un lien à me donner sur lequel je pourrai avoir la chance de trouver des photos du Marathon de Moorea 2009 ?

Maruru

N.B. : le site mooreaevents.org a été refait, on y retrouve plus rien !!!

david.castelain@hotmail.fr

 

Découvrez (ou redécouvrez) Périgueux capitale administrative de la Dordogne à travers les archives de Périblog